mercredi 31 mai 2017

L'âme en Double

Comment se fait-il que je ne connaisse pas encore Marine Vacth. Et pourtant qu'elle est sublime. Un regard qui m'hypnotise et qui m’intrigue aussi. Recherche effectuée, elle m'était déjà apparue sous les traits d' une « Jeune et Jolie », le précédent film de François Ozon. Elle est toujours jeune, encore plus jolie, et je suis prêt à la suivre, dans n'importe quelle salle obscure, lumière tamisée, mains entre ses cuisses, un doigt pénétrant, une musique angoissante, thriller érotique. Même perturbée.


Chloé, voit un psychiatre. Des maux de ventre qui la tiraille depuis sa tendre enfance. Elle s’assoit. Lui, aussi s'assoit en face. Paul se gratte la barbe, sourit, l'écoute. En silence. Un homme qui garde le silence face à une belle femme. Il a un beau rôle, Jérémie Renier, même si il a une doublure – les scènes de sexe probablement, parce que côté cascade il n'y a rien de dangereux qui ne se passe en dehors d'un lit ou d'un canapé.


Je suis fan du réalisateur depuis des années, depuis « sous le sable » en fait. Ensuite, après, je les ai presque tous suivis. Des histoires de potiche dans la maison ou d'une jeune et jolie dans la piscine ou des tables de multiplication dans un refuge... Bref, ces films font parties de moi, en mode comédie chantante ou en mode thriller psychologique drame humain. Vincent, François, Paul et les autres... une histoire de longue date.

Mais, comme tu t'en fous de ma vie, je te propose un face-à-face avec Chloé, avec Paul, avec son double, mon double, sa folie, ou le psychiatre devenu fou. Amant double, âme en double. Où se situe la démence, celle de voir deux jumeaux dans son lit, celle de s'imaginer baiser par deux jumeaux, un seul, aucun... Moi, c'est quand elle veut, Marine, un beau prénom finalement...


Le film a des accents Hitchcockiens, et comme en son temps j'ai aimé redécouvrir Charlotte Rampling, absente trop longtemps, là j'ai pris plaisir à voir sortir du placard des studios de cinéma une Jacqueline Bisset aussi mystérieuse que son accent enchanteur (j'aimerais donc les femmes mûres aux accents, tiens faudrait que je consulte pour savoir ce que cela signifie). Une psy femme, il me faudrait, je crois que j'en serais plus à l'aise, pour se confier, confier mes fantasmes et mes réflexions refoulées. Ne pas oublier de prendre un roman de Joyce Carol Oates pour la salle d'attente, histoire d'occuper mon esprit pendant l'attente. Peut-être que dans le cabinet à proprement parlé, le psy est en train de baiser sa patiente, et de la retourner sur son lit... Peut-être même que c'est la patiente même qui a retourné son psy... Avec les accessoires... Non, ô ôte-moi cette vision détraquée... 
« J'admire depuis longtemps Joyce Carol Oates. Le fait qu'elle soit graphomane m'a toujours séduit. Quand j'ai appris qu'elle écrivait des romans policiers sous le pseudonyme de Rosamond Smith, je me suis intéressé aussitôt à ces "romans mineurs", sachant que son imagination débordante serait propice à une intrigue pour le cinéma. C'est ainsi que j'ai découvert Lives of the twins. J'ai rendu l'histoire plus mentale, inscrite dans une réalité plus française, et ajouté la révélation médicale finale. On retrouve, néanmoins, dans le film, ses sujets de prédilection : la névrose, le sexe et la gémellité dans ses aspects les plus noirs » (François Ozon).
Une image trouble l'esprit - ou le verre - d'un Tour d'écran. Une visite de musée qui fait gerber une fille 'simple' sur la route du cinéma contrariée par son gynécologue. Bref, on aime, on n'aime pas. Ni thriller, ni érotique, un film psychologue avec des scènes de nus ou Marine est naturelle et Jérémie doublé.
« L'amant double » [2017], François Ozon.


15 commentaires:

  1. Même la critique joue en double (ça doit être l'effet Roland) !
    Hitchcockien pour sûr ! plutôt tendance "Marnie" ou de la "Maison du docteur Edwardes" (et ses troubles eaux Dali-sques qui ne peuvent déplaire à ce réalisateur bunuelien). Ozon porte une fois de plus sacrément bien son nom. Un peu brouillon pour moi sur ce coup là (j'aime pas trop quand il se laisse emporter par le style) même si je m'accorde (à ton arc) à dire comme toi, que sa Marine assure.

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    1. J'ai bien senti que tu te laisserais bien retourner par cette Marine...

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    2. Pourtant, les Marine sont pas du genre à me faire de l'effet d'habitude. ;-)

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  2. Pas encore vu, mais bientôt... (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)

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    1. un bon Ozon, pas forcément son meilleur, pas forcément un indispensable, mais quand on aime Ozon, on y va forcément...

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  3. François Ozon s'entoure de belles muses pour inspirer son répertoire cinématographique. Je pense à Marine Vacth mais aussi à Paula Beer dans son Frantz que j'ai adoré et ses belles de "Huit femmes".
    Après c'est vrai que Jérémie Renier il est pas mal non plus, j'ferais bien une partouze de sirop d'érable avec lui et ses majeurs! ^^

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    1. De très jolies muses pour le cinéaste. Je n'ai pas vu Frantz. Mais je n'y manquerai pas. Il me tentait bien aussi...

      "Tabarnak si y'a pas d'sirop d'érable y'a rien à sucer!"

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  4. nous sommes aussi de très grands fan du réalisateur qui fait le grand écart entre "Frantz(revu cette semaine, quel plaisir!) et ce thriller que nous avons été voir au ciné dimanche dernier. Très très bon !!!! je ne me tarirais pas d'éloge non plus sur Philippe Rombi à la partition. très beau billet.

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    1. même si le film ne fait pas l'unanimité, il fait partie pour moi d'un très bon cru (en attendant de voir Frantz)

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  5. Elle m'a bouleversée dans "Jeune et jolie"... Un joli brin de fille, une très bonne jeune actrice de la scène française !!

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    1. et elle est encore plus éblouissante et mystérieuse dans ce film... Faudra que je regarde à nouveau Jeune et Jolie.

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  6. il passe dans mon ciné prochainement, donc je note !

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    1. Une bonne occasion de prendre le frais dans une salle obscure entre deux bouquins et deux randonnées...

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