Je l’imagine, elle, brune et parfumée,
venue enrober de ses longues jambes à peine caramélisées, l’instrument de sa
jouissance, son violoncelle. Dès la première rencontre, le premier regard, elle
m’a ému, elle m’a pénétré de son âme entière jouée dans sa musique. Et puis le
silence se fait. Je l’écoute encore plus. Troublant, ce silence avant qu’une note
reprenne vie à travers la fine cloison de nos vies séparées. Silence.
« Au
soleil couchant, le son du violoncelle est monté derrière la cloison. Les
ombres s’allongeaient démesurément. La lune s’est levée. La nuit est tombée par
la fenêtre. Et lorsque tout s’est tu, il est resté en moi l’écho d’un chant, le
frisson d’une caresse, le rêve d’un baiser. »
Etoiles. Je referme le livre qui
occupe essentiellement le temps de ma vie. Une vie sans lecture, je n’y pense
plus. Comme une vie sans musique. Et pour bercer cette vie, il y a ce silence,
un silence chargé d’amour, d’émotion et de tristesse. Comme dans les lumières
de cette constellation. Comme dans tout bon roman. Comme dans toute bonne
musique. La vie est faite de silence et de musique. De bière aussi. Et d’elle,
bellissimma ragazza.
« Tu
es le demi-ton. Tu es l’entre-deux, la note suspendue, l’équilibre fragile. Tu
es le vacillement qui contient la chute, tu es le fa dièse qui frôle le sol, un
presque sol ; tu es la défaillance retenue d’extrême justesse, tu es le
bord de l’abîme. Tu es ce qui pourrait être et qui n’est pas, tu es un
possible. Tu es cette note en mouvement obligé vers une autre, qui voudrait se
confondre avec elle et ne se confond pas. Tu es l’incertitude. Tu es la note
sensible. »
Je frappe à son mur, espérant
retrouver la magie de Mozart, de la musique, du violoncelle. De son âme. Les
notes reprennent, elle n’a pas fini ses répétitions, pour mon plus grand
bonheur, intimité de l’instant présent, moi, le silence et le souvenir de son
parfum, fragrance respirée d’un instant volé et ancrée profondément en moi.
Lune bleue. Je replonge mon désir sous la couette, le livre fermé et le silence posé,
la note sensible vers Morphée.
Chut, je lis Mozart et ses silences.
« Il aimait par-dessus tout Mozart, et dans Mozart la Petite musique de nuit, dont le nom évoquait déjà les chuchotements, la pénombre, les pas feutrés. Il voulait des murmures, il faisait de la place aux silences. L'archet glissait, le bras enveloppait le violoncelle. Le corps de l'un répondait à l'autre, ils entraient en conversation. Ils s'apprivoisaient. Pendant un moment, j'étais presque de trop. Puis le son montait. Vendello s'animait, Il entamait des sonates, des pans de concerto. Le bars s'affolait, allegro, l'archet sillonnait les cordes. Vendello relevait la tête, secouait ses boucles grises, il semblait quelquefois qu'il allait crever le bois. La musique enflait, la pièce était trop étroite pour contenir tant de volume. Les murs éclataient, vivace. L'archet redevenait léger, andante, puis grave. Largo. Nous étions dans un cube de brique et de ciment, sous un toit à Paris. Vendello se levait, enfermait l'instrument inerte dans la boîte noire. C'était fini. »
Chut, je lis Mozart et ses silences.
« Il aimait par-dessus tout Mozart, et dans Mozart la Petite musique de nuit, dont le nom évoquait déjà les chuchotements, la pénombre, les pas feutrés. Il voulait des murmures, il faisait de la place aux silences. L'archet glissait, le bras enveloppait le violoncelle. Le corps de l'un répondait à l'autre, ils entraient en conversation. Ils s'apprivoisaient. Pendant un moment, j'étais presque de trop. Puis le son montait. Vendello s'animait, Il entamait des sonates, des pans de concerto. Le bars s'affolait, allegro, l'archet sillonnait les cordes. Vendello relevait la tête, secouait ses boucles grises, il semblait quelquefois qu'il allait crever le bois. La musique enflait, la pièce était trop étroite pour contenir tant de volume. Les murs éclataient, vivace. L'archet redevenait léger, andante, puis grave. Largo. Nous étions dans un cube de brique et de ciment, sous un toit à Paris. Vendello se levait, enfermait l'instrument inerte dans la boîte noire. C'était fini. »
« La Note Sensible », Valentine Goby.
« Le soir, comme les deux premiers soirs, mon voisin a joué du violoncelle. A quoi ressemblait-il, ce musicien ? il n’y avait qu’à écouter. J’ai posé mon livre. »
elles sont éblouissantes !
RépondreSupprimern'est-ce pas !!
SupprimerBlue Moon, j'entends la musique, j'entends Mozart, et mon majeur frétille de bonheur.
RépondreSupprimerLe silence, les étoiles...
La note sensible et sensuelle. Une auteure à la plume douceur…
Et tes mots qui sont là.
Mes mots ne sont pas là. Seuls mes silences restent et s'imposent...
SupprimerJ’aime ces silences, la couverture, le titre et cette lune bleue !
RépondreSupprimerEt puis Mozart bien sur :)
Mozart, je sais pas, la lune bleue assûrement...
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