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lundi 17 juin 2024

J’aimerais Tant Voir Syracuse


J'entrevois un léger rayon de soleil à travers les persiennes fermées de ma chambre. Je n'ose les ouvrir, de peur d'illuminer un peu trop ma vie. Alors je prolonge cette chaleur par un ristretto dans la demi-pénombre de cette chambre d'hôtel, réfléchissant au programme de la journée, de ce week-end. Un bouquin sur le lit, quelques jours en Sicile, j'aimerais tant voir Syracuse. Dans la chambre d’à-côté, au bord de la séparation, Luisa et Melvil ont entrepris également ce petit séjour, avec le vain espoir de se replonger l'un dans l'autre, dans des corps et des âmes entrelacés, comme on plonge dans un verre de vin à la robe grenat.

Au bord de la piscine, lui avec ses lunettes noires plonge dans l’âme d’une blonde. Elle, bikini blanc, se noie dans les rayons orangés d’un Spritz illuminé par le soleil couchant. Alors que mon regard se porte à la hauteur de l’âme de Luisa, je perçois un mélange de tristesse et de peur. Le couple est arrivé hier, dans une voiture avec l’aile cabossée, me questionnant ouvertement si ce « désagrément » matériel serait à l’origine de la noirceur perçue sur leur âme.  

« Dans la foulée, j'ai commandé un apéritif, et nous avons pris place sous la verrière, dans le salon du jardin à plantes tropicales. Le serveur n'a pas tardé à réapparaître, son plateau à la main, porteur de nos deux apéritifs à base de vin pétillant, d'une lumineuse couleur orangée. Il a déposé les deux verres, accompagnés d'olives et d'une serviette grenat. »


Du coup, entre mon bouquin de Ravey et le couple Luisa Melvil, je n’ai pas eu le temps de voir Syracuse. Cela sera peut-être pour une autre fois, j’ai dû rentrer d’urgence et en catimini. J’en garde l’agréable souvenir des embruns, de ces traces de sel séchées sur la peau luisante de Luisa après un bain de mer, la prochaine fois, je louerai une voiture et je pousserai jusqu’à Savoca. Vous connaissez Savoca ?

« Luisa tenait le guide entre ses genoux, elle l’a consulté, puis annoncé : Aujourd’hui, c’est donc les temples, et demain, c’est Syracuse, après-demain Raguse. N’oublie pas, Melvil, nous nous étions promis Savoca. Toute personne normalement constituée, qui se rend en Sicile, visite Savoca. Qui ne connaît pas au moins le nom de ce village perché ? les marches de son église ? »

« Taormine », Yves Ravey.




4 commentaires:

  1. Un bon bouquin que j'avais chroniqué en 2022 sous le titre Soucis sicilliens sourcilleux. Oui, un bon bouquin d'un auteur dont je n'ai rien lu d'autre. A +.

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    1. Merci de ton intervention. Je ne me souvenais plus, j'ai été te (re)lire tes soucis siciliens sourcilleux (pas simple à prononcer). Et pareil, c'est le premier bouquin de Ravey que je lis...

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  2. Bonjour le Bison, je suis fan de cet écrivain depuis quelques romans lus (6 en tout) dont celui-ci que j'ai aussi chroniqué. J'aime la manière dont Ravey raconte ses histoires caustiques, cruelles mais assez drôles en fin de compte. Je te conseille Adultère et Un notaire peu ordinaire. Bonne journée.

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