vendredi 14 septembre 2018

Madame Butterfly

« La Toyota glissait sans heurts dans la nuit.
Une nuit claire, une nuit sans vent.
Des putes au coin des rues, et aussi des junkies.
Dans ces rues, il se passe toujours quelque chose, pensa Frank, dans ces rues on ne peut pas se cacher la réalité. »

L'univers de la nuit, nuit chaude, bouillante de sueur, de peur et de foutre. Des coins glauques en ruelles sombres, je déambule le long du trottoir, entre deux lampadaires qui illuminent faiblement deux putes d'un côté et deux junkies de l'autre. Les unes me regardent, les autres ont leurs regards portés sur une seringue. Je suis à la recherche de Frank mon alter-ego. Un flic de bas étage renfermé sur lui-même qui en a vu des saloperies de la rue, mais qui n'est pas très blanc non plus. La nuit, de toute façon, tout est noir ou gris. Même l'âme de New-York.


Autour de Frank, il y a un capitaine véreux, des flics qui s'arrangent avec la loi, des flics qui font la loi, des flics qui sont la loi. Mais il y a surtout Marjorie, alias Capitaine Butterfly, femme intègre de la police des polices qui enquêtent sur ce district aux mœurs écœurants, sans foi ni loi. Une longue paire de jambes, un cul ferme, une bouche qui s'immisce dans les secrets voluptueux de mon gland. Ambitieuse, rien ne saurait l'arrêter pas même la peur, et c'est en serrant les couilles de Frank qu'elle arrivera à ses fins pour faire plonger ce commissariat dans le chaos le plus complet. Ou pas. Un doute peut toujours subvenir, aux détours d'une ruelle sombre et puante, parmi les détritus de la vie, ces putes et leurs macs, ces junkies et leurs seringues, ses clochards et leurs cartons... Rien n'est sûr dans ce district et encore moins d'espérer à mon âge. Me lever au petit matin, rues endormies bite endormie, les drapeaux sont en berne, putain de vie.   

« Frank s'arracha du bord de la baignoire et se regarda dans la glace de la salle de bains. Ses yeux lui parurent drôles. 
Il ouvrit son pantalon, sortit sa bite, en caressa le gland le serra fort. Puis encore plus fort. Il lui arrivait de sentir un pincement, depuis quelque temps, une légère brûlure, un petit chatouillement. Son rein, ou plus vraisemblablement sa prostate. Il tira sur sa bite, la lâcha, et la regarda retomber, recroquevillée, découragée. Elle avait l'air vieille et fatiguée. Elle avait quarante-six ans. »

Un roman qui se veut fidèle, polar classique digne des années quatre-vingt. Il pourrait faire un bon scénario pour un film des années quatre-vingt. Comprends par là que le livre, certes réaliste Bob Leuci ayant été lui-même inspecteur au NYPD, manque un tantinet d'actions, même si j'adore la scène où Marjorie s'agenouille devant son amant, lui défait un bouton deux boutons, descend son pantalon, son caleçon et prend son membre dans la bouche - oui je spolie un peu l'histoire. Effectivement, de nos jours, il faudrait une dose en plus dans les courses de voitures ou le cynisme de la vie. Au final, cela fait juste un roman qui dénonce la corruption et les violences policières mais c'est déjà pas si mal tant qu'il existera dans le vie des princes de New-York ou la bouche mystique de Marjorie.

« Captain Butterfly », Bob Leuci.

« - Tu voudrais que je te suce ton petit machin dans la cuisine ? Tu sais, pendant que tu regarderais par la fenêtre. Ce serait comme une expérience mystique pour toi, ma douceur. »


9 commentaires:

  1. Roman souvent cité par Antoine de Caunes.

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    1. Le principe de la pollinisation, semer et récolter la semence...

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  3. Bonsoir le Bison, jamais entendu parler de ce roman. Quand j'ai vu le titre du billet, j'ai cru que tu parlerais de Mme Butterfly de Puccini ou alors un film que je recommande absolument, invisible depuis longtemps : M. Butterfly de David Cronenberg avec Jeremy Irons et John Lone (le Dernier empereur) : un chef d'oeuvre. Bonne soirée.

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    1. Pour la cinéphile que tu es, Bob Leuci policier avant d'être écrivain s'est retrouvé dans le même genre d'histoire, devant dénoncer la corruption de son service. La vie de Bob Leuci fut mis en image par Sidney Lumet dans "Le Prince de New-York".

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  4. Les femmes sont des héroïnes altruistes.
    Et les hommes continuent de penser que s'enfourner leur bite dans la bouche est un plaisir partagé !

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    1. et tant que les livres seront écrits par des hommes...

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  5. Il y a peut-être quelques hommes qui n'écrivent pas qui s'en apercevront... 😉

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