dimanche 4 novembre 2018

Strasbourg-St. Denis

Déambulation nocturne à travers les rues, des clubs de jazz, des putes sur le bitume, un autre temps. Une ère où la musique ne manquait pas d'air et où les plaisirs ne se limitaient pas à des sierra-léonaises ou à une filière filles de l'est campées à la périphérie de la ville. Mais surtout où les clubs de jazz distillaient un groove aussi puissant qu'un verre de rhum du Venezuela. A Time for Love. Une musique à écouter à deux, la nostalgie du jazz et de l'amour, croire en l'amour est-ce encore possible. Sur cette mélodie presque chaloupée où le corps de la femme enivrerait n'importe quel marin venu s'engouffrer dans cette taverne... Descendre de la ligne 4, arrêt Strasbourg-St. Denis.



Texan, sans stetson, boucle de ceinturon surdimensionnée et santiags éperonnés - étonnant à croire mais cela existe finalement - Il a composé quelques grands instants éphémères de la scène parisienne, en preuve ce New-Morning 2007. Close yours eyes. Une douceur proche de la mélancolie. Je l'ai connu d'abord dans le groove et le funk avec son RH Factor mais j'aime autant ces moments magiques qui caressent mon silence, les silences de mes nuits et de ma vie, ces silences si tant incompris. Heureusement la musique ne s'échappera pas de mon esprit. Descendre de la ligne 8, arrêt Strasbourg-St. Denis.





J'aurais aimé le voir. Des occasions s'étaient présentées, sûrement. Comme cet été à Vienne, où voir son groove m'aurait emporté, le soleil couchant, la lune bleue qui m'accompagne, le silence entre les astres et la trompette de Roy au milieu de la nuit chaude, un été 2018 qui aurait pu être mémorable. Ce ne sera pas le cas. A 49 ans, le destin en a décidé autrement. Mon dessein aussi. Vienne restera donc l'une  (la ?) dernière scène française de ce trompettiste découvert par Wynton Marsalis. Roy fera partie de mes nombreuses occasions ratées, échecs d'une vie, putain de vie. Comme Brad Mehldau. Et je n'ai plus besoin de descendre de la ligne 9, arrêt Strasbourg-St. Denis, pour l'écouter. 

Maintenant Il me suffit de prendre ou d'attendre une place pour là-haut, en espérant que la salle ne soit pas déjà complète, que le videur ne me refoulera pas à l'entrée de la bouche de métro, que le rhum de Colombie m'apportera cette dose de réconfort... 

     

6 commentaires:

  1. Belle ode à Roy Hargrove que je ne connaissais que de nom et que j'imaginais plus agé. Tu sais mes lacunes en jazz, immenses.

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    1. C'est vrai que pour certains, ceux qui on du talent et une raison d'exister, 49 ans ça fait jeune... Tu connaissais le nom... je ne te vois donc aucune lacune jazzistique...

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  2. 'Let the music speak fot itself'.
    R.I.P

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  3. Un bel hommage et un joli billet pour Roy, pour Vienne, pour les amoureux de la musique et pour les amoureux du jazz !
    Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiii Bibi :)

    Strasbourg St Denis :D

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    1. Ca fait des années que j'écoute ce Strabourg-St. Denis, un standard pour moi, même si la douleur d'écouter Roy se fera ressentir...

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