Réveillé, je suis dans un état second. Ecroulé, je me suis sur mon lit hier soir. La tête en vrac, le cœur mouillé, l’inverse est plausible, je ne sais plus. Le trou noir, j’erre dans des souvenirs sans fond, contrairement à la bouteille vide. Aucune idée ne vient, l’esprit vide lui aussi, j’ai perdu quelques heures de ma vie. Que s’est-il passé, trop bu, amnésie localisée, trop lu, les bras plâtrés, les jambes plâtrées ; et la tête, alouette. Une crêpe Suzette ? Je perds la tête.
L’âme bandée, une vie à l’hosto et pour passer le temps un bouquin, j’aurais pu choisir la bible, après tout la fin est toute proche, non, j’ai pris un feel-good. Qu’est-ce qu’il m’a pris ?
Un moment de faiblesse, l’ivresse instantanée, pris le premier roman près de la lampe de chevet, besoin de m’achever. Un livre feel-good, et avec ça, j’espère un « Bon Rétablissement » ?
Pfff… Besoin d’un grand verre, plutôt… Whisky ou vodka, un truc sans eau en tout cas. J’ai déjà trop bu la tasse.
« Depuis, l'eau a coulé sous les ponts. Et, si je n'ai pas coulé récemment avec elle, on peut dire que j'ai failli. On m'a repêché in extremis, il y a quelques jours, au milieu de la Seine.
Pour être plus précis, à deux mètres du bord, ce qui est bien suffisant pour sombrer dans la vase avant de remonter des semaines plus tard, tout mou et tout spongieux comme les bouts de pain qu'on balance aux canards.
On m'a vidé les bronches, plâtré ici et là. J'avais dû ricocher sur la pile du pont. Suicide raté, soirée trop arrosée, agression ? On se perdait en conjectures.
Moi, j'étais comateux, et donc sans opinion. »