Seulement
pour les fous. Le suis-je assez pour m'atteler à la réputation de
ce guide du solitaire. Solitaire, je le suis et je suis ainsi la
route d'un Loup des Steppes. Le loup, est-ce mon image littéraire ?
Parce que Hermann Hesse aurait très bien pu écrire Le Bison des
steppes. Tout aussi fort, tout aussi seul. Il y aurait suffit de
remplacer le vin d'Alsace omniprésent dans ce roman (et ma foi, je
déguste ces pages entre Riesling, Gewurtzraminer et Tokay...) par
une vodka à l'herbe de bison, laisser Mozart, le grand, sur la
platine. Born to be wild.
« Le
vin d'Alsace, c'est encore ce qu'il y avait de meilleur. Je n'aime
pas, du moins pour tous les jours, les vins violents et sauvages qui
étalent des appâts puissants et possèdent des bouquets célèbres
et spéciaux. Je préfère les petits vins campagnards purs, légers,
modestes, sans noms particuliers; on en
boit facilement en grande quantité, et ils ont le goût simple et
doux de la terre, du ciel, de la campagne et de la forêt. Un verre
de vin d'Alsace et une tranche de bon pain, c'est là le meilleur
repas. »
Le
Loup des steppes, c'est une bête meurtrie que la vie a esseulé.
Reclus dans sa chambre de bonne, à regarder le plafond mansardé, il
écoute cet air de musique, de la grande et belle musique d'un autre
siècle, d'une autre chambre. Born to be wild. La nuit illumine de
ses étoiles et de sa lune, bleue et belle, son regard de chien
battu, triste et sombre, d'une vie sans vie. Il erre dans les rues
sombres et dérangées, il regarde les femmes de belles vertues se
dénuder à moitié sous le halo blafard de quelques lampadaires
fatigués. Quelques enseignes lumineuses l'attirent, attisent sa
curiosité, promesse d'un verre de vin ou d'une belle putain.
« On
m'apporta un poulet rôti qu'on me vanta, le jet clair du vin
d'Alsace coula dans le verre bavarois ; »
Et
si son salut était venu de cette rencontre, Hermine... Parce qu'il a
toujours au fond de lui cette étrange passion des noms en -ine. Que
la bibine coule donc à flot... Et la vaseline... Une ode à la vie
et à l'amour. Un corps puisamment bandant et attirant, le sourire
d'une vie... Mais loup des steppes, petit scarabée, tu resteras...
Solitaire, à écouter dans le noir d'une chambre ou d'une vie, Born
to be wild, chevauchant en rêve femmes et motos, Born to be wild...
« il
passe des journées dans les bibliothèques et des nuits dans les
brasseries, il reste étendu sur un divan de meublé, il entend vivre
derrière les vitres le monde et les humains, se sait exclu, mais ne
se tue pas, car un reste de foi lui dit qu'il faut absorber jusqu'à
la lie cette souffrance, cette souffrance empoisonnée qui est dans
son cœur, et que c'est d'elle, de cette souffrance, qu'il lui faut
mourir. »
A lire : ma peur du loup sur Blogart...
A lire : le cri du loup, toujours sur Blogart...
A lire : ma peur du loup sur Blogart...
A lire : le cri du loup, toujours sur Blogart...
« Le
loup des Steppes », Hermann Hesse.
Traduction :
Juliette Pary.
1969
1976
1986
2006
Waouh! Cri de loup approximatif. Ma peur du loup, c'était le titre de mon article, 5 mai 2013. Oui cher Bison Le loup des steppes me faisait peur et ce faisant je n'ai apprécié qu'à moitié ce livre pourtant célébrissime, mais à mon avis pas si lu que ça (voir Proust, Joyce par exemple). Par contre quatre versions de Born to be wild, c'est mérité tant "Howling" John Kay, l'Allemand de Steppenwolf, a gravé dans le marbre l'hymne rock définitif. Also sprach Eeguab, like a Sioux, Sioux native child. Danke schön mein Freund.
RépondreSupprimerLe pire, c'est que je l'avais lu ton article avant de rédiger le mien. Parce que je savais que je le trouverai forcément chez toi... Je me suis dit qu'il fallait que je te rajoute en lien, pour cet autre aperçu. Et puis, ben j'ai oublié, con que je suis... Voilà, maintenant c'est corrigé...
SupprimerMerci cher Bison des plaines pour ce Loup des Steppes dans lequel il est évident que tu peux te reconnaitre en partie. Toujours un plaisir de lire tes notes au nom de la fraternité des loups et des bisons.
RépondreSupprimerle plaisir et surtout l'émotion est pour moi de savoir que tu prennes encore quelques minutes pour me lire ou m'écouter - j'aurais envie de rajouter parce qu'il est évident que je n'ai pas grand chose à dire dans la vie.
SupprimerLe loup des steppes, je l’entends la nuit au bord du lac, de ma cabane... il hurle... il est audible partout où l’homme l’entend, où il veut l’entendre.
RépondreSupprimerLe loup, solitaire, bienveillant. Je voudrais vivre auprès d'eux. Et me laisser dériver...
Born to be wild. Crisse que t’as entre les majeurs de beaux livres.
Merci à Eeguab qui me l’a fait un jour découvrir (l’auteur)...
Je lève mon verre à toutes ces histoires touchantes, aux loups qui ne demandent qu'à être apprivoisés, à l'image des hommes...
que ça doit être un beau le chant d'un loup, la nuit, perçant le silence de la lune... tu vis dans un pays magnifique...
SupprimerTu lèves ton verre à qui pour cette découverte, toi ?!? ^^
RépondreSupprimerje lève mon verre à tous les loups et les bisons des steppes :-)
Supprimeret les louves...
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