mercredi 8 février 2017

Flamenco Hindou

La dernière fois que j’ai dû écouter John Mc Laughlin, c’était à l’époque où je passais mes journées allongées dans la fumée d’un ashram à l’autre bout de la planète. Autant dire une autre époque, les cheveux longs gras et sales, des femmes aux seins nus vaquaient de fellation en fellation sous la tente, c’était le bon temps de l’amour et de la liberté et jouissance sans tabou ni préjugé. Le bon temps, en somme, celui du jazz, celui de la fusion, celui où le jazz fusionnait avec le rock en même temps que je fusionnais avec cette brune aux jambes interminables.

Bon, je vois que tu restes dubitatif face aux frasques de mon vécu imaginaire. Quelques années en fait que je n’avais pas écouté le guitariste, mon dernier plaisir datant de l’époque de Shakti ou des grands moments du Mahavishnu Orchestra. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, dès les premières notes perçues, je me retrouve plongé, les cheveux rasés, dans cette ambiance Mahavishnu, les années soixante-dix les fleurs et les seins nus – non, je ne fais pas une fixette sur les seins nus. La guitare électrique de Sir John, je lui donne même des lettres de noblesse, tant il parait l’un des derniers survivants de cette époque. Ambiance rock ou ambiance feutrée, au choix, qui accompagne volontiers un verre de vin, rouge pour la précision. J’imagine un petit côte du Rhône sans prétention, certainement illuminé par le soleil de Vishnu.





Et au milieu de cette guitare coule quelques tablas qui viennent raviver mon souvenir d’inspiration indienne, celui d’une hindoue dansant ses croyances, un point rouge sur le front, les seins nus dansant sous mes yeux. Perdu dans mes considérations esthétiques et safranées, je me rends à peine compte que John a repris son acoustique, délaissant l’électrique pour un titre, « El Hombre que Sabia », hommage à son pote d’ashram, du temps où ils jouaient ensemble des rythmes indiens pieds nus, ou du temps où ils jouaient des airs de Flamenco sentant bon la sensualité andalouse. Este Hombre es el gran Paco de Lucia de la Mancha. Dos cervezas, por favor,  le temps de demander à la serveuse mi-andalouse mi-danseuse de flamenco si elle veut jouer avec mes castagnettes qu’elle s’enfuit derrière le comptoir, son grand sourire resplendissant faisant voler les plis de sa robe en y dévoilant ainsi ses atouts charmants.

La musique me perdra un jour, je ne peux l’écouter sans fantasmer, sans délirer, car elle m’emporte me fait voyager me libère de cette routine grisâtre et polluée de mon terne quotidien. Éteins la lumière et laisse-toi caresser par cette lumière noire… 



Black Light, [2015]John McLaughlin.


4 commentaires:

  1. Allonges-toi sur mon divan et parles-moi de ton vécu imaginaire ^^
    J'ai une heure devant moi, tu penses que ce sera assez?
    T'as fini tout le rouge ou t'en as laissé un peu? Pfffff!!!!
    Plus sérieusement cette musique est sublime, j'ai toujours aimé, surtout quand je l'imagine avec un bel andalous le cul à l'air titillant mes cordes sensibles.

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    1. Je m'allonge où tu veux, du moment qu'on me serve une bière...

      PS : je ne parle pas, moi. Je m'allonge juste...

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  2. Quand j'ai vu "Flamenco et Hindou" j'ai eu du mal à croire à un tel mariage. Mais pourtant ça le fait, ça le fait même très bien. Une éternité que je n'ai écouté du MC LAUGHLIN ...
    Tiens si je ressortais mon cd poussiéreux du trio Friday Night in San Francisco :)

    Merci Gringo pour ce partage ;-)
    Olé !

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    1. Moi aussi, cela faisait vraiment longtemps que je n'avais pas écouté McLaughlin... Depuis probablement ses albums avec Shakti. C'est dire la poussière qui a du s'accumuler sur mon être...

      Un friday Night in San Francisco, un domingo ? Est-ce possible... Pourquoi pas, après tout...

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