mardi 11 août 2020

Une Balle Dans La Tête


« Métro Charpennes. Elle marche vite. 
Claquent les talons de l'asphalteuse, le bruit de la salope pressée. »

Clap de début.
Prendre la route, un mot de Dostoïevski en tête, la première phrase, « Et parce que tu es tiède, et que tu n’es ni chaud ni froid, je te vomirais par ma bouche ».
De bon augure.
Manu et Nadine. Une tuerie, l’équipée sauvage.
Violente.
Ça va saigner, ça va gerber.
Une balle dans la tête.
Urgence des maux.

« Elle l'embrasse longtemps, il n'ose pas trop la peloter, Nadine le soupçonne d'avoir peur qu'elle le prenne mal. Il a les lèvres charnues, des traits d'enfants sur un visage d'homme, un enfant arrogant et exigeant, habitué à beaucoup d'amour. Les yeux mi-clos, il se laisse caresser, elle sent que sa queue est dure sous la toile de son jean. Elle se met à genoux en face de lui, sort son sexe et lèche le gland en bénissant la circoncision. Si elle fait de son mieux, s'applique avec sa bouche à le toucher comme il aime, avec ses doigts trouver comment prendre ses couilles, si elle fait de son mieux, elle l'entendra gémir. Elle relève la tête pour le voir, le fameux échange de regard entre suceuse et sucé. »


Urgence du sexe.
De ma queue dans ta bouche, de mon foutre dans ton sourire.
Sauvage, sexe dure. Violence des mots.
Les yeux fermés, une claque dans la gueule.
Wake up.
Sombre histoire.
Prends ce flingue, le sang coule sur la poussière du tapis
D’un hôtel miteux de bord de mer hors-saison.
Une balle dans la tête, tu lui as mis.
Avec envie.
Avec plaisir.
Avec jubilation.
L’urgence, malsaine.

Lèche-moi. Suce-moi. Mords-moi. Baise-moi. Sans concession.
Retourne-toi et regarde ces cadavres qui parcourent cette vie de merde.
Aucun espoir. Le noir total, le rouge sang, le blanc foutre.
Les couleurs se déchaînent, se déversent sur le bitume, le sang coule, corps qui tombent, sourire éteint des uns, sourire malin des unes. Fout le camp avec ton beau sourire de Play-boy, déchire cette page de ta vie. Sous l’œil du réverbère ou de la lune, une détonation, fulgurance de l’instant, la rage, une balle dans la tête. Putain, il s’est chié dessus. Putain, je me retourne et je gerbe dans le pot de fleur. Mon âme poétique.

Que dire de plus d’un tel univers, apologie de la violence et du sperme qui s’écoule de ta bouche. Les bas déchirés, tu navigues, erres comme une errante sans but, juste la brutalité des rapports humains. Rape me, Virginie, je crie huit fois. Baise-moi, je hurle sept fois. Une claque dans la gueule, comme on reçoit un coup de poing dans les tripes, un coup de pied dans les couilles, une balle dans la tête.
Clap de fin.

« Plus tard, Manu est descendue toute seule faire un tour. Dans un rade, elle commande un café-Cognac. Les murs sont peints en jeune terne, les plafonds et les comptoirs en faux bois foncé. Bar de quartier. Tasse brune, soucoupe verte, cendriers jaunes en plastique. Elle se sent comme à la maison.
Elle s'est mise dans un coin, le miroir accroché à sa droite est crasseux, couvert d'une pellicule de graisse, maculé d'empreintes de doigts et de corps de mouches écrabouillés contre. En blonde, elle a une tête de tapin bon marché, en plus elle n'a pas lésiné sur le rouge à lèvres. Elle s'aime bien comme ça, ça lui va bien.
Elle fait des moues avec sa bouche, se mate dans le miroir en train de tendre les lèvres, puis elle sourit niaisement et joue avec le bout de sa langue. Bouffeuse de pine, elle se trouve très réussie dans le rôle. Elle serait un garçon, elle aurait envie de s'enfoncer la queue jusqu'au fond de la gorge, jouer du gland contre le gosier. C'est dommage que Nadine ne soit pas là, elles auraient causer pipe, avec ou sans rouge à lèvres, ça change tout. »


 « Baise-Moi », Virginie Despentes.



6 commentaires:

  1. J'aime beaucoup cette fille, l'entendre parler, sa colère...
    Mais le premier Tome de Vernon m'est tombé des mains alors qu'il ne me restait pas 100 pages à lir. Je n'en pouvais plus de tous ces personnages qui ne cessent de surgir.
    Je n'ai pas lu Baise-moi ni vu le film.
    Donc je n'ai rien à dire.
    Ah si, il a l'air fâché contre la machine Zack !

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    1. Étonnamment, je crois que je ne l'ai pas beaucoup vu à la télé, ni même entendu.
      Vernon... pas encore commencé... Du coup j'hésite à lire le roman d'abord ou à voir Romain Duris... (tu as peut-être vu la série)

      Il est très vénère Zack, faut dire il y a de quoi dans ce putain de monde...

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  2. Juste hâte de me plonger dans cette rage-là, vive et violente, folle et déchaînée. Telle une urgence de vivre!
    Décidemment il y a de ces femmes plus fougueuses que d'autres sous les draps. Qui sonnent le glas comme on sonnerait la Fin du Monde à chaque coup de hanche et de déhanché.
    Tabarnak!
    À suivre...

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    1. Ça se fait pas non plus de lire des romans aussi violent, noir et sombre, sans espoir. Peut-être qu'une Fin du Monde...

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  3. Moi je ne relerai pas, mais Virginie Despentes, oui et encore et encore ! (Après Vernon Subutex et Kong théorie...)

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    1. Pas sûr également de relire, celui-là, mais au moins il faut le lire une fois. D'autres Virginie m'attendent également...

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