mercredi 31 mai 2017

L'âme en Double

Comment se fait-il que je ne connaisse pas encore Marine Vacth. Et pourtant qu'elle est sublime. Un regard qui m'hypnotise et qui m’intrigue aussi. Recherche effectuée, elle m'était déjà apparue sous les traits d' une « Jeune et Jolie », le précédent film de François Ozon. Elle est toujours jeune, encore plus jolie, et je suis prêt à la suivre, dans n'importe quelle salle obscure, lumière tamisée, mains entre ses cuisses, un doigt pénétrant, une musique angoissante, thriller érotique. Même perturbée.


Chloé, voit un psychiatre. Des maux de ventre qui la tiraille depuis sa tendre enfance. Elle s’assoit. Lui, aussi s'assoit en face. Paul se gratte la barbe, sourit, l'écoute. En silence. Un homme qui garde le silence face à une belle femme. Il a un beau rôle, Jérémie Renier, même si il a une doublure – les scènes de sexe probablement, parce que côté cascade il n'y a rien de dangereux qui ne se passe en dehors d'un lit ou d'un canapé.


Je suis fan du réalisateur depuis des années, depuis « sous le sable » en fait. Ensuite, après, je les ai presque tous suivis. Des histoires de potiche dans la maison ou d'une jeune et jolie dans la piscine ou des tables de multiplication dans un refuge... Bref, ces films font parties de moi, en mode comédie chantante ou en mode thriller psychologique drame humain. Vincent, François, Paul et les autres... une histoire de longue date.

lundi 29 mai 2017

D’âme à âme

Écouter le silence, mettre des notes entre ce silence et se laisser emporter par le flot de la marée, celle qui chavire l’âme, celle qui dérive le cœur vers le lointain.

« Qu'est-ce que la musique ? N'est-elle pas une communication d'âme à âme ? »

H-J. n’a pas sept ans lorsqu’elle débarque en France, de sa lointaine Corée natale. Les croyances lui ont révélée un immense destin hors de ses frontières, ses parents acceptèrent donc cette séparation, ce déchirement. Elle ne parle pas un mot de français, ne doit pas encore maitriser totalement le coréen, pourtant, déjà, elle est à l’aise sur un tabouret face à un piano. Peut-on parler de don ? Probablement. Une bénédiction bienveillante des Dieux et de ses ancêtres pour illuminer sa vie de silence, de Chopin et de Beethoven. De son innocence, et d’un esprit pas formaté par le carcan scolaire, elle deviendra virtuose, grande pianiste qui aura tout à prouver au-delà de sa fougue et de sa jeunesse.

Je la suis, solitaire par obligations, déterminée par racines. A Compiègne. A Rennes. A Paris pour le conservatoire. A Bruxelles. En Suisse. Elle est européenne, car les pianistes sont tous européens. Ravel, Liszt, Mozart, Rachmaninov. Ah Rachmaninov, et la passion romantique qui émerveille les yeux d’une jeune fille. Je l’écoute à travers ses mots.

jeudi 25 mai 2017

Le Silence des Loups

Souvent j’associe intérieurement musique et littérature. Non pas que j’ai besoin de musique pour lire, cela dépend juste du moment, et surtout du lieu. La musique me sert pour m’isoler du reste du monde, afin de pénétrer au mieux dans le livre. Pénétrer quel beau mot, surtout quand le roman est écrit par une femme que je trouve des plus magnifiques. Mais la beauté ne fait pas tout parce qu’en plus, elle sait m’émouvoir avec ses silences et ses notes de musique, un piano aux accents du sud, Aix-en-Provence, la Camargue, le Vercors, les loups. Le roman me faisait un poil peur, poil de loup, poil de bison, une touffe d’émotion. Je n’imaginais pas que la femme pouvait être parfaite, m’émouvoir autant par sa crinière brune et par son interprétation de Beethoven que par la mise en scène de sa biographie, mélangeant souvenirs d’enfance, références musicales et passions animales. Les passions bestiales, ça me cause… Une passion physique, même.

« J’avais le sentiment physique d’être englobée par la musique. »

Choisir un disque. Commencer par Rachmaninov, son premier disque. Contre l’avis de tous, bien entendu. La jeune demoiselle n’en faisait qu’à sa tête. Forte de caractère, sanguine et fougueuse même. La tête dans le mur, mais elle avance toujours, souvent à contre-courant, contre les conseils de ses maitres. Une sacrée personnalité, sûre de ses choix comme quand elle part en Russie faire un concours qui n’est pas encore de son niveau. La Russie, l’autre passion d’Hélène. Bien sûr, il doit y avoir des loups en Sibérie, mais c’est surtout la patrie de Rachmaninov et de Dostoïevski. Parce qu’en plus, elle est cultivée, la petite. Tu permets que je l’appelle la petite, après tout, elle n’est née qu’en 69 – année … - cela dépoussière les vieux croutons d’antan. Parce qu’avant elle, j’avais l’impression que la musique classique était faite pour les vieux. Putain ! Cela veut dire que moi aussi maintenant je suis un vieux – vieux crouton, vieux con, peu importe l’appellation maintenant que j’écoute du classique entre deux vieux disques de vieux de Deep Purple. Et là je me rends compte que mon premier disque classique était un concerto de Deep Purple, ça ne me rajeunit pas… Mais là, je m’égare, revenons à Liszt ou plutôt à Brahms…

mardi 23 mai 2017

Typhon N°24

Je connais le réalisateur depuis des années. Depuis une certaine histoire d’enfants livrés à eux-mêmes. C’était en 2003, c’était « Nobody Knows ». Je m’en souviens encore. A la fois terrifiant et émouvant. Drame à l’état pur, tristesse brut d’un monde sans enchantement. Je l’ai suivi ensuite avec « Still Walking », « I Wish » [les titres traduits du japonais en anglais pour une sortie en France, rrrr] et plus récemment « Tel Père, Tel Fils », « Notre Petite Sœur ». Tous ses films sont d’une simplicité extrême. Des tranches de vie, presque banales, et pourtant ô combien intéressantes, ô combien émouvantes, ô combien sinistrées.

Une tempête se prépare. Au typhon N°23 se succèdera le typhon N°24, une année à typhons. Ryota – Hiroshibe Abe -, divorcé et écrivain raté, a l’âme du loser. Il ne voit son fils qu’une fois par mois, s’il arrive à payer la pension alimentaire à son ex… Son ex qui semble voir quelqu’un d’autre, un autre pauvre type apparemment. Il a la passion du jeu, probablement un héritage de son défunt père, et toute sa paye – et même plus – de pseudo détective privé de séance zone spécialiste dans les chantages et les affaires conjugales passe dans le pachinko ou les courses de chevaux, de vélo…

dimanche 21 mai 2017

La Revenante

Je suis un novice dans le cinéma de Desplechin. N'ayant pas vu ses précédents faits, j'ai du mal à juger ce dernier. Par contre, je suis fan de Mathieu Amalric. Partout où il va, je vais ; ou j'essaie, c'est qu'il tourne beaucoup. Et je suis également un grand appréciateur de Charlotte Gainsbourg, au cinéma ; elle est un produit rare, d'une rare émotion. Marion Cotillard complète ce duo. Parité oblige, je mentionnerai aussi la belle prestation de Louis Garrel, un type que j'aime également beaucoup. Donc, tu l'auras compris, je suis rentré dans cette salle noire et obscure, pour les acteurs, sans popcorn, sans fioriture ou extra-ball. Je veux de l'émotion, brute de préférence, je veux des vagues qui se déchirent sur la côte, des cris de douleur. Je veux de la folie intérieure qui bouscule.

Alors ai-je trouvé mon compte dans l'univers d'Arnaud Desplechin ? La lumière s'est faite, la salle s'illumine, jour de semaine, milieu de journée, donc pas grand monde, et pas facile de lire sur les visages ; comme il me paraît difficile de lire sur le scénario du film. Je ne suis pas ébahi, mais au final j'ai aimé. Je garde donc une certaine réserve, comme s'il m'avait manqué un petit quelque chose. De l'émotion, j'en ai eu, Charlotte est toujours au top, Mathieu j'adore toujours autant. Il amène de la folie, elle apporte de sa mélancolie et de sa tristesse, le spleen à l'état pur. Marion arrive sur cette plage déserte, elle a disparu depuis plus de vingt ans dans la vie de Mathieu. Pourquoi est-elle partie ? Je ne sais pas... Première interrogation. Pourquoi est-elle revenue ? Je ne sais pas, non plus. Second mystère... Dont je n'aurai pas les réponses. Mathieu a énormément souffert de cette disparition subite, sans un au-revoir, sans explication. J'envisage aisément que ce n'a pas dû être simple de reconstruire sa vie... Pourtant il y a deux ans, un regard, une Charlotte. La timidité, la peur, le renouveau... Le monde est de nouveau heureux, la tête dans les étoiles, le cœur sous la lune... Marion, sur cette plage de sable fin, coquillages et crustacés, s'tape la causette avec Charlotte. Elle veut récupérer son homme...

jeudi 18 mai 2017

Black is the New Black

Un homme, seul dans la rue. Banlieue chic, au téléphone portable avec son amie, blanche. Il est noir et cherche une rue. Jusqu’à ce qu’il se retrouve dans le coffre de la voiture.

Quelques années après, j’oublie presque cette histoire. Chris et sa petite amie Rose file un parfait amour, comme on dit. C’est le grand week-end où ils décident de rendre visite aux parents de Rose. Présentation de rigueur avant d’aller plus loin, Rose a-t-elle prévenu que Chris était noir ? Pff, une formalité. D’ailleurs, le père de Rose aurait bien voté une troisième fois pour Obama, c’est dire la sympathie qu’il porte au fond de lui pour les noirs. Oui, Chris est black, Rose est blanche, de famille bourgeoise. Un joli petit week-end en perspective pour apprendre à se connaitre, en famille. En plus, c’est jour de fête, jour de grande réunion familiale où sont invités dans le « cottage » bourgeois tous les gens biens du village. La haute société, en somme, WASP only.

Par moments, ce n’est pas la peine de sortir les grands moyens pour faire un grand film, et frémir de plaisir et d’horreur. Même pas besoin d’effets spéciaux outranciers, un petit budget qui se veut efficace. Non, juste une ambiance. Une putain d’ambiance à frémir. Un film d’atmosphère, malsaine l’atmosphère. Le noir est à la mode, dans cette communauté blanche. Alors on les aime, on leur tend la main, belle poigne d’ailleurs, c’est que le noir est costaud, des capacités physiques qui dépassent la norme, c’est-à-dire celle des blancs. Et je pense même que les noirs sont mieux montés que les blancs – enfin ce sont des ouïes-dires, peut-être juste une rumeur portée par quelques nègres cherchant appâter cette vieille cougar blanche… Bon ok, pas de racisme ici, le noir doit forcément être un meilleur coup sexuellement parlant, et niveau domesticité, il doit être plus facile à éduquer. Malaise… Perversion…

lundi 15 mai 2017

Thanksgiving sous la Neige, Miles et Dieu

Heureux qui n’a pas vécu un Thanksgiving entre amis fidèles depuis au moins trente ans. Se goinfrer et s’empiffrer comme des porcs, boire et se saouler comme des cochons. Le soleil se lève et les préparatifs démarrent déjà pour cette soirée illuminée de retrouvailles et discussions animés. Ce n’est pas encore la porcherie à laquelle je me prépare, jean délavé et chemises à carreaux, rêve d’être bûcheron, que l’on sort une fois dans l’année au sein de la civilisation.

Je ne te fais pas la présentation de tous les invités, de douze à table, voir treize si on compte le marmot qui tête le sein de sa mère, sein bavant d’un lait maternel sucré au sirop d’érable. Sean, Patrizia, des hommes, des femmes, des couples, des divorcés et au milieu de tout ce beau monde, il y a moi l’insignifiant et Dieu le maître d’orchestre.

Mais avant, je te propose une petite musique pour accompagner…

« Je nous mets quoi ? Miles ?
- Parfait. »

Première séquence : la préparation du repas où comment bien fourré une grosse dinde. Non, je ne parle pas de Patrizia toujours aussi callipyge avec son âge et des hanches à prendre encore d’envie, de désir, de plaisir. L’animal, la bête, d’abord l’épiler, puis lui mettre un doigt dans le cul. Non carrément la main pour la fourrer. La mettre au four. Plusieurs heures, de nombreuses heures. Pendant ce temps-là se souvenir du passé, des rencontres, des autres. Autre point crucial d’un repas de fête, la préparation du punch. Avec une triple dose. J’ai envie que les gens soient bourrés, alors je ne lésine pas sur les bouteilles de rhum et de cognac. Il n’y a qu’avec un coup dans l’aile – en revenir toujours à la dinde – que les langues se délient et que les gens apparaissent comme ils sont sans inhibition ni appréhension. Le secret d’une fête réussie : le pourcentage d’alcool dans un verre de punch, sachant que moi, je vais m’enfiler une bonne bouteille de single malt, importation directe.

jeudi 11 mai 2017

L'âme du Tocard

Alors que je gare mon pick-up devant le saloon, le soleil se lève – ou se couche, je perds la notion de l’heure, du temps, du pas de danse entre le soleil et la lune, des bruits de machines à sous sonnent, des néons illuminent le désert du Nevada, Reno capitale du jeu et du divorce, je m’apprête donc à descendre de caisse quand je vois cette nana ! Putain, quelle nana. Une nana qui a du chien.   

Quel cul, j’ai envie de dire. Éblouissante en plus avec son sourire. Elle sort d’une relation douloureuse avec son ex. Un divorce, normal pour la ville de Reno. Alors je la regarde descendre les marches du palais de justice. Quel chien, elle a, j'me répète. Dans son postérieur, dans son allure. Un coup d’œil et j’en tombe amoureux à faire frémir ma moustache à la Clarke Gable. Hey poupée, tu montes ? une bière entre quatre yeux, ça te tente. Et après j’te montre ma selle, y’a de quoi se prendre pour un cow-boy.

« Perce Howland est assis sur sa selle, le dos contre la cabine de verre piquée au bord de la route. Il a le menton dans les mains, les yeux fixés au sol. Voyant la voiture reculer, il l’observe d’un œil endormi. C’est un de ces cavaliers qui s’exhibent dans les rodéos – c’est-à-dire, à l’approche de la trentaine, une sorte de vagabond, dormant neuf fois sur dix sans même se déshabiller, riche puis fauché au cours du même après-midi, connu de tous les petits hôtels du pays dont il s’est fait expulser un mois plus tôt pour grivèlerie. Il ne montre pas encore l’oreille en chou-fleur, les dents de devant ébréchées ni l’œil hébété propres à l’espèce, mais sa figure a déjà été recousue et ses os cassés plusieurs fois. »


dimanche 7 mai 2017

La Main de Dieu

Violeta est une comédienne en ex-devenir, refoulée des castings auxquelles on veut bien l’inviter, par pitié ou par dépit. Une vie pas folichonne, vendeuse le jour, et les rencontres théâtrales le soir ne sont guère plus engageantes, surtout avec la troupe d’amateurs avec qui elles trainent ses phrases et ses textes. D’ailleurs le roman s’en ressent, je pressens l’ennui et la vie de Violetta m’indiffère un peu. Sauf que… Oui, parce que dans tout roman il y a un sauf, comme dans une putain de vie. C’était avant cet accident banal de la vie. La main blessée, mais ce n’est rien à côté de son âme, déchet. Elle ira voir un médecin quand les Urgences seront moins remplis – de toute façon le casting d’Urgences en version argentine est déjà bouclé – ou quand elle aura le temps ou l’argent.

Je suis en Argentine, là-bas tout en bas, près d’Ushuaia, j’aime bien les rimes en ah, comme la pina colada qui ne se boit pas dans la pampa. Je me sers un diplomatico, dans mon rhum pas de coco, les rimes en oh j'aime aussi comme tes noix de coco. Donc imagine, et regarde cette mer déchainée d’un bleu et d’un noir qui se fracasse contre les côtes et le vent. Ce bleu, ce noir, c’est exactement la couleur de la main de Violeta. Silence, on tourne. Moteur, action. Coupez ! Oui, j’ai dit coupez. La main de Violeta. Une greffe de la main et Violetta entame une nouvelle vie, une seconde carrière.

« En relisant mes vieilles notes et en me rappelant les répétitions, je me suis sentie aussi inutile qu’une mandarine au soleil. »

jeudi 4 mai 2017

Le Bouc Émissaire

Dis, papa, c'est quoi cette bouteille de lait ?

- Le raciste est celui qui pense que tout ce qui est trop différent de lui le menace dans sa tranquillité.
- C'est le raciste qui se sent menacé ?
- Oui, car il a peur de celui qui ne lui ressemble pas. Le raciste est quelqu'un qui souffre d'un complexe d'infériorité ou de supériorité. Cela revient au même puisque son comportement, dans un cas comme dans l'autre, sera du mépris.
- Il a peur ?
- L'être humain a besoin d'être rassuré. Il n'aime pas trop ce qui risque de le déranger dans ses certitudes. Il a tendance à se méfier de ce qui est nouveau. Souvent, on a peur de ce qu'on ne connaît pas.

Alors… Bon, le raciste a toujours existé. Depuis l’homme des cavernes jusque dans les urnes électorales du mois de mai. Est-ce une raison pour l’ignorer ? D’ailleurs faut-il l’ignorer ou l’éduquer. Je reconnais que dans notre société moderne, il est plus facile d’engendrer la haine que de propager l’amour. Et puis de tout temps, l’homme a besoin d’un bouc émissaire. Le fameux bouc, cet étranger que l’on ne connait pas et qui arrange tant notre société. Clamer que tous nos maux viennent de l’autre, cet homme que l’on ne connait pas, que l’on ne veut surtout pas connaître sous peine de se sentir obligé de se regarder face au miroir de la vie.

Sous forme de dialogues entre un père et sa fille, Tahar Ben Jelloun définit le racisme. Elle pose des questions, il répond, avec des mots francs, sincères et surtout simples. Il a su se mettre au niveau d’une collégienne. Il enchaîne les définitions, les faits, il y parle histoire, sociologie, comportement. Il explique, juge un peu, tente de comprendre. Mais surtout, il essaye d’annihiler la peur naturelle que l’on peut avoir envers l’autre, le mécréant, l’autre l’arabe, l’autre, la personne d’une autre couleur – et la réciprocité des couleurs se fait dans les deux sens. Il ne fustige pas, il explique. Il explique le racisme à sa fille.

mardi 2 mai 2017

Dylan ou Morrison

« - Tu veux écouter de la musique ? a dit Jenny en entrant dans le salon. Je lui ai dit que oui, elle a mis l’appareil en marche à la cuisine. J’ai écarté la tentation d’écouter Dylan et j’ai mis Astral Weeks de Van Morrison, et quand Jenny est revenue, avec une bouteille de vin et deux verres, nous nous sommes assis l’un en face de l’autre et avons laissé le disque tourner, tout en conversant avec une fluidité favorisée par l’alcool et la voix rugueuse de Van Morrison. » 

Je débouche la bouteille de vin, un petit rouge sans prétention, vin de la Drôme. Sans cérémonial, je verse deux grands verres à pied, regarde sa robe, hume son parfum comme je le ferai pour elle. Une bougie pour l’ambiance, pour ne pas boire dans le noir. Pas trop de lumière, pour ne pas mépriser mon regard, mais pas l’obscurité complète non plus, pour ne pas rajouter l’aspect glauque à la scène. Assis sur un coussin à même le sol, je n’ai pas de Dylan, mais glisse dans la fente du lecteur, la voix de Van Morrison et son Astral Weeks.