Ceci est une vieille histoire. Au début de l'ère Meiji, l'an 13 pour être précis, l'esquisse d'un amour se dessine devant cette maison triste à la porte treillissée. Un jeune étudiant passe tous les jours devant et échange des sourires avec la jeune femme qui vient d'emménager, maîtresse entretenue d'un usurier.
"Elle était coiffée en "feuille de gingko retournée" et n'avait pas ce maquillage épais que l'on applique en de telles occasions, elle n'était pratiquement pas fardée, et cela lui donnait un air tout à fait différent de ce qu'il avait imaginé. Elle n'en était que plus jolie."
Un sourire, le hasard d'une rencontre, il faut un regard parfois pour trouver l'amour, et peu importe s'il reste enfoui au fond de soi, il est là, une bouffée d'oxygène à chaque pensée, à chaque sourire évaporé sous le clair de la lune bleue. Ah les histoires d'amour...
Se parleront-ils un jour, autour d'une tasse de thé ou d'un flacon de saké. Un parfum d'ivresse enveloppe cette maison de bric et de bois. Un cerisier se tient là, symbole d'un bonheur amoureux, une forêt de cryptomérias longent cette colline, quelques vieux ginkgos résistants apportent leur lot de tradition au paysage floral que j'observe dans la pénombre de ma lucarne.
D'ailleurs se sont-ils parlés un jour, au cours de ces clins d’œil fortuits de la destinée. L'oie sauvage, c'est lire une histoire d'amour "ratée", par timidité ou par respect, qui se joue uniquement de silence et de sourire. Mori Ôgai, c'est lire la modernité dans la tradition, proposer un voyage dans le temps, où le Japon d'une autre époque s'ouvre à moi. C'est ouvrir un kimono sans l'écrire. C'est comme un air de shakuhachi, un grand taiko et une guitare électrique qui se mêlent dans une cacophonie sauvage et poétique, celle de la passion amoureuse.
"Par la fenêtre, entre les branches des pins parasols, on voyait osciller insensiblement au vent frais du matin les fins rameaux pendant des saules, et au-delà, les feuilles de lotus serrées sur toute la surface de l'étang. Et parmi cette verdure, les fleurs épanouies du matin mettaient ça et là des touches de rouge clair. On disait que la maison risquait d'être froide, car elle était tournée vers le nord, mais en été elle devait être agréable à vivre."
L'oie sauvage s'en est allée, s'envola comme ses derniers espoirs.
"L'oie sauvage", Mori Ogai.
Traduction : Reiko Vergnerie.
Quand 2 trajectoires se regardent, se touchent et puis plus rien ...
RépondreSupprimerL'anecdote, le détail d'un amour manqué, l'amour impossible ...
Avec un whisky Toki qui signifie temps et fini ... c'est tout un programme !!!
Et un Wagakki Band qui remue tout ça !!!
Mon cher Bibi, tu démarres fort ce début d'année !
Bonnée mon Bibi...
SupprimerTu me l'apprends pour Toki, dommage que la bouteille soit finie...
Le temps est éphémère ...
Supprimeril est éphémère et s'évapore ! :-)
SupprimerMais tu lis à quelle vitesse ???
RépondreSupprimerOn se demande s'ils se sont finalement rencontrés.
La musique ne colle pas à l'ambiance bucolique que tu évoques.
Tu regardes les films à quelle vitesse ??? :-))
SupprimerEt puis moi je ne lis pas que des bouquins de 900 pages minimum... j'allège par moment...
Wagakki Band, c'est mon bucolisme à moi :-). Non, je l'ai choisi en rapport à l'écriture de l'auteur, une modernité dans la tradition : Faire du (hard)rock avec des instruments classiques de la culture japonaise (shamisen, koto, shakuhachi)
Ouai mon Bibi, il faut savoir casser les codes et tes cordes vocales (dans une 4L à fond sur une rocade ...)
SupprimerUne histoire d'amour "ratée" qui se joue de silence et de sourire, c'est déjà beau et grand non?
RépondreSupprimerEt ton Toki qui signifit temps et fini. Heureux ou triste hasard...
Je t'offre un thé vert ou une boisson de la même couleur? :P
ma philosophie m'interdit de boire un truc vert... ;-)
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