jeudi 19 mars 2020

la Vérité est Ailleurs


Flint City, un coin presque perdu dans l’Oklahoma. Un petit garçon y est retrouvé mort aux abords du parc, couvert de sang, sodomisé par une branche, couvert de sperme. Ça te pose une ambiance, quand tu gares ton pick-up dans le dinner du coin ouvert très tard dans la nuit ou très tôt le matin. Tu commandes un café, avec quelques œufs brouillés, une serveuse au joli sourire pas brouillé. Un suspect, coach Terry. L’entraineur de tous les gamins de Flint City depuis des années, un homme bon et bien sous tout rapport. Mais le connait-on bien, ce monstre ? Comment est-il capable d’une telle atrocité. L’humanité en prend une nouvelle fois un coup… Deux policiers viennent l’arrêter, sur le carré de la pelouse, demi-finale de la conférence junior de base-ball. C’est la sidération sur le banc, dans les tribunes, dans la ville. Comme un lynchage sur place publique.

« Le monde est rempli de coins et recoins étranges. »

Le procès… Une évidence… Des témoins l’ont vu, chemise ensanglantée, camionnette volée. Enfin... une vieille, une gamine, un ancien taulard ancien alcoolique ancien camé et un type qui sort d’un bar avec des filles qui font danser leur poitrine nue devant quelques clients. Ça a l’air d’être quand même du lourd. Sauf que coach Terry semble avoir un solide alibi, à l’autre bout de l’état. Il était à une conférence d’Harlan Coben, grand maître du crime et des ventes de bouquins, avec ses collègues de boulot, confrérie des profs d’anglais. Qui croire… Ou plutôt que croire. Car cela me semble bien étrange comme histoire… Certaines évidences ne sont pas aussi évidentes. Des coins et recoins bien étranges dans la vicissitude de la vie et de cette banlieue si tranquille.   

dimanche 15 mars 2020

Les Bisons Meurent Jamais de Vieillesse

« Les bruits du saloon étaient comme assourdis par des couches de poussière et de chaleur. »

Un nuage de poussière, les portes battantes d'un saloon, un homme seul au comptoir, une bière un bourbon, l'évocation d'un majestueux troupeau de bisons quelque part dans l'ouest sauvage... Le tout dans les trente premières pages. Il y a même une putain qui regarde mon regard vide, au fond de la salle. C'est dire que je suis d'entrée plongé dans mon élément, la grande littérature de la conquête de l'ouest, parmi les trappeurs de castors, les chasseurs de bisons et les ivrognes qui ont perdu leur fortune autour de quelques bouteilles de whisky frelaté.  

« Il prit une profonde inspiration, l’odeur âcre du pétrole mêlé à la sueur et à l’alcool emplit ses poumons ; cela le fit tousser. Il s’approcha du bar, qui lui arrivait à peine à la taille. Le barman, petit homme chauve aux grandes moustaches et au teint bilieux, le dévisagea sans mot dire.
« Une bière », dit Andrews.
Le barman prit une lourde chope sous le bar. Il ouvrit le robinet d’un des fûts posés sur de larges caisses en bois et fit couler la mousse blanche le long du verre.
« Ça fera vingt-cinq cents », dit-il en plaçant la chope devant Andrews.
Ce dernier y trempa les lèvres ; la bière insipide lui parut plus chaude que la salle. Il posa une pièce sur le comptoir. »

lundi 9 mars 2020

L'âme slave


« Dehors, juste au-dessus du wagon, dansent de légères étincelles bleues, produites par le frottement du réseau de câbles et d'antennes avec les caténaires, des étincelles comme des frêles incisions dans la masse compacte du ciel, qui éclairent des congères boueuses repoussées le long des voies, avec leurs formes arrondies, massives, tels des mammouths ou des dinosaures endormis, posés là dans l'attente d'un hypothétique réveil. »

NIce, 9 mars 1881.
Anna Alexandrovna, jeune aristocrate russe, est sur le quai de la gare. Une certaine impatience même à quitter ces lieux, d'une villégiature de luxe. Les "exils" bourgeois de ses parents sur la côte d'Azur l'ennuient. Elle est une de ces beautés, celle des filles de bord de mer, mais son âme slave la ramène toujours vers la grandeur de son pays, sa vodka, son herbe à bison et ses promenades à cheval dans l'immensité de ses steppes.

« Le train poursuit son avancée dans la nuit, comme s'il ouvrait la terre droit devant lui, rejetant les ténèbres de part et d'autre de la voie. La nuit est noire, d'un noir dense, serré, d'où toute trace de gris a disparu. »

Moscou, 8 mars 2012.
Irina, une de ces beautés des filles de l'Est qui se dévoile sur le papier glacé d'un magazine ou sur un site de rencontres pour ceux qui recherchent l'âme slave, avance timidement sur le quai. Une certaine appréhension l'envahit, comme une peur de l'inconnu. De Moscou à Nice, elle quitte tout pour Enzo, un de ces gars qui se réfugie derrière un pseudo pour rencontrer l'amour. Elle ne l'a jamais vu, ne lui a jamais parlé, mais le monde virtuel les a rapproché. Il aurait pu lui payer un billet d'avion, pourtant elle a préféré la lenteur du train, comme pour mieux respirer son attente et sentir le paysage défiler derrière la vitre du compartiment.  

jeudi 5 mars 2020

Euskal Balea

Elle s'appelle Oyana et voulait juste descendre au dépanneur, acheter quelques bières pour la soirée. Prendre un truc à manger pour une soirée tranquille à Montréal, à deux pas de la rue Sherbrooke. Une radio qui crépite, flash-info annonçant la dissolution de l'ETA. Un monde qui bascule, le sien. Les souvenirs resurgissent de son passé, d'une grande violence.

C'était il y a bien longtemps, elle prenait des photos de touristes sur la plage entre deux services dans un bar. Un soir, elle devait juste conduire une voiture, parce qu'un ami le lui avait demandé. Et puis la déflagration d'une bombe, une mère et son fils, simple dommage collatéral. Impossible à en supporter plus.

« J'ai erré dans la maison en me demandant ce que je pouvais emporter. J'ai photographié chaque pièce. J'ai choisi des vêtements : ma robe noire à pois blancs que tu aimes tant, mon pull en laine ramené de Calgary, mon manteau en cuir verte que tu m'avais acheté sur un coup de tête dans Kensignton Market. On était allés passer quelques jours à Toronto pour fêter nos dix ans. J'aurais pu prendre des CD mais ceux que j'aime sont déjà dans ma playlist : Bach, Sati, Tom Waits, Richard Desjardins, Brassens, la trame sonore de Broken Flowers, Janis Joplin, Gotan Project... J'ai quand même craqué pour le Stabat Mater de Vivaldi par Andreas choll et My World is Gone d'Otis Taylor. Par besoin de t'expliquer le pourquoi de ce titre. Côté bouquins, je me suis restreinte à trois. An Unfortunate Woman de Brautigan. Encore un signe ? La Femme aux lucioles de Jim Harrison et, parce que j'en ai tiré le début de cette confession, Alexis ou le traité du vain combat. J'ai aussi failli prendre La femme qui fuit mais je n'avais pas assez de place. Je te laisse mes Pléiades d'Hemingway, de Baudelaire et de Rabelais. J'emporte quelques bijoux.
C'est drôle de réaliser que, tout à coup au moment du départ, tant de choses auxquelles je croyais tenir m'apparaissent insignifiantes. Elles ne servaient qu'à consolider le château de cartes de ma vie.  »

dimanche 1 mars 2020

Putains de Tremblements


La lune s’élève dans le ciel. De ses rayons bleutés, elle irise le flot de la rivière. Un canoë à l’eau et c’est le début d’une nouvelle vie. La Délivrance, une autre histoire. Celle que je vais te conter aujourd’hui est une grande histoire d’amour entre un trouduc et une femme. Dalt & Maddy. J’aime bien quand dans l’intimité des silences, ces mots affectifs s’affichent, sourire d'une brune, bière blonde décapsulée à la main.  

« La lune est partout, irisant le gravier, striant les arbres d'ombres et de lumière ; couleur étain, la rivière est parsemée d'éclairs de ciel chatoyants. »

Il est d'abord question de canoë et d'un coureur de rivière, quelques parties de pêches sous un sourire éclatant de la vie. Une promesse, pas du genre pour le meilleur et pour le pire, mais plutôt avec des mots style jusqu'à mon désir le plus ardent. Ils s'aiment et se marient dans la nature du Wyoming, guides de pêches passionnés, avant de fonder leur entreprise de rafting dans les rivières tumultueuses de l'Oregon. Une nouvelle vie commence, prémice des tremblements à venir.