mardi 7 mars 2023

Charlie et ses drôles de dames


« Les lumières de bienvenue éclairèrent les quatre silhouettes sombres qui venaient de se faufiler entre les trois voitures garées devant la maison. Tex nota la présence d'une Porsche 911, d'une Pontiac Firebird et d'une Chevrolet Camaro toute neuve louée par Sharon Tate en attendant la réparation de la Ferrari de Roman. Ces voitures flamboyantes dormaient dans la beauté simple, méditerranéenne, du grand jardin de la maison. Les guirlandes de Noël les éclairaient comme dans la vitrine des concessionnaires de luxe qui vendaient leurs gros jouets dangereux aux stars de la pop et aux jeunes vedettes du Nouvel Hollywood. »

Aux premières lueurs du jour ou à l’orée d’un soir, j’ai allumé la radio. Une station FM de vieux, probablement, avec de vieux tubes chantant et entraînant, entêtant... Ça passait un air de déjà-entendu, un titre des Beach Boys, station FM de très vieux je te l’accorde. Beach, tubes, le sable fin, des surfeurs qui courent sur la plage, des surfeurs sui sautent sur une planche, des surfeurs qui s’engouffre dans un tube d’eau et d’écume. Et le soleil. Et les surfeuses, ne jamais oublier les surfeuses bronzées. California Girls sur des ondes ensoleillées. J’aime ce genre de vibrations.




Du coup, j’ai envie de soleil, de filles en bikini et de plage. Le second effet Beach Boys. Dès les premières notes, je ressens déjà ce soleil réchauffé mon vieux cuir. Avec un peu plus d’imagination, je me retrouve même au bord d’une piscine à l’eau bleu turquoise dans une maison luxueuse d’Hollywood. Une blonde plonge dans l’eau, une brune, grosses lunettes de soleil années soixante-dix, est allongée sur une chaise longue. J’hésite entre un Blue Lagoon et un Sex on the Beach. Good Vibrations. Elles sont belles ces nanas, cette blonde qui sort de l’eau, cheveux mouillés bikini tendance transparent, Barbara Ann, et cette brune au corps huilé, jambes caramélisées sourire sublimé. Je sirote mon cocktail, tranquille mon regard perdu dans cette musique d’un temps insouciant. Mais attention, le diable rode. Ou Satan. Ou Charlie. Appelle-le comme tu veux, Charlie et ses drôles de dames. Charles Manson et ses California Girls, des hippies aux cheveux gras et aux jambes poilues, prêtes à saigner les cochons pour son gourou. Drôle d’époque, drôle d’ambiance, je me retrouve finalement bien loin de la pop wilsonienne et de la beauté de Sharon Tate… Et je repense à ce bouquin lu il y a des années pour lequel je n’avais rien écrit. Et je me dis que l’auteur, Simon Liberati, doit bien aimer cette période, sixties, ce n'est pas son premier roman sur cette époque. 

California Dreamin’, une planche de surf dans le pick-up, un massacre sanglant au bord de la piscine.  

« - Je suis le diable et je suis venu ici pour faire le travail du diable. »

« California Girls », Simon Liberati.



 

5 commentaires:

  1. Simon Liberati... Une fois, dans un autre siècle, je regardais une émission de Thierry Ardisson. Frédéric Beigbeder (je sais pas l'orthographe) est venu parler, en larmes, d'un livre de Simon, Anthologie des apparitions je crois. C'était pour lui le plus grand livre de tous les temps, le plus bouleversant en tout cas. Tu penses, si on parle bouleversement, je fonce, je me précipite donc, cours à la librairie (pas de rakuten à l'époque) et lis... Je crois me souvenir que j'ai failli vomir tellement ces gens drogués, prostitués qui finissent chaque nuit dans leur sperme et leur vomi (ça tente non ?) ne m'ont pas intéressée. En plus, Liberati avait une façon d'en parler qui ne les rendait à aucun moment attachants et ce n'est pas particulièrement bien écrit (on est pas chez Breat Easton Ellis voire Russel Banks). Bref, depuis j'ai zappé Simon. Mais j'ai vu quelques unes de ses apparitions avinées dans le poste. Pas folichon.
    Par contre, j'ai bien pris une double dose des garçons de la plage. Certains font la fine bouche devant la musique californienne. Pas moi. Cette musique paraît simple à première écoute mais c'est une superposition de thèmes, de lignes mélodiques, de choeurs qui se chevauchent, un véritable contre-point.
    As-tu vu Love and mercy qui évoque la vie et la maladie de Brian Wilson avec le merveilleux Paul Dano dans le rôle ? Je te le recommande vivement. La création de ces Good vibrations (je crois) y est décortiquée. C'est passionnant.
    God only knows... c'est magnifique je trouve.

    J'espère que ce message ne sera pas censuré car il est long :-)

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    1. Je ne censure rien, surtout les propos passionnants voir carrément essentiels.

      Je ne connais Liberati que par la simple lecture de ce roman. Je crois ne l'avoir jamais vu à la télé ni lu ailleurs mais ton histoire de sperme et de vomi, m'interpelle, m'intéresse (!?!). Même si on est loin de BEE...

      Sur une musique que la pop ou le rock qualifierait de légère, effectivement la musique des Beach Boys est bien plus recherchée sur les mélodies et les harmonies. Les voix se chevauchent magnifiquement, par exemple sur Good Vibrations ou sur Barbara Ann et ça doit pas être évident de chanter en décalé sur scène de cette façon, faire abstraction des autres pour poser individuellement sa voix. J'écoute pas tous les jours, mais à chaque fois que je les entends, ça me fait un bien fou. Et oui, j'avais vu le Love and Mercy, au ciné même, et j'avais beaucoup aimé aussi. Très intéressant. D'ailleurs, de mémoire, "Charles Manson" y fait son apparition pour lui "vendre" une de ses chansons (ou est-ce dans un autre film)...

      J'aime bien ces longs messages qui donnent du sens. Sinon pour revenir au roman de Liberati, je l'ai trouvé sans plus, c'est pour ça que je n'ai pas été cherché plus loin, mais ton histoire de vomi et de sperme, je vais m'y pencher :-)

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    2. Je me doute bien que c'est la plate-forme qui a avalé mes commentaires de première nécessité.

      Oui les beach c'est "léger", je comprends, mais leur harmonie vocale est bluffante.
      Le Manson qui essaie de vendre sa prose, ça me cause bien mais je ne sais plus si c'est dans ce film ou dans Once upon a time...

      Je savais que mon sperme et mon vomi (façon de parler) t'interpelleraient.
      Comme je trouve qu'il n'écrit pas formidablement bien et ne parvient pas à transmettre pas son émotion (on sent bien le garçon hyper sensible), je zappe.
      Mais tiens : https://youtu.be/oyP-ul-cHj4

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  2. Je n'ai lu, comme toi, que ce titre de cet auteur, et je n'ai pas été convaincue... pour résumer mes bémols, voici la conclusion de mon billet :

    "C'est comme s'il s'était contenté, à l'image d'un paparazzi en quête de sensationnel, de prendre une photo de l'envers du décor, de soulever, tel un voyeur fasciné par la dimension sanglante et légendaire de l'événement, un coin du rideau dissimulant la face obscure d'un univers de plaisirs faciles abritant la possibilité du pire. Du coup, je m'interroge sur le choix de son sujet, dont il ne tire aucune analyse, à partir duquel il n'exploite aucune piste de réflexion."
    J'ai donc lu "California Girls" comme je l'aurais fait d'un polar à l'ambiance glauque (et c'est à mes yeux la seule qualité de ce roman), dont les personnages et l'intrigue, sans réelle consistance, ne me laisseront pas un souvenir impérissable..."

    J'avais en revanche beaucoup apprécié le roman d'Emma Cline, "The girls", s'inspirant du même fait divers.

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    1. J'avais acheté en même temps le roman d'Emma Cline, mais refroidi par celui-là, j'ai jusqu'à présent repoussé sa lecture...

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