jeudi 11 juin 2020

Chohenna et le Kep-ten Kidd

Il était une fois un capitaine à la retraite qui parcourait la campagne texane, en dodelinant sur sa mule et son chariot bringuebalant. Texas 1870, il erre, l’air sobre et triste d’un veuf, en proposant entre deux comptoirs, la lecture de quelques journaux lointains. Il a l’art de captiver son auditoire, avec ses histoires de guerre franco-prussienne, ses légendes en terre indienne, ses aventures au-delà des mers. Une petite boite de conserve passe d’ailleurs entre les gens, quelques pièces et piécettes émettent une mélodie métallique lorsqu’elles touchent le fond de celle-ci. Voilà de quoi se payer ce soir un verre de whisky.  

« Peut-être avaient-ils échappé de peu à la mort l’un et l’autre. Victimes d’une flèche, victimes de la beauté, victimes de la nuit. »

Une pièce d’or en échange d’un service : ramener cette gamine un peu sauvage à sa famille dans le sud texan. Johanna avait été capturée par une tribu indienne kiowa et a vécu ainsi comme une « sauvage » pendant plus de quatre ans. L’aventure commence à travers les chemins détournés et poussiéreux du Texas. Des instants de sourire sous le regard de la lune, des moments teintés d’émotion, des coups de feu et de la poussière soulevée, le Far-West lointain joue de l’harmonica, et des nouvelles du monde.   

Des rencontres et des dangers à partager, cette longue promenade loin d’être bucoliques sera surtout l’occasion de s’apprivoiser, deux êtres sensibles à la poussière et à la solitude, au caractère fort comme un vieux Tennessee Rye qui râpe la gorge. Pas besoin de parler la même langue pour se comprendre, un regard ou un silence parfois suffit. Parfois seulement. C’est aussi l’occasion de manger de la poussière authentique, Paulette Jiles étant dans son élément, un roman écrit dans son ranch près de San Antonio. 

Un western donc, avec quelques indiens, sans bisons – probablement déjà tous massacrés dans cette contrée, réduits au silence dans des prairies asséchées, vite une bière -, des saloons et des bagarres avec chaises fracassées et l’indispensable poussière de la vie.

« Il songea à sa solitude. À sa vie fade et étriquée, et au gaz de houille. »

Un silence, une poussière un merci...

« Des Nouvelles du Monde », Paulette Jiles.
Traduction : Jean Esch.

14 commentaires:

  1. Salut, le Bison

    Un western ! J'adore...
    Je reviens à la phrase que tu cites.
    Victime d' une flèche, en ces temps troublés, je comprends.
    Victime de la nuit, cela peut se concevoir.
    Victime de la beauté ? J 'avoue que l'association des termes m'intrigue.
    Hélas ! Plus beaucoup de bisons et bientôt, plus beaucoup d'indiens libres...
    Bon! Il n'y a plus qu'à trouver le livre...
    Merci pour la chronique.

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  2. Je ne connais ni le livre, ni l'auteur, ni les musiciens. Mais tout ça devrait être dans mes cordes. A bientôt.

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    1. Au moins, tu connais la bière :-)
      C'est le principal dans mes chroniques... l'essence même...

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  3. Jolie évocation de 2 solitudes apparemment.

    Où es-tu allé pêcher ce quartet totalement ENVOÛTANT ? Merci pour la trouvaille, découverte.

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    1. Pour une fois, ce n'est pas une de mes trouvailles, j'ai une âme envoûtante autour de moi :-)

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  4. Réponses
    1. je sais, j'en saisis chaque seconde de ses interventions...

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  5. Un silence, une poussière, une bière...

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    1. Je crois que je peux me passer de la bière. Silence et poussière sont trop ancrés en moi...

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  6. J'ai découvert Verneri il y a pas longtemps par hasard et ce fût un véritable coup de cœur.
    Je ne sais pas si il s 'accorde bien avec le livre mais il est en parfait accord avec ton billet et ta bière...
    Jamais lu de western ^^ :)

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    1. Tout s'accorde avec le silence et la bière... Enfin, presque tout...

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  7. Une ambiance de western comme je les aime. Le silence sauvage des terres arides.
    Once upon a time in the west...
    Une invitation à la solitude. L'essentiel est là...

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    1. Once upon a time in hollywood est pas mal aussi dans son genre... si tu ne recherches pas la solitude :-)

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