lundi 26 août 2019

Seulement pour les Fous

Seulement pour les fous. Le suis-je assez pour m'atteler à la réputation de ce guide du solitaire. Solitaire, je le suis et je suis ainsi la route d'un Loup des Steppes. Le loup, est-ce mon image littéraire ? Parce que Hermann Hesse aurait très bien pu écrire Le Bison des steppes. Tout aussi fort, tout aussi seul. Il y aurait suffit de remplacer le vin d'Alsace omniprésent dans ce roman (et ma foi, je déguste ces pages entre Riesling, Gewurtzraminer et Tokay...) par une vodka à l'herbe de bison, laisser Mozart, le grand, sur la platine. Born to be wild. 

« Le vin d'Alsace, c'est encore ce qu'il y avait de meilleur. Je n'aime pas, du moins pour tous les jours, les vins violents et sauvages qui étalent des appâts puissants et possèdent des bouquets célèbres et spéciaux. Je préfère les petits vins campagnards purs, légers, modestes, sans noms particuliers; on en boit facilement en grande quantité, et ils ont le goût simple et doux de la terre, du ciel, de la campagne et de la forêt. Un verre de vin d'Alsace et une tranche de bon pain, c'est là le meilleur repas. »

jeudi 22 août 2019

Parce qu'il y a 176 définitions du mot Loser sur urbandictionary.com

Kate, brillante avocate, mère célibataire, jongle tant bien que mal avec les responsabilités professionnelles et maternelles. Le proviseur du lycée l'appelle en pleine réunion, une urgence, il faut venir. Amelia, cette brillante élève qui n'a reçu jusqu'ici que des louanges, est accusée de plagiat dans son devoir. Faute grave et exclusion temporaire. Elle court, toute la vie elle court prise par le temps, les tâches et les devoirs qui lui incombent, la chercher. Métro bondé, portes bloquées, usagers résignés. C'est avec plus d'une heure et demi de retard que Kate arrive au lycée, la police est même déjà sur place : « Mme Baron, quelque chose est survenue à votre fille... »

Ainsi commence ce premier roman de Kimberly McCreight. Guère besoin d'en dire plus, la trame est classique. Le suicide d'une adolescente reste toujours une chose impensable, surtout pour un parent. Le scénario n'a rien de révolutionnaire, et les cinq cents pages qui suivent seront sur la recherche de la vérité, suicide ou... Par contre, j'ai pris énormément de plaisir à lire les à-côtés justement, les évènements qui ont abouti au drame.

mardi 13 août 2019

Une Fleur de Camélia


« Mon existence même est peut-être une erreur dès le départ. »

Je m’avance sur le sable, le soleil couchant illumine les vagues venues s’échouer à mes pieds. Le regard porté sur l’horizon, les souvenirs tentent de remonter à la surface. Elle vient de perdre sa mère, quelques cartons et une vie antérieure se dépoussière. De ces cartons échoués dans son appartement, beaucoup d’interrogations relatives à sa mère adoptive surgissent du passé. Et comment ne pas douter de sa propre existence lorsque l’on ne sait pas les raisons d’un abandon dans un orphelinat là où ce même soleil est en train de se lever, à l’autre bout de l’océan Pacifique, là-même où d’autres vagues, peut-être les mêmes s’échouent sur le rivage de la Corée.

Elle s’appelle Camilla, comme les fleurs de Camélias. Une photo sur laquelle posent deux personnes, elle et sa mère, devant un massif de camélias. A vingt et un ans, elle a besoin de connaître la vérité sur son histoire, sa mère sa naissance. Et ce n’est qu’en foulant la Corée qu’elle pourra trouver un semblant de réponse. Parce que toutes les histoires sont différentes…

samedi 10 août 2019

Les Jambes Grises


Je m'endormis et rêvai aux bâches avec lesquelles nous avions recouverts les morts, cette nuit-là, et dans mon rêve elles se soulevaient et nous pensions que c'était le vent et nous avions beau planter les piquets elles se soulevaient encore. Nous les retenions avec nos mains de toutes nos forces mais une force plus grande continuait de les soulever et chacun au fond de lui savait que c'étaient les morts qui poussaient avec leurs jambes grises. »

Allemagne, Juillet 1945. C'est la libération des camps, des prisonniers marchent en rang. En silence. Le silence règne sur les étoiles, sur le plafond de ma chambre. En silence, je découvre mon troisième roman de Hubert Mingarelli. Ne me demande pas d'où vient l'attrait pour cet auteur, je n'en sais rien. Si, demande-moi... Parce que je crois que ce que j'apprécie chez lui, c'est la poésie de son silence, un silence omniprésent dans les pages de ces récits. Celui-ci ne fait pas exception. Au milieu de cet univers, un photographe anglais parcours cette lande devenue misérable mais presqu'encore plus belle vidée de sa vie. Accompagné d'un chauffeur à ses ordres, ils errent tout deux, s'arrêtent pour prendre en photo des gens. Quelle motivation ? Peu importe... Quel secret se cache derrière ces deux personnes ? Je ne saurais dire... Pourtant... oui pourtant, parce que ce roman vaut tous les pourtant. Une atmosphère presque hypnotique, la pluie mouille, le soleil évapore la rosée, il y a de la vie dans ce silence, la nature y est sublimée, et pourtant ils sortent d'un triste moment de l'humanité, une défaite de l'âme humaine, cette guerre...

Un vent léger apporta l’odeur d’un chèvrefeuille, et soudain je fus accablé de solitude comme sous le hangar. Une solitude sans début et sans fin. Je la devais sûrement à la beauté de la clairière, de la lumière déclinante et du lointain vrombissement des avions. »

lundi 5 août 2019

Les Etrons de la Vie

Une visite au zoo de Vincennes s'impose. Là, j'espère rencontrer Pierre. Un pauvre type qui me ressemble. Sauf que lui, il ramasse la merde des animaux. Des brouettes de merde sous toutes ses formes sous toutes ses couleurs. Des kilos et des kilos de chargement. Et je ne te parle pas du panda qui chie plus qu'il ne mange. Mesdames, avant de lire ce roman, sachez que vous ne regarderez plus jamais la peluche, si mignonne, de votre panda qui traîne sur votre lit lorsque vous aurez lu la quantité d'étrons que cette bête, de prime abord si charmante, peut déverser dans sa cage. Un roman qui commence les deux pieds dans la merde perçoit forcément toute mon attention. Peut-être même que ça porte bonheur – ou pas...

« Je vous épargne les détails, ce qui compte ici n'est pas là. Pour faire court je vais vous proposer ce que j'appellerai un résumé épileptique.

Trente et un ans. Pétage de plombs. Engueulades familiales. Engueulades conjugales. Engueulades professionnelles. Professionnel de l'engueulade. Maîtresses (dans certains cas, la langue française devrait prévoir une marque de pluriel répétée, comme dans « maîtressesssss », qui prendrait une profondeur subtile évoquant le grand nombre tout en incluant le degré de pourriture – ou de mal-être, c'est selon – du mec concerné). Licenciement. Rupture. Éloignement des amis, de la famille. Dépression. Alcool. Baise. Alcool surtout. Vide. Long vide. Psy. Et Roosevelt. »