jeudi 13 mai 2021

Tu es con

 

Deux frères, une femme. 

Gilles, l’aîné est journaliste dans l’“art-de-vivre”. Fabien, le cadet est star de ciné. Au milieu, Annabel, une troublante femme, chevelure brune et yeux qui pétillent. De quoi en tomber amoureux. De quoi en faire son obsession. Il suffit de plonger dans son regard devant un verre ou sur un quai de gare. 

Il y a des rencontres qui ne se commandent pas, elles sont simplement là, et de cette évidence naît une passion, plus qu'une envie passagère, plus qu'un un désir à l'intensité du sourire, elle est obsession. Gilles l’observe, timidement, secrètement, il la désire fiévreusement, la belle Annabel ne quitte plus son esprit. Jour. Nuit. Soleil, brume, lune. Elle est partout. Elle déambule boulevard des Batignolles. Je la suis, Gilles aussi. Place Wepler, bistrot d’en face, je m’installe en terrasse, elle prend une burrata, je prends une bière. 


« Elle s'en alla légère dans l'après-midi de printemps, heureuse d'avoir été baisée. C'est l'un des moments dans ma vie où j'ai le plus regretté de ne pas être une femme. »


Fabien et Annabel, un drôle de couple. Ils s’aiment, ils se haïssent, ils gueulent, ils se séparent. C’est pas de l’amour. C’est… je ne sais pas moi. Gilles observe, se méprise, se méprend. Il est là, prêt. Prêt à la recevoir, prêt à la revoir, sur un banc, sur une terrasse, prêt à rentrer chez elle, en elle. C’est ça l’évidence, ne pas se poser de question et la regarder, droit dans l’âme, ou dans les yeux, je ne sais plus où se trouve l’âme, peu importe… Et quand entre deux verres ou deux draps, elle lui signe quelques beaux mots doux, dans la veine de « Tu es con » ou dans le genre « Trouduc », « Pauv' type », son cœur s’emballe de ces échanges. Il y a des mots simples qui te vont si bien.

 

Que dire de ce roman, Patrick – à ne pas confondre, même de loin, avec Philippe - signe là l’obsession d’un homme pour une femme, le genre d’obsession qui se vit, se ressent, s'ancre dans le silence d'une putain de vie. Et puis, là, le drame, forcément l’évidence même, les histoires d’amour finissent… En général, la vie aussi, restent la tristesse, le spleen, le whisky… Ma seconde expérience Pat’, je suis mat’.


« Quand j’entrai en elle, le sentiment d’être enfin, après des années de vagabondage, à mon domicile légal. »

 

Merci.  

« Belle-Sœur », Patrick Besson.



6 commentaires:

  1. C'est vrai qu'elle manie l'art du mot doux avec délicatesse la nana belle.
    Place Wépler... le Pathé de ma folle jeunesse.

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    1. L'honneur des belles nanas.

      J'y ai vu aussi quelques bons films au Pathé Wepler...

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  2. J'avais beaucoup aimé ce livre.

    J'ai une question qui me taraude ... pourquoi cette chanson ? qui ne te ressemble en rien ;-)

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    1. Si, justement elle me ressemble beaucoup. Elle est en moi, elle m'accompagne depuis des années, elle ne me quitte pas, et il ne se passe pas une semaine sans que les Pet Shop Boys sonnent en moi...

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    2. Remarque, j'écoute bien du Dalida et ensuite du Van Morisson avec le même plaisir ... enfin presque ;-)

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    3. Il est vrai que Dalida est un monument de la variété française qui se joue à la trompette, alors que pour Van, il faut une bière pour accompagner et à presque minuit, ça fait mauvais genre...

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