1921, Oklahoma. Déplacés puis parqués dans ce désert de poussière, la nouvelle terre d'accueil des Indiens Osages. Mais sous cette poussière, reposent d'immenses nappes de pétrole, faisant des Osages le peuple le plus riche du monde. De quoi attiser certaines convoitises, si tuer quelqu'un pour son pognon s'apparente à de la convoitise. Car, mystérieusement, alors que la population Osage vit dans l'opulence, son taux de mortalité est bien supérieur à la population américaine, dite blanche dans le coin de ce pays.
"Heure après heure, kilomètre après kilomètre, elle vacilla d'arrière en avant dans la charrette, traversant des paysages sauvages et déserts. La lumière finit par baisser et Mollie et le cocher durent s'arrêter pour dresser un bivouac. Lorsque le soleil disparut derrière la Prairie, le ciel devint rouge, puis noir, l'épaisseur de la nuit n'était diluée que par la lune et les étoiles desquelles les Osages pensaient que leurs clans étaient descendus. Mollie était devenue une Voyageuse de la brume. Elle se sentit cernée par les forces de la nuit que l'on entendait mais ne pouvait voir : les glapissements des coyotes, les hurlements des loups et le hululement des hiboux, dont on disait qu'ils étaient porteurs d'un esprit démoniaque."
Tués par balle, accidents de voitures, explosions de fermes, disparitions suspectes, empoisonnements... La malédiction noire des Osages déciment ces nouveaux riches, propriétaires d'un or noir qui attirera nombre de prétendants, prêts à tout pour récupérer une part du butin, y compris pour les proches des Osages même. C'est donc dans ces conditions douteuses qu'un certain J. Edgar Hoover va déployer ses premiers agents en infiltration pour tenter de résoudre le mystère, une belle découverte que la mise en place de ce bureau d'investigations.
"Le juge fit promettre aux douze jurés de rendre un verdict en accord avec la loi et d'après les éléments apportés - "Que Dieu vous vienne en aide !"
Mais une question cruciale ne fut jamais abordée, ni par le juge, ni par la défense, ni même par l'accusation : est-ce qu'un jury composé de douze hommes blancs pourrait condamner un autre Blanc pour avoir tué des Indiens ? Un journaliste sceptique nota : "L'attitude des colons, éleveurs de bétail, envers les Indiens non métissés est bien connue." Un éminent membre de la tribu dit les choses encore plus franchement : "Je me demande si ce jury considère qu'il s'agit bien ici de meurtres et non de maltraitance sur des animaux."
Mais une question cruciale ne fut jamais abordée, ni par le juge, ni par la défense, ni même par l'accusation : est-ce qu'un jury composé de douze hommes blancs pourrait condamner un autre Blanc pour avoir tué des Indiens ? Un journaliste sceptique nota : "L'attitude des colons, éleveurs de bétail, envers les Indiens non métissés est bien connue." Un éminent membre de la tribu dit les choses encore plus franchement : "Je me demande si ce jury considère qu'il s'agit bien ici de meurtres et non de maltraitance sur des animaux."
Le livre de David Grann, une version True Crime légèrement romancée, s'occupe avant tout des faits. Il enquête, il interroge, il décrit. L'atmosphère, les paysages, l'âme humaine. Le travail d'un écrivain journaliste. Beaucoup de mondes donc se retrouvent dans les premières pages, qui ne permet pas de s'attacher aux personnages qui eux n'ont rien de fictifs. Mais peu d'émotions, les faits, rien que les faits dans la beauté du désert de l'Oklahoma où des puits de forages fleurissaient dans le temps comme autant d'éoliennes de nos jours. Et après... Après, Sur la Route du Cinéma m'entraîne vers le film Killers of the Flower Moon de Martin Scorcese qui à l'image du bouquin semble laisser peu de place à l'émotion, mais n'en reste pas moins une fresque admirable selon Le Tour d'Ecran, également admirateur de la non-fiction à l'image du précédent Grann, the Lost City of Z...
"La Note Américaine", David Grann.
Traduction : Cyril Gay.
"La nuit tombait. La ville, les rues et la Prairie au-delà étaient désertes. "Cette terre est gorgée de sang", commenta Mary Jo. Elle se tut un instant et nous entendîmes les feuilles des chênes bruisser dans le vent. Puis elle me rappela ce que Dieu avait dit à Caïn après le meurtre d'Abel : "La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu'à moi."
"A partir de 1877, il n'y eut presque plus de bisons à chasser - les autorités ayant vivement encouragé les colons à les exterminer sachant bien que, selon les termes d'un officier de l'armée, "chaque bison mort est un Indien de moins"."
J'ai aimé le livre et le film, malgré cet aspect un peu distancié que tu soulignes. Et je récupère ton lien, car ce billet s'inscrit dans l'activité sur les Minorités ethniques !
RépondreSupprimerTu as bien fait pour les minorités, je n'y pense pas forcément, mais sujet fort intéressant...
SupprimerEt le bilan, que je publierai en fin d'année, sera particulièrement riche !
SupprimerOui, j'ai jeté un coup d'œil, y'a du monde et pas que des amérindiens...
SupprimerLe genre de film et de musique qui hantent des semaines après les avoir vus et entendus. Les grands réalisateurs font de grands films. Il faut dire que le sujet est grand. Dommage que Leo fasse le con...
RépondreSupprimerDès que je termine mon Kundera (avec ce con de Tomas de L'insoutenable...) j'attaque Les naufragés du Wager en attendant le film... de Scorsese avec un certain Leo. Ça va encore secouer.
Merci pour le lien.
Les naufragés du Wager, encore un David Grann... Autre ambiance, autre époque. Tu as lu cette "Note Américaine".
SupprimerDe rien pour le lien, de toute façon, je ne suis plus lu, donc ça change pas grand chose, mais j'avais envie, pour une fois que j'y pense...
L'insoutenable légèreté de l'être... ma foi, l'un des rares livres que j'ai abandonné... A l'époque, je n'étais pas non plus dans cet esprit littéraire... Mais malgré tout, même avec le recul de deux ou trois décennies après, je n'ai pas envie de le retrouver...
Non, je n'ai pas lu La note. Maintenant que j'ai vu le film, pas sûre que je m'y attaque. Parfois voir un film me donne envie de lire le roman, pas là. Va savoir...
SupprimerMême quand des blogueurs mainstream me "lient", ça ne m'amène pas grand chose. J'ai souvent l'impression de garder ce blog pour les quelques fidèles et pour l'instant ça me convient.
"L'insoutenable..." est fini. Je suis contente de l'avoir lu pour ne pas rester idiote mais je pense que ce sera mon seul Kundera même si je suppose qu'il n'a pas écrit chaque fois le même livre. Les personnages sont tellement antipathiques. Tomas a une teub à la place du cerveau et de chirurgien devient laveur de vitres. Et Tereza, jalouse comme c'est pas permis, tire tout le monde vers le bas avec sa médiocrité. C'est censé parler d'amour, je n'en ai pas vu la trace.
Ils meurent dans un accident de voiture au milieu du livre et... on est un peu surpris mais on s'en fout. Ils reviennent ensuite en flash-backs.
Il y a une trentaine de pages qui parlent du "kitsch"... je suis infoutue de dire de quoi ça parle.
Donc, cette littérature n'est pas pour moi.
L'émotion putain : YENAPAS !!!!
Pas mieux... Ca ne me dérange pas de lire le roman après le film ou inversement. Parce que d'un côté ou un autre, c'est toujours sujet à imagination, d'un réalisateur ou d'un écrivain. Cela diffère souvent. Et des fois après avoir vu ou lu l'un ou l'autre, je n'ai pas envie de faire le second pas...
SupprimerL'EMOTION PUTAIN ! yaqueçadevrai...
Mais PUTAIN OUECHE quoi !
SupprimerBonsoir Le Bison, c'est vrai que ni Grann ni Scorsese ne font dans l'émotion. Pour les naufragés du Wager, c'est la même chose. Des faits, encore des faits, toujours des faits. Bonne soirée.
RépondreSupprimerMerci du passage. J'ai un autre Grann en stock, une histoire de procès et de condamné à mort...
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