lundi 15 avril 2019

Chimay ou Saké


Aujourd’hui, je m’envole pour le Japon. Rendez-vous amoureux avec cette brune épicée biberonnée à la bière dès les prémices de l'enfance, de la gueuze à la Chimay au pays du saké. Sans stupeur, ni tremblement. J’ai toujours aimé boire des bières brunes avec une belle brune, surtout en tenue d’Adam et d’Eve. C’est comme ça qu’elle est la meilleure, la brune. D’ailleurs cela fait bien longtemps que je l’ai perdu de vue. Des mois que mon chemin solitaire s’est vu écarter de sa route, littéraire. Bref, je m’écarte de la voie de la bière, ou celle de l’amour, ou celle des cerisiers japonais. En 1989, Amélie atterrit au Japon, comme un retour  au pays de son enfance. Elle donne des cours de français – ou de belge, va savoir les mystères du langage et son décodage – et tombe amoureux de son élève, Rinri. Et comme Rinri rime avec Amélie, je laisse de côté la Kirin, bonne pour accompagner quelques sushis et autres yakitoris, pour me rincer l’œil d'une belle gueuze, une geisha au kimono entrouvert, sers-moi donc une Chimay que je mate ton sexe épilé.

« Nous bûmes de la bière Kirin. J’avais apporté de la Chimay qui se fût bizarrement accommodée avec la sauce d’Hiroshima. Les cervoises asiatiques sont d’idéales bières de table. »

 
Un roman léger, légèrement autobiographique, qui prête parfois à sourire ; le choc des cultures est toujours source d'amusement ou de quiproquo. Orient-occident, deux mondes qui s'affrontent, deux perceptions différentes de la vie, et de l'amour. Si j'ai souri un peu à la lecture de celui-ci, il m'a aussi entrouvert les portes d'une certaine nostalgie enfouie à la surface de ma mémoire. Gravir le Mont Fuji est une expérience inoubliable, me dire que je l'ai fait quelques mois avant Amélie me renvoie à mes lointains souvenirs. Me dire aussi que j'aime boire des Chimay en compagnie du sourire, le plus beau, d'une brune me plonge dans ce spleen indéfinissable qui a plongé dans ma vie depuis tant d'années maintenant.

Si « Stupeur et tremblements » m'avait fait frissonner de plaisir, voir même sourire, ce nouveau tome des aventures d'Amélie au pays du soleil levant, m'a paru plus long, pourtant Amélie la prolifique ne fait guère dans la longueur romanesque. Mais le temps a passé depuis la découverte de ce premier roman, les souvenirs du Japon sont encore présents dans mon esprit, mon âme s'est perdu entre les pages de la vie, Amélie a vécu cette ébauche d'amour, Rinri est resté sur le quai d'une gare. Mais voilà les hommes aiment en silence, les femmes expriment leur amour, et celui d'Amélie se terminera par un billet sans retour pour sa terre d'adoption, celle de la gueuze et de l'écriture. Ce fut probablement salutaire pour l'écrivain renommée qu'elle devint ensuite...

« - On fabrique encore à Bruxelles une gueuze artisanale…, dis-je. »


« Ni d’Eve ni d’Adam », Amélie Nothomb.

12 commentaires:

  1. J’ai un peu de mal avec l’auteure, mais pas avec une bonne Chimay :)
    Tu n’avais pas De Chimay dans ta cave ? ??? ca ne va pas du tout ça ^^

    ;-)

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    1. Il n'y a pas que du bon chez l’auteure, contrairement à la couleur de la Chimay, bleue rouge ou écrue.

      Mais si en plus, j'en ai de la Chimay (rouge et bleue) mais j'ai bu cette Rochefort, tout aussi bonne, avant de lire ce passage. Je suis franchement trop nul. Cela aurait eu tellement plus de classe de sortir la Chimay à ce moment-là...

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  2. Je fais partie des fans inconditionnelles tout en admettant que la brièveté de ses romans (tous lus) laissent parfois sur sa faim.
    J'attends un "pavé" de 500 pages. Le fera t'elle un jour ?
    Je préfère les épisodes autobiographiques. Et mes préférés restent, dans l'ordre de préférence : Métaphysique des tubes, Le sabotage amoureux, La nostalgie heureuse, Stupeur et tremblement.

    Orelsan... Je dis "monsieur". Bravo.

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    1. Carrément une fan ! Waouh... Moi je suis surtout fan des bières belges...

      Orelsan... Sa découverte, ce fut surtout l'occasion d'un partage avec mon fils, et... j'ai trouvé son album, ses textes vraiment intéressantes. Une très belle écoute... Il rajeunit un peu ma musique...

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  3. Comment disait San-Antonio : "Ni des lèvres Ni des dents" !

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  4. Pas lu celui-ci et je ne bois pas de bière, la lose totale !

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    1. Je vais finir par t'appeler manU la lose, plutôt manU la grenouille !
      #instafrogthelose

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  5. Un roman nostalgie et souvenirs épicés au pays du Soleil-Levant. J’imagine à quel point c’est bon, doux et troublant à la fois. Aussi troublant qu’une belle brune en kimono...
    « les hommes aiment en silence »
    Et le silence parle, il suffit de tendre l’oreille...

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    1. Une brune, troublée et troublante, en kimono a toujours de quoi m'émouvoir... en silence...

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  6. Amélie Nothomb, elle est plutôt champagne... ;-)

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    1. Mais comme je ne le suis pas du tout... je ne lui laisse pas le choix... Ça restera saké ou chimay !
      Et peut-être que ce n'est qu'avec le succès qu'elle s'est embourgeoisée au champagne...

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