dimanche 29 mai 2022

Passions Toscanes


Visite guidée à travers les rues de Florence, les splendeurs de la Renaissance, ça te dit ? Flâner dans les musées, prendre le frais dans les églises, se promener dans les jardins, un verre en terrasse... Un programme alléchant, oui je veux te lécher, te faire l'amour sous le clair de lune, période bleue, que tu sois Rena, Subra ou toute autre sylphide en a. L'ambiance toscane, sa chaleur, sa moiteur, moi ça me donne des idées fiévreuses. Pas toi ?

"Dès que nous nous laissons tomber sur le lit et commençons à nous déshabiller avec la délicieuse maladresse de l'impatience, je comprends que Kamal connaît aussi la passivité, qu'il est capable de se tenir immobile et de s'offrir à moi, pleinement éveillé et attentif, comme un violoncelle s'offre à l'archet, s'arc-boutant il m'abandonne son visage, ses épaules, son dos et son derrière, attendant que j'en joue, et j'en joue, oh que j'en joue, la plupart des hommes redoutent de se livrer ainsi alors que, si l'on est fin un tant soit peu, on peut goûter l'exquise passivité même aux moments les plus violents de l'étreinte. Dans un délire de désir retenu, je soupèse caresse et lèche les bourses de Kamal, puis je prends son sexe dans mes mains, entre mes seins, dans ma bouche, se rasseyant il s'empare de moi et je le laisse s'affairer à son tour de sa langue et de ses lèvres sur mes seins, ma nuque, mes orteils et mon ventre, explorer les nombreux trésors de mon entrejambe, ô merveille de la langue sur le sexe, les lèvres sur le sexe l'un de l'autre, en même temps ou l'un après l'autre ou alors l'un seulement, cette fois, et l'autre, une autre, jamais je ne me lasserai de cette fluidité argentée, le sexe nageant dans le bonheur tel un poisson dans l'eau, l'être libéré de l'un, de l'autre, sensations frémissantes, charnelles et roses palpitations qui vous détachent de toute couleur et de toute chair, font voir des étoiles, des voies lactées, vous propulsent sans corps ni âme dans l'espace ondulant, les cieux ondulants faisant onduler votre corps qui n'existe plus."

Rena rejoint son père et sa belle-mère pour cette escapade florentine. Pourquoi a-t-elle accepté ? Elle se le demande encore, déjà son père... mais sa belle-mère en plus... Tu parles de vacances... Alors pour s'échapper elle a convié Subra, son amie "intime" et imaginaire à qui elle conte tous ses fantasmes, y compris les performances sexuels de son jeune amant parisien. Elles sont chaudes toutes les deux. Me too. On est fait pour s'entendre, je serai donc son lecteur privilégié. J'y connais rien en arts et encore moins en positions "libératrices". C'est que je ne te l'ai pas encore dit, mais Rena est aussi artiste, à la fois reporter et photographe. Sa dernière exposition : le sexe masculin. Des clichés de sexe, en forme ou au repos, en long en large, des gros plans, des plans plus larges, bref des bites de toutes les couleurs. Elle aime photographier la nudité de ses amants. Moi, tu veux aussi que je pose ? Ne me demande pas de tremper ma bisoune dans le caffèlatte...

mardi 24 mai 2022

Déchire la nuit


Ô jeunesse d’aujourd’hui, ô vieillesse d’antan. Le corps luisant de sueur, l’adrénaline qui coule le long de mes veines. Le rythme déchaîné comme emporté par un diable pressé, c’est du speed, envie de courir, courir, courir, mourir, c’est du sauvage, envie de sauter, sauter, sauter, m’allonger, c’est du rock viril et de la sueur sous les aisselles. 

Le regard porté au loin, hypnotisé par un riff, celui de la guitare, celui de la vague qui vient s’échouer sur le rivage de ma vie, une suite sans fin de notes et d’écume. Un cri sur la falaise, un goéland, une baleine en rut, un homme sodomisé. Aie, ça fait mal, la puissance de ce déversement verbal, la sauvagerie de ce déchaînement, l’enfant sauvage que tu es au fond de toi. Si, si !

J’ai envie de crier, de planer, de me jeter du haut de cette falaise, en criant, en planant. De sentir le vent m’emporter, de voir ce raz-de-marée vrombir contre la roche blanche, sous la lune bleue, dans cette nuit noire. Obscur monde où ces cris percent mon silence, brisent mon âme, mais aussi déversent une certaine mélancolie. Elle n’est pas douce ma mélodie, une ritournelle pour l’enfant sauvage qui sommeille au fond de toi. Si, si !

samedi 21 mai 2022

L'Auberge des Deux Lunes


Le long de la rivière Kusagawa, je croise le chemin de Miyuki, les larmes coulent sur ses joues comme ce torrent venu de la montagne se jeter dans la rivière. Elle renifle, elle respire, elle vient de perdre son homme, pêcheur hors-pair de carpes. Et le village peine à être derrière elle. Les dernières carpes de son mari, si colorées et majestueuses, sont pour les étangs sacrés de la cité impériale. Elle se doit de les y emmener, à pied, traverser les forêts et les montagnes. Un grand périple à travers l’Empire du Japon, époque Heian.

Je la suis, noble âme que je suis, pour la protéger ou pour croiser son regard ou décroiser ses cuisses à l’Auberge des Deux lunes. Mais j’y reviendrais plus tard. Pour le moment, je respire, j’hume les senteurs de la forêt avant l’orage, le parfum de la brume ou de la rosée le matin, l’odeur de ce pont où une jeune fille est passée par là, la vase puante d’un ru asséché, une promenade sensorielle. Un parfum entêtant me titille le bas du ventre, cette odeur sirupeuse du jasmin qui émerveille mes sens, mélangée à l’âcreté de l’urine d’une belle femme. Ne proviendrait-il pas de ce bateau flottant, cette Auberge des Deux Lunes où les lunes de jeunes femmes se reflètent dans le miroir de l’eau.   

« - De quel négociant tiens-tu ton saké ?
- D'une brasserie fort discrète, seigneur, et qui entend le rester, dit la Mère aux lèvres vertes. Mais sachez que le breuvage exquis que je vous sers ce soir est du bijinshu, du saké de beautés.
- Du bijinshu, vraiment ? Je croyais que l'antique méthode consistant à mâcher et à recracher le riz avait été abandonnée depuis longtemps ?
- Vous dites vrai, seigneur. Mais je connais une maison où le miracle du grain de riz qui devient alcool est encore obtenu par la mastication assidue et la salive de jeunes vierges qui n'ont pas plus de dix- sept ans.
Comme le client se penchait en arrière pour boire jusqu'à la dernière goutte de son saké, offrant ainsi son visage à la lumière de la lune, Miyuki put détailler ses traits. » 

mercredi 18 mai 2022

Moiteur Atomique


Troisième café du matin, je fixe l’âme du soleil à travers la vitre. J’ouvre la fenêtre, mes pensées s’envolent. Platitude de la vie où les feuilles vont et viennent, où le raisin se met en grappe autour d’un fil, oui, je fais face à des vignes. Au loin, j’entraperçois une vache, normande ou limousine, pelage blanc tâches noires. Ou l’inverse, ça dépend de la polarisation de mes lunettes de soleil, ou de celui qui voit le verre à moitié plein ou à moitié vide. Moi, en tout cas, je le bois, je le vide. Oui, j’aime regarder les vaches, elles ont souvent l’air plus intelligentes que moi et semblent me dire « mais qu’est-ce tu fais ici à me regarder, passe ton chemin, vieux ! ». Alors…

Le casque sur les oreilles, je déambule à travers champs, à la rencontre d’autres inconnues entourées de mystères, pendant qu’au loin un cor de chasse s’époumone rappelant les chiens de bassecour. Chasse interdite dans mon domaine, les bisons vivent en pleine liberté, fouettant la poussière aride de leur vie. Seule est autorisée la cueillette de champignons hallucinogènes, When I saw a mushroom head When I saw a mushroom head When I saw a mushroom head When I saw a mushroom head I was born and I was dead I was born and I was dead… Une explosion atomique.   

Le casque sur les oreilles, la tête tintinnabule. Je commence à avoir chaud, enveloppé par cette douce mélodie, les chœurs au cœur, humide mélancolie. Et puis, ouais, je me fous à poil, bête à poil que je suis, promenons-nous nus dans les bois et le monde en sera plus libre. Ouais, dansons nus sous le soleil, plus ou moins exactement. Suons de bonheur à chevaucher sans limite le plaisir de ces corps lourds et engourdis de la vie. La température s’élève fiévreusement, la moiteur est atomique.

vendredi 13 mai 2022

Un jour comme ça, ou pas...

Je t'ai connu dans la poussière du Sertao,

femme brésilienne à l'âme indigo

couleur downtown

stand the ghetto

 


 

Derrière les barbelées

tes jambes caramélisées

au soleil de Kingston

stand the ghetto

mardi 10 mai 2022

A la Cave


"Je suis le gardien d’une grotte, je vis juste au-dessus. Dessous, c’est creux, étroit, frais, humide et silencieux. Je me répète souvent ces mots ; ils résonnent et réconfortent ma solitude."
 
Les présentations maintenant faites, sachez que la-dite grotte en question est fermée depuis des années au public. Trop de monde, trop de vibrations, elle était prête à s'écrouler, les dessins préhistoriques - les premiers bisons dessinés sur ces parois rocheuses, d'un ocre orangé, c'est magnifique - menaçaient de s'effacer, par toutes ces caresses, cet oxygène aspiré, ce monoxyde recraché. Le gouvernement a décidé de faire une réplique, plus vraie que nature, pour les visites. Depuis, je suis le gardien d'une grotte qui ne se visite plus. J'ai les clés pour descendre, m'y engouffrer et par plaisir j'y descend comme on descendrait à la cave chercher une bouteille de Monbazillac ou de Pacherenc du Vic-Bihl.
 

samedi 7 mai 2022

Bouquet d'émotions

Et si on parlait poésie. Chacun son style, chacun ses rimes. Mon rimmel coule sur les pages épaisses de ce roman, je replonge dans ma période Glam-Rock, Marc Bolan au chant.
 
Je t'inviterai bien à parler violence conjugale mais qui serait assez fou pour enchaîner poésie avec un père qui désosse le visage de sa femme devant ses gosses.

"À table, je cherche les yeux de Papa pour un début de lien, un commencement de corde. Il fut mon prince, celui que je charmais, le dimanche soir, avec un livre d'images (il se taisait déjà mais j'entendais sa voix). Quand il dictait, j'avais des mots sans fautes qui me rappelaient sa terre ; je croyais que mes pensées me venaient de ses cheveux gardés longs pour nous cacher. Il est à présent mon ennemi juré, celui qui frappe sans vergogne et désosse le visage de Maman. Chaque soir, je prie pour qu'il meure. Cependant, Maman répète C'est votre père, Et vous devez l'aimer."
 
Avant donc d'entamer ma lecture de sauf les fleurs, j'hume profondément le parfum de ma bière, fleurs de houblons. Point de roman sans binouze, le vieil adage d'un bison avec sa caisse de douze. Je vois des champs de coquelicots où les oiseaux me chantonnent gaiement viens dans ma ferme j'ai un truc à te raconter. Il ne me faut qu'une gorgée de lignes pour être pris par un "bouquet d'émotions", la gorge prise par cette "enfance fauchée". Parce que ce truc, c'est du genre indicible, alors je me tais.   
 

lundi 2 mai 2022

Carnet Intime du Quotidien et du Vide

un jour de septembre (vendredi)
Je descends du taxi, comme dans un rêve, devant l'entrée de ce petit ryokan, perdu et si petit devant ces cryptomérias qui l'entourent, une forêt parée de vert et d'or en cette saison. Je me repose sous le regard complice de la lune. Un clair de lune qui illumine le kimono de cette femme, juste prêt à s'ouvrir pour prendre un bain d'étoiles et de poésie. Les rayons de la nuit recouvre d'un voile sa nudité si blanche, si belle, aussi blanche et parfumée qu'une fleur de jasmin. Je déambule dans les jardins aux alentours, attendant l'appétit ou l'envie de vivre. La pénombre commence à m'envelopper au fur et à mesure que je marche vers la profondeur de la forêt, je ne sais pas si je retrouverai mon chemin, de pierre, de terre, de fraîcheur végétale, je continue d'avancer jusqu'à tomber aux détours d'un bosquet, devant une auberge. Je m'y engouffre, soirée mousse. Au menu, de la mousse. Rien d'autres. Des mousses délicates et délicieuses, elles poussent derrière cet arbre, celles-ci légèrement plus âcres se ramassent à l'ombre des grosses pierres. Même le jus est vert. Qui oserait boire un verre de jus vert dans une nuit dédiée à la mousse. Rassasié je suis, et retrouve la voie de mon futon, guidé par les voix de ces jeunes filles, apprenties geishas.
 
un jour de mai (mardi)
Je découvre que c'est la journée internationale de la Chouffe. Je chouffe, alors. Chouffes-tu avec moi. Chouffons donc ensemble. Pourquoi pas. Comme ça, une idée saugrenue. Farfelue. Je sais je ne sais pas mettre de la folie dans une vie. Ma folie, c'est ma Chouffe. La Chouffe, c'est ma vie. Je décrète ainsi, le mardi journée mondiale de la Chouffe, même si mon monde s'est restreint à quelques centimètres de poussière.