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samedi 31 août 2024

Les Escales de Nad' et du Bison : Angleterre

Lieu : Hailsham, Angleterre
Lever du soleil : 6h11  | Coucher du soleil : 19h45
Décalage horaire : 0h
Météo : 22°. Très nuageux. Vents NE de 15 à 30 km/h.
Coordonnée GPS : 50° 51′ 46″ N / 0° 16′ 23″ E 
Musique : Never Let Me Go, Bill Evans
Un Verre au Comptoir : Ardberg




Je n’aurais jamais dû t’emmener à Menderley... Sur la côte de Cornouailles, l’ambiance est lourde et le brouillard épais. Dans une déferlante de pluie démentielle, la mer noire s’agite d’une rage affolante. Elle peine à abîmer au passage ta beauté, pourtant immuable, intemporelle. C’est l’Angleterre. Les lieux sont fraîchement hantés par le souvenir de Rebecca, disparue en mer. Ma Rebecca… Le château de Manderley est encore habité de ta présence. Oui, c’était beaucoup trop tôt pour t’y emmener… La gouvernante ne te ménage pas - elle reste fidèle à Becca - tu ne mérites pas sa hargne et son amertume. Elle te fait payer cher d’être la deuxième madame de Winter. Non, ta place n’est pas ici, sur ces chemins broussailleux où la froideur des lieux anesthésie ta fougue. Viens que je t’emmène au pub du coin. Entre deux frettes - pas si frettes en réalité - et trois quatre bigorneaux coincés entre les dents, j’essaierai de te raconter Rebecca. Que la page se tourne… 

lundi 26 août 2024

Le Cas K


Avec le temps, il était temps, tant d'envie, tant d'attente, que je plonge dans les eaux troubles de Dino Buzzati, que je réfléchisse à la profondeur philosophique du cas K. Tant apprécié, certains lecteurs-folkeurs firent de ce K leur livre de chevet (ne vous retournez pas, ils se reconnaîtront aisément, généralement ils portent un verre à la main et la mélancolie d'une guitare dans l'autre). D'autres lecteurs-écrivaquiers (et souvent ce sont les mêmes que les précédents) ont le désert qui leur colle à la peau, et font de ce K, un K intéressant, voir passionnant, mais triste. Oui quand on parle de Buzzati, on se sent obligé d'évoquer, ne serait-ce que l'instant d'une micro-seconde son autre monument.

J'ai donc eu enfin - et c'est peu dire - le courage moi-aussi de prendre en pleine main ce K et de m'abreuver de ces quarante-quatre petites histoires comme autant de petits shots de whiskys à peine fumé. Ne sachant pas ce que j'allais y trouver avant, mis à part quelques effleurements fantastiques, ce sont donc les yeux fermés que je pénétra l'antre de la pensée de l'auteur. Et qui ai-je donc rencontré au fond de cet abîme littéraire, en plus de ce monstre marin qui donna les lettres de noblesse à ce recueil ?...
 

vendredi 16 août 2024

Une Bière en Terrasse


Vendredi 13 novembre 2015, il est 18h00… Je rentre du boulot, l’esprit un peu fatigué. Sur la ligne 13 du métro, je vois qu’il y a pas mal de monde. Enfin, il y a toujours beaucoup, beaucoup trop de monde sur la ligne 13. Mais ça me revient, il y a foot ce soir au Stade de France, un France – Allemagne, je crois. Toujours intéressant cette confrontation de deux équipes de foot qui se sont pas mal détestées il y a quelques années… Ca me tente bien, mais bon, je suis sur la ligne jaune, pas la bleu, le sort en à décider ainsi, je vais probablement rentrer chez moi, me prendre une bière devant la télé…

« Le Hasard continue à jouer avec nous. Il invente des retardements cruels, de faux espoirs, des trajectoires de tirs improbables, des chances inespérées, des armes qui s’enrayent. Nous retenons notre souffle. Attendons, prions, supplions, essayons d’espérer. »


Je m’installe difficilement sur un strapontin, brouhaha, chaleur humaine, odeur de soufre. Casque Marshall sur la tête, je rentre dans ma bulle, sur les ondes la guitare de Josh Homme et son premier groupe, Kyuss. Quel album, ce Welcome to Sky Valley, une odyssée dans les riffs et la poussière d’astéroïdes. Le stoner est ici. Ça me détend. Ça me redonne de l’énergie. Je feuillette l’Officiel des Spectacles, voir s’il n’y aura pas un petit concert à voir ce soir… Je note le passage au Bataclan de Eagles of Death Metal, l’un des nombreux groupes de Josh Homme… Ça me tente bien, forcément. Encore du riff. Encore de la poussière. Ces riffs se transformeront en bang dans la nuit. Mais pour le moment, j’ai soif. Comme une envie de sortir de la chaleur étouffante du métro, retrouver l’air libre, sentir ce vent de liberté qui soulève les jupes des filles, et élève mon âme. 

lundi 12 août 2024

Des Eaux Sombres


Par un épais brouillard, je suis sorti de la maison que je louais, et j'ai divagué dans la ville irréelle et chaotique. Je devais me rendre dans cet endroit qu'on appelle le funérarium, et qu'on appelait jadis le crématorium. On m'y avait convoqué, avec obligation de me présenter là-bas avant 9 heures du matin, ma crémation était prévue pour 9h30.
 
Je suis déjà en retard, sur ma vie, et même pour ma propre mort. A l'heure où je t'écris, j'aurais du être déjà en cendres, dans une boite, une urne déposée dans les mains de mes proches. Mais quel proche ? C'est comme si j’avais raté le dernier train. Alors j'erre sur le quai, à regarder le soleil se coucher, sans bagages, sans pleurs, sans sourires. Où vais-je donc bien passer la nuit, sans sommeil, sans bières. Combien de nuits, combien de jours ?

Alors, je suis obligé de prendre un ticket, comme au comptoir d'un bureau de Pôle Emploi et attendre à nouveau mon tour, en silence. En attendant j'erre dans les étages de ma mémoire, les moments clés de ma pauvre vie et je croise des âmes qui comme moi errent de ci de là, en attendant que de l'autre côté un parent un proche aient les moyens de leur payer une sépulture...