Obscénité

Une jambe qui démange, la seconde qui suit
C’est Memphis, Tennessee.

Le pantalon rose et large, le Rimmel noir cou-le
Dans ce honky tonk, le rock’n’roll se joue, 
Whiskey sour et Blue Suede Shoes,

Sur un rythme effréné. A voir ce corps possédé
Comme un démon en sueur. Pères et maris ont peur
Devant ce déhanché tant d’obscénité.

Captain Marvel contre Colonel Parker,

l'âme rebelle, il n'y a pas une erreur ?

- Qu'on lui coupe les tifs ! Qu'on le jette en prison !

La vindicte populaire a sonné,

le rock est devenu hystérie,

La folie s'empare de Vegas.

« Elvis », Baz Luhrmann.

Alors mesdemoiselles, belles dames,

si vous voulez jetez vos petites culottes portées,

je vous donne mon adresse en privé ;-)

"Pour ne pas céder à l'abattement, mieux vaut se remémorer que le Tennessee est également le berceau de la country, du rock et du blues. Et que Memphis, l'une des deux grandes villes de l'Etat, abrite Graceland, où Elvis Presley repose pour l'éternité. D'ailleurs, des commémorations se préparent car le King a quitté cette terre il y a pile quarante ans. Emporté par trop d'alcool, trop de drogue, trop de tout, bouffi, clownesque, tragique. Mais ici, on ne plaisante pas avec l'idole. On en parle avec révérence. Warren, la soixantaine bien sonnée, quelques pintes de bière au compteur et des santiags usées aux pieds, affirme même, avec l'air de celui qui sait mais ne peut pas en dire davantage, qu'Elvis, « bien sûr », est vivant. Il coule des jours paisibles quelque part dans l'arrière-pays, dans un ranch à l'abri des regards. Il a des cheveux blancs, longs, un chapeau de cow-boy, il a minci, les gens ne le reconnaissent pas, seuls quelques initiés se découvrent sur son passage, promettant en silence de garder le secret."

[Philippe Besson, on the road - De Chicago à la Nouvelle-Orléans.

America N° 03/16.]