« Peut-être aurions-nous vraiment pu rester là-haut pour toujours, et
personne ne s’en serait jamais aperçu. »
A la recherche de fraîcheur et de
plantes pour Génépi, mon regard se porte vers là-haut, vers l'infini et au-delà des nuages, des
cimes majestueuses parcourues par des bourrus locaux, des chamois ou quelques
touristes. Que vais-je bien y trouver là-haut que je n’aurais pas ici, en
bas ? Le silence, probablement. Car plus l’on monte, plus il est accepté,
probablement pour pouvoir y communier toute l’essence de son être avec celle de
la nature. L’amitié aussi. C’est dans ces hauteurs au milieu de la rocaille et
du silence que va se forger une amitié forte, et durable, espérons plus que les
neiges éternelles qui fondent à vue d’œil, entre deux gamins, un de la ville,
l’autre d’ici. Pietro et Bruno au cœur de la vallée d’Aoste. L’apprentissage de
la vie, la vie de son père aussi.
« En montant, j’aimais m’arrêter une minute au bord du lac. Je me
penchais pour caresser l’eau et en sentir la température au contact de ma peau.
Le soleil, qui illuminait les cimes du Grenon, n’était pas encore arrivé jusque
dans la vallée, et le lac gardait une qualité nocturne, comme le ciel quand il
ne fait plus noir et que le jour tarde à venir. Je ne me rappelais plus très
bien les raisons qui m’avaient fait m’éloigner de la montagne, ni ce que
j’avais aimé d’autre quand je ne l’avais plus aimée elle, mais j’avais
l’impression, en la remontant chaque matin en solitaire, que nous faisions
lentement la paix. »
Des souvenirs d’enfance, des brouilles
avec le vieux, des regrets finalement. Entre mélancolie et tristesse, ce roman
est avant tout une histoire de solitude et de silence. J’écoute le vent, j’entends
une trompette un piano comme un air de jazz, air pur air sensuel. Je perçois
même le cri de la marmotte en rut, et tout devient beau dans ce silence empli
d’amour et de respect. L’eau s’infiltre entre les roches lui conférant des
années après sa pureté, comme l’amitié qui met des années à se construire, dans
la patience et le silence des montagnes.
Ces huit montagnes seraient donc le
genre de roman à offrir pour entretenir l’amitié, juste avec une bière à
partager et de longs silences qui en disent souvent plus sur les émotions que
des mots envoyés au vent. Que leurs cimes percent les nuages himalayens ou
transalpins, le regard se porte toujours vers l’intérieur, celui de l’âme, et
donc de l’âme de l’autre, compagnon de cordée, de route ou de vie.
Merci.
Merci.
« Les Huit Montagnes », Paolo Cognetti.
Traduction : Anita Rochedi.
« - Tu veux dire que ça va prendre du temps ?
- Je ne sais pas. Une chose après l’autre, tu veux ? Là, on boit une bière.
- D’accord, on boit une bière. »
Très bon bouquin qui nous rafraichit. J'ai beaucoup aimé ainsi que Le garcon sauvage. Moins Sofia s'habille toujours en noir (dont je ne me souviens même plus). Evidemmment très bien illustré musicalement, ce qui chez toi n'est pas une surprise. Quel homme de goût ce Bison.
RépondreSupprimerAller chercher un sarde pour illustrer un bouquin des montagnes italiennes, reconnais qu'il y a plus judicieux :-) Heureusement que le goût est surtout dans cette Kasteelbeer Ingelmunster...
SupprimerLe garçon sauvage est aussi tentant... Sofia s'habille toujours en noir, un titre plutôt énigmatique
Lu & beaucoup aimé Le Garçon sauvage...
RépondreSupprimerJe ne m'en souviens pas... Tu n'as pas fait de billet dessus !!!
SupprimerEt non, une fois de plus...
Supprimerfeignasse, au lieu de patauger dans la mare avec un verre de mojito...
SupprimerBonjour le Bison, très beau roman avec des personnages attachants. Il faut que je lise le Garçon sauvage. Bonne journée.
RépondreSupprimerJe pense aussi trouver d'autres silences dans le Garçon sauvage...
Supprimer... my pleasure ! ;-)
RépondreSupprimerLe temps de s'assoir, de se poser, de profiter, de savourer un whisky, un rhum ou deux, un armagnac, le ventre vide ou plein..........
dans un fauteuil en cuir, j'espère... au moins pour le whisky et les verres de rhum...
SupprimerIls me touchent les mots de ce billet. Ils me touchent par l’amitié dont ils sont porteurs. Ils me touchent par la « mélancolie et la tristesse ». Le silence des montagnes et la communion. Les souvenirs d’enfance. Le compagnon de cordée qui est au seuil de toutes les ascensions possibles et impossibles...
RépondreSupprimerIls me touchent les mots de ce commentaire...
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