vendredi 28 juillet 2023

Kana-kana-kana, le Chant des Cigales


 Elle court, court, court dans la rue, le petit matin, la fraicheur de l’aube, le ciel qui vire du noir au rouge… La maison brûle, un bébé qui pleure dans ses bras, fumées noires et flammes rouges. Kiwako, comme prise d’une impulsion, a kidnappé Kaoru, et entame donc une longue cavale à travers le temps et le Japon. De cette action non préméditée, va s’instaurer une étrange relation mère-fille. Pendant des années, elles vont de lieux solitaires en lieux marginaux, pour éviter d’attirer l’attention sur elles. Au moindre doute, Kiwako change de camp et décampe vers un autre horizon, SA petite fille dans les bras, puis main dans la main. Ainsi la petite Kaoru grandira avec cette unique mère de substitution, ballotée d’un univers à l’autre. L’histoire d’une fuite éternelle, lorsque le soleil se couche et que seul le chant des cigales se fait entendre. Comme un air de bossa nova sur l’archipel.  

« Le soleil déclinait lentement, couvrant d'un manteau doré le vert des rizières. Les cigales faisaient entendre les diverses strophes de leurs chants, comme un bruit de pluie.»

Quelques années après, second acte. Je retrouve Kaoru adolescente, femme, bientôt mère et observe son point de vue, un peu perdue, forcément triste sur la première partie de sa vie avec si peu de souvenirs. Elle a le sentiment que cette femme, cette mère aimée et aimante de la première époque, lui a justement et malheureusement volé sa vie. Kana-kana-kana, le chant des cigales gronde dans le silence d’un procès. Comme les pleurs d’un saxophone soprano sous le bleu de la lune.

dimanche 23 juillet 2023

Une Souris et un Homme


Je regarde à travers la vitre nocturne où ruissellent les pleurs du ciel. Des traces le long de la paroi qui coulent et s'écoulent, des empreintes de la vie qui s'échouent. Une lune affichée dans le ciel, belle et ronde, lumineuse et comme teintée de bleue. "Pourquoi est-ce que je regarde toujours la vie à travers une fenêtre ?", me dis-je intérieurement en repensant à la vie de Charlie. Charlie Gordon, un type que j'ai envie de connaître, un homme qui n'était pas à sa place dans ce monde-ci.
 
Charlie, l’esprit un peu simple. Il travaille à l'arrière d'une boulangerie, basses besognes au niveau serpillière. Il se sent malgré tout entouré d'amis, amis qui rigolent de lui et de son état d'esprit plutôt qu'avec lui. C'est à ce moment là qu'une petite souris entre en jeu, non pas dans les bas-fonds de la boulangerie se frayant un chemin entre les sacs de farine mais dans les dédales d'une autre vie. Algernon, c'est le nom de la petite souris blanche, souris de laboratoire à qui le Pr Nemur et le Dr Strauss ont administré un traitement révolutionnaire qui rendrait la souris plus intelligente, capable de se diriger dans un labyrinthe comme dans un champ de fleurs.  
 
"Comme c'est étrange que des gens qui ont des sentiments et une sensibilité normaux, qui ne songeraient pas à se moquer d'un malheureux né sans bras, sans jambes ou aveugle, n'aient aucun scrupule à tourner en ridicule un autre malheureux né avec une faible intelligence."
 

jeudi 20 juillet 2023

All In


 Dans deux jours, ou deux cents pages, nous connaitrons le « nouveau » vainqueur du WSOP 81, World Series of Poker, un genre de championnat du monde de Poker où des centaines de joueurs se retrouvent enfermés dans un casino prestigieux de Las Vegas pour en découdre de bluffs et de mathématiques. Car ne vas pas croire que le poker est un jeu de hasard. La chance n’a pas son mot à dire, le public s’émeut de ho et de ha (Patriccckkk !) à la découverte du flop ou de la river, mais avant d’en arriver là, il y a eu la stratégie, les probabilités et la pression (pas celle qui finit dans une choppe, ici c’est plus bouteille d’eau ou thermos de café à volonté).

Mais avant de s'asseoir à la table finale, les huit ou neuf meilleurs joueurs du tournoi, car il n’en restera qu’un et ce ne sera pas un Macleod, Al Alvarez, écrivain-poète anglais, journaliste et passionné de poker s’invite dans le Nevada et les coulisses de ce WSOP, avec ce très bel ouvrage qui ne s’adresse pas forcément aux passionnés de poker – dit celui qui est capable de passer des heures comme subjugué devant son écran de télévision à regarder de vieilles rediffusions d'anciens tournois de Texas Hold'em. Avant tout, ce livre nous parle de tout, sauf du poker ou presque. Le poker, c'est aussi une histoire de mythe et d'ambiance.       

« Glitter Gulch est réservé aux gens de passage, la plupart âgés et repérables de loin : des vieilles en pantalon vert fluo, jaune banane ou orange de Floride pétant, agrippées à un gobelet rempli de petite monnaie dans une main, le levier d'un des 50 000 bandits manchots de Vegas dans l'autre ; des vieux aux dents en plastique et costard bleu ciel en plastique en train de jouer au craps à 1 dollar, au black-jack à 50 cents et au Stud Limit poker à 3 dollars ; des épaves en fauteuil roulant ou derrière des déambulateurs, des bossus, des difformes, des squelettiques et des obèses claquant leurs aides de la sécurité sociale, leurs pensions d'invalidité et leurs retraites, attendant leur heure et le miracle d'un jackpot qui transfigurerait leurs dernières années marquées par le dénuement. Tous sont animés d'une ferveur digne du sabbat des sorcières de Walpurgis, un mélange d'optimisme du joueur mâtiné de nostalgie. À L'ANCIENNE, hurlent les enseignes de néon, en plus des CONSOMMATIONS AU BAR 50 CENTS, GAGNEZ UNE VOITURE 25 CENTS, ASPIRINE & TENDRESSE À VOLONTÉ. Pour ces Snopes des Temps modernes, telles les canailles du roman de Faulkner, Glitter Gulch constitue le dernier arrêt, absurde, sur le lent chemin qui mène au cimetière. »

vendredi 14 juillet 2023

Pastaga au Canada


 L’homme, un peu sauvage, beaucoup silencieux. Quelques femmes passent dans sa vie, pas beaucoup en fait, quelques verres y passent aussi, quelques bouteilles y trépassent. Sa boisson de prédilection, le Ricard, si rafraîchissant dans les chaleurs printanières du Grand Canada, de Terre-Neuve ou des coins plus sauvages ancrées dans les terres, lorsque la neige commence à fondre.

De temps en temps, l’homme retourne à la ville, Montréal sous la neige. C’est le début de l’hiver. Il regarde la lune, de la vapeur s’échappe de sa respiration, il regarde la façade où domine la fresque de Leonard Cohen. D’ailleurs rien ne dit qu’il ne l’écoute pas le soir, à la tombée de la nuit, une femme lovée sur son canapé. La voix de Leonard dans la nuit, la beauté de la lune à la fenêtre, un corps nu, jolies courbes. Mais tout a une fin, comme cette bouteille de Ricard.

« - T’es belle comme la lune, Clara. »

Un homme et ses chiens s’enfuient toujours de la ville pour revenir à la nature, belle et sauvage, comme la chevelure d’une femme brune. Il n’y a que dans le silence de cette beauté qu’il est lui-même, loin des conventions sociales et hypocrites. Là-bas, il regarde, du bout de son fusil, un vol de bernaches. Pan ! A l’automne, il suit la migration des lagopèdes à queue blanche. Pan ! Et ce phoque, une virgule posée au loin sur la banquise. Pan ! La complainte du phoque…

mardi 4 juillet 2023

L’Antiquaire et les filles de McGill

 « - … Sous l'effet combiné de l'excitation et de la sensation, une perle de liqueur apparaît à l'orifice du gland. Ta langue a tôt fait de s'en emparer, et tu goûtes ce jus avec une visible délectation... 

- … Ma gourmandise est encore insatisfaite. Mes lèvres s'ouvrent et englobent le gland, puis le relâchent, très lentement, puis le reprennent et le relâchent de nouveau, doucement, doucement... »


 Imagine un antiquaire, pas si antique que ça, à Montréal. Une boutique au rez-de-chaussée, la propriétaire dans l’un des étages supérieurs de l’immeuble, pas mal la proprio, on a envie d’y faire le tour. D’ailleurs, elle descend l’escalier, jupe moulante, de longues jambes, le sourire malicieux et les yeux qui pétillent. Elle rentre dans l’arrière-boutique, quelques étagères poussiéreuses et surtout un sofa qui a du vécu, qui en a vu des culs s’installer dans le moelleux de son confort. Je te lui ferai bien péter les boutons de son chemisier, viles représailles d’avoir fait péter le bouton de mon jean d’une trop forte érection, lorsqu’elle se pencha ramasser un stylo où je ne sais quoi afin de me montrer sa croupe sans culotte. 

 Je t’offre une seconde scène, cette fois une cliente que je connais bien, la quarantaine, qui souhaite voir ma collection privée de katana. Je l’amène dans mon arrière-boutique, passe devant que je mire ton arrière-train. Et ainsi face à ces objets de désir, et de fierté, quelle belle collection, elle s’agenouille devant moi et commence à pomper ma tige si fièrement érigée à la lueur de ses yeux en amande. Rappelez-vous, je vous ai dit que je la connaissais bien cette cliente, une fidèle et passionnée d’art, brut et sauvage, et de sexe. Une sodomie, oui s’il te plait. Et c’est ainsi dans une douce pénombre et quelques gouttes de sueur qui perlent entre ses Joes, le long de nos sexes chauds et humides de plaisir, qu’elle me parle de la fille d’une de ses amies, une étudiante de McGill en histoire de l’art qui souhaite faire son apprentissage. Et bien plus, si affinité.