Tu l’entends ?
Tu l’entends ? Bien sûr que tu l’entends. Le murmure, le murmure
assourdissant et permanent. Il a envahi la ville et les esprits. Il arpente les
rues en hurlant. Le murmure assourdissant et permanent, comme un bruit parasite
à l’intérieur qui t’épuise, qui souffle à l’oreille de chacun.
Il
s'appelle Rock et vient du Québec. Elle se prénomme Kathryn et a vécu en
Colombie-Britannique. Moi, je suis juste le bison et viens d’une plaine
silencieuse à brouter en silence mon herbe à bison trempée dans de la vodka
congelée. Les températures se sont glacées, et les rêves ont réchauffés les
majeurs de ces deux-là. Une envie de partir, de fuir leur environnement pollué
par la vitesse, le bruit et les gens. Des rêves de trappeur. Seuls en terre
inconnue, aux confins du territoire du Yukon, comme Jack London quelques années
auparavant.
Du
courage, de la ténacité, une part d'insouciance. Ou d'inconscience. Deux
citadins amoureux du silence de la nature. Ils se rencontrent dans un décor de
far-west, comme dans la grande époque de la ruée vers l'or. Dawson, la première
étape avant l'appel de la forêt, et la plongée dans le silence du Grand Nord
Canadien. Puis les méandres du Klondike et l’extrême.
« Le silence est précieux, car, loin de nous
couper l'un de l'autre, il nous permet d'être réceptifs ensemble à ce qui nous
entoure. » Dans ce décor sauvage et blanc, ils expérimentent une
nouvelle vie, ils fondent une nouvelle expérience, ils découvrent surtout
l'amour de leurs vies. Là où « les
mots en réalité deviennent superflus ». D'ailleurs, à quoi bon parler,
la parole s'envole dans la violence du blizzard. Et puis, perdus là-bas entre
les hurlements des loups et du vent, « il
n'y a pas de vide à remplir », ils sont « présents l'un pour l'autre ». Cela suffit à leur
communication. Le silence de la neige, le silence de la nuit, le silence d'une
lune bleue au milieu des étoiles scintillantes.