lundi 31 juillet 2017

Beauté Cosmique

 

Je la regarde, beauté endormie, délicatement posée sur les draps froissés de mon lit. Elle semble dormir à poings fermés, pendant que la lumière s’épanche sur son corps dénudé par une nuit d’amour. La respiration reposée, le souffle allégé, sa poitrine se soulève au son des tambours de mon cœur. Je sens l’odeur de café, l’odeur du soleil, l’odeur de son sexe, tous ces parfums qui flottent dans l’air et m’enivrent de si bon matin. Pendant que la cafetière fait ploc-ploc, noir avec un demi-sucre, et avant que je ne te tartine de miel, je me lance dans l’écoute de Sun Ra

Sun Ra, une musique toujours surprenante, toujours exaltante, qui ne me laisse jamais dans l’indifférence, qui me plonge dans la chaleur envoutante d’une beauté hypnotique. Le disque s’ouvre sur un « Springtime Again » (9’16), again et encore, chaloupée vespérale, litanie érotique à la manière d’un Love Supreme du ‘Trane.

Ouvre-moi, la porte de ton sexe, je t’ouvrirai la porte du cosmos semble vouloir dire le second morceau « Door of the Cosmos » (8’59). Est-ce les ondes du soleil qui t’ont réveillée lorsque j’ai entrouvert la fenêtre ? Ou le saxo qui emplit la chambre de sa chaleur et de son âme. Âme soul, saoul de ton parfum, je garde le silence face à tant de beauté. Respire ce silence, respire cette musique qui s’écoule entre tes cuisses, comme une musique un peu funky qui voudrait s’y glisser. En douceur, au début, avant d’accélérer le rythme avec tous ces saxos rutilants. 



Tu te retournes, je te retourne, « Sleeping Beauty » (11’49), chants cosmiques d’une passion, amours cosmiques d’une fusion, le soleil se couche sur ton corps, d’une beauté féérique, longue litanie de l’amour, suprême ou presque pour ne pas plagier, je t’imagine sur la plage, le dieu Soleil qui se couche dans l’océan, Sun, gourou divin prêt à satisfaire ses six reines, une sirène pour moi, nue envoutante et hypnotique échouée sur le sable doré et cette musique qui dérive dans le creux de tes reins. M’endormir à ses côtés, beauté cosmique, côté pile côté face, écouter l’album, entendre des voix, love, des saxos, love, et ne plus me réveiller…   



« Sleeping Beauty » [1979], Sun Ra.

10 commentaires:

  1. Ton billet, tes mots me laissent rêveuse... Je ne connais ce "Sleeping beauté" mais je ferme les yeux et me laisse porter dans le cosmos par cette musique.

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    1. Une profonde discographie. Sun Ra se fait rare dans les bacs des disquaires. Sa musique n'y est pas accessible, ses maisons d'éditions parfois exotiques, mais elle est parsemée de fragments de cosmos pour se laisser transporter vers d'autres rêves et univers stellaires.

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  2. en voilà un texte envoutant ;)

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    1. et la musique aussi "envoûtante" même si je reconnais que Sun Ra n'est pas à la portée de tout le monde. Il faut se laisser emporter, charmer...

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  3. Oh lala ! Est-ce bien raisonnable ? Et même pas une p'tite bière avec ça ?

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    1. C'est vrai, ça ! Tellement irraisonnable que j'en ai oublié de prendre un verre...

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  4. Un super voyage ailleurs par ton texte sur les rivages noirs du désir et par cette musique en sacré accélérateur.
    Je connaissais un peu Sun Ra. Pas cet album. Merci. Quels morceaux quand même et ce Door of the cosmos !
    A bientôt.

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    1. Le soleil, Sun et une porte entrouverte sur le cosmos. Il y a tant é découvrir avec Sun Ra, des albums qui ont eu du mal à dépasser certaines frontières, celle de l'océan, celle de l'écoute, celle de l'âme qui se perd et se fond aux tréfonds de l'espace...

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  5. "Sa poitrine se soulève au son des tambours de mon cœur"........ crisse........
    Sun Ra, je l'aime plus que tout quand il est au piano, ses notes me coulent dans l'échine <3
    J'te prendrais bien une tartine de sirop d'érable... pour une décharge cosmique...... ^^

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    1. dans l'échine... calisse... avec une tartine de sirop d'érable, en plus...
      J'aime beaucoup ce soleil, et sa musique. Sun Ra n'est pas le plus accessible des pianistes, mais il ne me laisse rarement indifférent. Même si au final, je ne le connais que trop peu...

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