samedi 28 septembre 2019

Sur une Musique de Bashung


Mettre un disque sur la platine, se servir un verre, la soirée sera longue, tristesse intime à faire hennir les chevaux de plaisir. Le roman, pas d’une franche gaieté. Bien calé à l’arrière d’une dauphine, je commence l’ouvrage, avec un minimum d’entrain, je dois l’avouer. Je ne sais pas, j’ai du mal, trop biographique pour moi, pourtant j’aime la noirceur. L’histoire d’un deuil, l’histoire d’une femme. Delphine revient sur sa mère, Lucille, qui a souffert tout au long de sa vie. Et pour comprendre la vie de cette femme, elle doit remonter jusqu’à son grand-père, Georges au comportement aussi autoritaire et intransigeant qu’ambigüe. Lucille, pour moi, c’était avant tout la guitare de B.B. King, je reste dans l’univers de la musique, rien ne s’oppose à la nuit. Osez remuer le passé, osez marcher sur l’eau et éviter les péages, osez écrire tous ces secrets. Lourds de sens, ces silences étouffés n’en demeurent pas moins insupportables. Mais je n’accroche pas à la vie de Georges, elle m’ennuie presque, je sais pourtant qu’elle est indispensable à la suite, du roman, du récit. En fait, j’aimais surtout lire les doutes de l’auteure sur le besoin d’écrire l’histoire de sa mère, un livre qu’elle n’aura jamais lu.

« Lucille est devenue cette femme fragile, d’une beauté singulière, drôle, silencieuse, souvent subversive, qui longtemps s’est tenu au bord du gouffre, sans jamais le quitter tout à fait des yeux, cette femme admirée, désirée, qui suscita les passions, cette femme meurtrie, blessée, humiliée, qui perdit tout en une journée et fit plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, cette femme inconsolable, coupable à perpétuité, murée dans sa solitude. »

mardi 24 septembre 2019

Les Escales de Nad' et du Bison : Irlande

Lieu : Irlande
Lever du soleil : 7h25  | Coucher du soleil : 19h29
Décalage horaire : - 1h
Météo : 17° ressentie 14°. Ciel très nuageux. Pluie faible
Latitude : 53.270668 | Longitude : -9.0567905
Musique : Stolen Child, Loreena McKennitt
Un Verre au Comptoir : Delirium Tremens




« - Tu veux bouffer un morceau ou juste te biturer ?
- J'aime mieux me biturer.
- Barman ! »

dimanche 22 septembre 2019

Le Cul bien Propre


« Beaucoup de gens se sentent mal dans leur peau, parce que ce n’est pas la leur. »

Une dernière page qui se tourne, pendant que sur la platine le grand Jacques me parle de sa longue et large queue de serpent, moi je file à la salle de bain, une envie furieuse de me laver le cul dans le bidet, pas trop de savon sinon ça pique. Ne pas refréner ses envies subites m’a dit un jour mon psy sur son canapé, de là à lui parler de mon serpent frétillant. 2m20 tout de même ! C’est pas que j’ai l’habitude de jouer les prétentieux, mais oui c’est bien sa longueur. Et tu seras bien obligé de me croire, je n’ai pas non plus pour habitude de montrer mon serpent aux étrangers. Seulement à Mlle Dreyfus, elle est si belle avec ses jambes couleur café et ses seins si parfaitement sincères. Oui, je sais, c’est pas commun, un python de 2m20 et des poussières, la vie chez moi n’étant que poussière, seule Mlle Dreyfus réussissait à l’éclairer, mais elle est partie. D’ailleurs, c’est pour elle que je me lavais le cul. Bon OK, c’est surtout les bonnes putes, les âmes tendres de cette vie, qui y tenaient surtout. Question d’hygiène ou d’amibes, un truc du genre. Mais je sens que je suis devenu trop intime, pour toi ami lecteur qui se fout bien, et probable que tu as raison, de savoir si j’ai le cul bien propre ou pas. Non, non, je ne fais pas une obsession, ne joue pas le psy avec moi, par contre la psy qui s’allonge sur le canapé, je veux bien, et je t’expliquerai pourquoi il faut avoir le cul propre. Car je n’ai jamais lu l’histoire d’un mec (son serpent est secondaire ici) qui se fait laver le cul dans le bidet autant de fois en si peu de pages. D’où l’intérêt pratique de se garder un bidet à portée de main, ou de cul, parce que moins pratique pour se laver les mains. Certes les considérations hygiéniques sont importantes dans notre société, mais revenons à nos moutons – à mon serpent plutôt. Un long python noir.  

vendredi 13 septembre 2019

Des Eaux Silencieuses


Cet été. Le hasard d'une lecture fait que j'ai commencé ce roman le jour où je découvris une photo de l'organisation Sea Shepherd montrant la vente promotionnelle d'un requin-renard sur les étals d'un grand supermarché où des mousquetaires jouent de l'épée. Une espèce protégée, il va de soi, qu'il est donc interdit de pêcher mais visiblement pas interdit de vendre si elle a été pêchée par « erreur ». Et ne serait-ce pas là le véritable problème que, à travers cette société pourrie par l'appât du gain, l’entreprise ne s’offusque pas d’afficher de tels étals sauf s'il y a quelques remous médiatiques…

Mais je m’égare, et gare mon regard vers l’autre rive, l’océan est si grand, qu’il me faut revenir au bouquin, et lui rendre hommage. Parce que je ne connaissais pas l’écriture d’Alice Ferney, mais le sujet m’a depuis longtemps intéressé, ayant notamment suivi les frasques et flibusteries de Paul Watson, fondateur de cette ONG. Parce qu’à travers ce roman, il s’agit bien évidemment d’un hommage au courage et à la détermination de cet homme qui à la barre de vieux rafiots n’hésite pas à se mettre en travers de l’économie mondiale, de la toute-puissance des états, et de ces impunis de la mer. 


lundi 2 septembre 2019

Escargot, Escargot, où sont tes yeux ?

Le rideau de la boutique de livres d'occasion est resté baissé, ce matin. Mitsuko, que j'avais découvert entraîneuse le week-end dans un bar dans « Azami », puis gérante passionnée de cette librairie philosophique dans « Hôzuki », vient de décéder, surprenant son petit monde, notamment Tarô, son fils sourd muet, et sa grand-mère maternelle.

« Je me déplace et m'assois sur le bord du lit. Elle s'approche lentement et s'arrête devant moi. Un parfum de savon effleure ma narine. Je dénoue son obi et ouvre son yukata. Elle n'a rien dessous. La toison pubienne noire contraste avec la peau blanche. C'est beau. »

Ce nouvel opus centre son activité sur Tarô et son histoire d'amour silencieuse. Une histoire qui se passe de mots où Tarô vingt ans après retrouve la petite fille qui l'avait tant émue dans la boutique de sa maman. Et moi, les histoires d'amour, même silencieuses, c'est mon kif. Que de souvenirs, loin de ces lourds secrets de famille... et pourtant, ces fardeaux prennent toutes leurs conséquences dans ce dernier acte.