lundi 5 août 2019

Les Etrons de la Vie

Une visite au zoo de Vincennes s'impose. Là, j'espère rencontrer Pierre. Un pauvre type qui me ressemble. Sauf que lui, il ramasse la merde des animaux. Des brouettes de merde sous toutes ses formes sous toutes ses couleurs. Des kilos et des kilos de chargement. Et je ne te parle pas du panda qui chie plus qu'il ne mange. Mesdames, avant de lire ce roman, sachez que vous ne regarderez plus jamais la peluche, si mignonne, de votre panda qui traîne sur votre lit lorsque vous aurez lu la quantité d'étrons que cette bête, de prime abord si charmante, peut déverser dans sa cage. Un roman qui commence les deux pieds dans la merde perçoit forcément toute mon attention. Peut-être même que ça porte bonheur – ou pas...

« Je vous épargne les détails, ce qui compte ici n'est pas là. Pour faire court je vais vous proposer ce que j'appellerai un résumé épileptique.

Trente et un ans. Pétage de plombs. Engueulades familiales. Engueulades conjugales. Engueulades professionnelles. Professionnel de l'engueulade. Maîtresses (dans certains cas, la langue française devrait prévoir une marque de pluriel répétée, comme dans « maîtressesssss », qui prendrait une profondeur subtile évoquant le grand nombre tout en incluant le degré de pourriture – ou de mal-être, c'est selon – du mec concerné). Licenciement. Rupture. Éloignement des amis, de la famille. Dépression. Alcool. Baise. Alcool surtout. Vide. Long vide. Psy. Et Roosevelt. »


Pierre, neurasthénique devant les aléas de la vie, s'allonge sur le divan de sa conscience et me parle d'amour. De son histoire d'amour, moi les romans d'amour c'est mon kif. Et de la perte de celle-ci, car chose étrange – ou pas – la mort semble roder autour de Pierre. Cinq heures du mat', j'ai des frissons, je claque des dents et je monte le son. Ne plus entendre cette voix qui m'interpelle, j'remets la radio. Café noir, je sors prendre l'air, un dernier verre. Sous mes pieds, la mer, la terre, l'Enfer. Une voiture de flics me serre. Deux types pas très fringuants en sortent et m'embarquent. Ils ne veulent pas me croire. Trop de cadavres, pas assez d'alibi. J'ai mon compte, plus de cigarettes, la gueule en vrac. Insomnie chronique, amours perdus, toujours l'même air à la radio, toujours ce sang qui dégouline de sa gorge, ce sang qui cogne cogne dans mes tempes. Je suis comme dans un roman noir, avec son versant cynique, pendant que son sang coule entre ses cuisses, et que je renverse mon café noir sur mon sexe en érection. Bouillant, brûlant..

« Baisez. Bouffez. Buvez. Jouissez. »

La dernière page du roman noir se tourne, reste un souvenir du genre je te retourne. Masturbation, éjaculation. La sodomie, un roman de l'amour, une histoire de vie. La mort rôde autour – pour ne pas dire en – moi. C'est mon premier Chattam, certains diront que c'est pas du Chattam, moi j'ai adoré cette version de Chattam, Pas sûr que j'accroche aux autres, après tout, je ne suis qu'un mortel dans le coma depuis quelques années maintenant.

« Le Coma des Mortels », Maxime Chattam.


« Dix jours après la fin de ma dépression, deux cours de théâtre, et j'étais à nouveau apte au bonheur. Vous savez comment je l'ai su ? Parce que ce matin-là je me suis levé et j'ai mis de la musique joyeuse pour chanter en ma lavant et en choisissant mes fringues, comme on le fait lorsqu'on est un ado bien luné. Réfléchissez un instant à la dernière fois que ça vous est arrivé.
Moi, j'ai mis "The Power of Love" de Huey Lewis et j'ai beuglé, avec ma brosse à dents, avec le manche de mon balai, avec une paire de chaussettes roulées en guise de micro, mon appart était ma scène. Le ridicule, la dignité, tous ces trucs-là, dans un instant comme celui-là, ce sont des notions d'adulte blasé, sauf si votre fenêtre est ouverte et que le voisin vous surprend : là, plaidez la démence, dans notre monde mieux vaut se faire choper en train de se masturber que d'avoir l'air heureux sans raison. »

8 commentaires:

  1. Je n'ai pas de panda en peluche, tu crois que ça peut me plaire ?

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    1. Je sais pas... Faut aimer avoir les pieds dans la merde... et ne pas y espérer trouver du bonheur... Les avis sont mitigés entre les vrais fans de Chattam et les autres, moi il a fait un peu mon bonheur, c'est que les vies de merde, ça me passionne...

      Citation pour la cinéphile que tu es : "Le matin même, dans un sale état qui me fait deviner ce que ça doit être de vivre dans la peau de Gérard Depardieu, je me jette sous la douche pour laver la couche de conneries qui m'enveloppe depuis la veille..."

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  2. Jamais lu Chattam non plus... pas très envie... maême si tu attises ma curiosité...

    Ca fait mal le café brulant ? :)

    Chacun fait fait fait s’qui Lui plaît plait plait... précipice on s’en fouuuu !!! On avait fait une chorée en 5ème lolll

    Dis tu veux bien me la rechanter ? :D

    Rohhhh ca va je rigole !!! ;-)

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    1. moi, je ne chante pas... je ne parle pas... je ne rigole même pas... je bois juste du café brûlant... en silence avec la voix de Gregory Ken...

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  3. "Masturbation, éjaculation. La sodomie, un roman de l'amour, une histoire de vie
    Nul besoin d'en lire plus, je suis conquis !! ^^

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    1. Je n'en doutais point, mon cher ! Je sais comment attirer... :-)

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  4. Ayoye... du café noir sur la bizoune ça doit pas faire de bien... de quoi donner envie de prendre ta peluche de panda entre tes mains et pleurer à chaudes larmes.

    S’allonger sur le divan de sa conscience c’est fucking hot.
    De quoi te donner envie de pleurer en lisant un roman d’amour qui ressemble un peu trop à ce que t’as vécu. Même si ça fait mal.

    Je n’ai jamais lu cet auteur et j’en ai pourtant follement envie. Peut-être qu’un jour je croiserai toute cette merde de panda.

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    1. oh non, ça c'est sûr ça fait pas du bien à la bizoune. Surtout si le café est brûlant...

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