Pourtant, Colin
Farrell a une belle maison, entouré de deux beaux enfants, et d’une
ravissante femme, Nicole Kidman,
encore plus inquiétante et froide qu’à son habitude. Il est un brillant
chirurgien, une barbe bien fournie. Elle est une ophtalmologue réputée. Quel
homme n’a pas rêvé de vivre avec Nicole Kidman et de « jouer » dans l’intimité
de la suite parentale à « l’anesthésie générale » dans le lit.
Première
scène qui me précipite dans un autre monde. Dès les premières images et des
dialogues parfois décalés, je pressens l’étrangeté de la situation, de ce
couple presque froid à la manière d’éduquer leurs enfants. Et là-dessus, Nicole
est parfaite, la plus belle femme froide qui existe. Inquiétante.
D’autant
plus que Colin semble entretenir une étrange relation avec un ado de seize ans,
Barry Keoghan, qui
lui pour le coup est parfaitement inquiétant et énigmatique. Une musique sacrée
entre en jeu, lyrisme orthodoxe pour une tragédie grecque. La « mise à
mort du cerf sacré » du grec Yorgos
Lanthimos, autant applaudie que huée lors de sa projection à Cannes, assortie
tout de même de son prix du scénario, est pour le moins dérangeant, troublant,
pas si loin de virer au gore en restant totalement glauque, sombre, noir.
Je
comprends que le père de Barry est mort sur la table d’opération, et que derrière
l’ambiguïté de la relation entre l’ado et le chirurgien arrive bientôt le plus
surprenant marché qu’il soit : l’heure de la vengeance a sonné, cloches
orthodoxes, un proche va mourir, à lui de choisir lequel de ses enfants devra
être tué. La grosse claque ! Comment juste envisager un tel sacrifice.
Nicole Kidman y arrive si merveilleusement bien, le froid l’habille si bien.
Mais Colin Farrell, avec sa barbe si chargée par le poids de la culpabilité…
Je
ne vais pas m’étendre sur ce film, bien que si Nicole me propose de jouer à poil
à l’anesthésie générale, je fais le mort de suite. Il est totalement dérangeant,
sort même des conventions aussi bien éthiques que cinématographiques. On aime,
on n’aime pas. Pas de juste milieu pour cette tragédie grecque et glauque. Moi,
j’adhère totalement à ces expériences cinématographiques, sages dans la mise en
scène mais troublantes dans le contenu. Totalement, même. C’est que la froideur
ne me fait pas peur, surtout si elle vient de Nicole Kidman. Quand le film est bercé
dans une enveloppe sonore envoûtante et tout aussi inquiétante, la contrebasse
étant le meilleur allié des films flirtant avec l’horreur et le fantastique...
« Mise à Mort du Cerf Sacré » [2017], Yorgos Lanthimos.
Une première fois je m'étais lamentablement dégonflé devant Le homard (qui avait conservé son titre anglais, je me demande bien pourquoi). Cette fois ci je pense que je... me déroberai tout aussi lâchement. Tout homme a droit à ses épisodes peu glorieux.:cry: Si toutefois je changeais d'avis je ne manquerais pas de t'en informer. De plus je présente fin novembre le film hongrois Corps et âme où les deux personnages se rêvent en cerf et biche et ça fera beaucoup de cervidés pour un seul homme. Je risquerais de me mettre à bramer.
RépondreSupprimerLe homard ne devait pas être très vendeur, ni très accrocheur ; tandis que The Lobster, là, ça appâte le chaland, surtout non anglophile comme moi, qui ignorait avait que Lobster voulait dire Homard... :-)
SupprimerSinon je n'ai pas encore vu ce homard, mais après cette expérience grecque, j'ai forcément envie. Et je ne me dégonflerai pas, moi non plus. Parce que cette tragédie grecque était cruellement humaine - à ma déception, point de cervidés encore moins mis à mort ;-)
Corps et âme. Déjà un beau titre. J'aurais bien aimer le voir. Mais visiblement, si je veux y aller - et pourtant j'habite dans parait-il une grande ville avec un grand complexe cinématographique d'une centaines de salles UxC (avantages CE, pour cette raison que je me tourne aussi vers ces mastodontes qui proposent le plus souvent plus du popcorn que des films) fin de la digression - j'ai le choix entre la séance de 9h15 et celle de 22h30. Des horaires qui ma foi ne donnent pas beaucoup sa chance au film. Je suis heureux de te lire à chaque fois que tu nous parles de ta cinémathèques. Continue...
Et je me verrais bien me rêver en cerf...
Bonsoir le Bison, j'avais vu the Lobster (mitigé), je ne sais pas si je vais aller voir celui-ci même s'il y a Colin Farrell (un acteur doué et intéressant qui a des choix éclectiques. Bonne soirée.
RépondreSupprimerTrès bon, ce Collin. Tout comme Nicole Kidman, très froide, parfaite. Il est évident que ce choix-là - ou celui de son réalisateur - sors des sentiers battus...
SupprimerMoi ça me plait les films dérangeants, noirs, froids, sombres, tout à fait mon genre! J’vais essayer de le voir. J’sais même pas quand il sort en salle ici où s’il est déjà sorti. En tout cas, pendant que tu fantasmes à jouer au docteur avec Nikki à faire des guili-guili, n’oublies quand même pas de t’échauffer le majeur, y pourrait rester coincé en position gênante................................................... ^^
RépondreSupprimerCalisse! :P
Malgré sa froideur, Nikki serait me réchauffer le majeur ! :-)
SupprimerJ'ai arrêté ma lecture car je crois que tu en dis beaucoup. Je reviendrai après l'avoir vu.
RépondreSupprimerJ'ai bcp aimé Le Homard donc je prendrai volontiers du cerf sacré.
Mais ni l'un ni l'autre dans mon assiette.
J'ai essayé de ne pas en dire plus que la B.A....
SupprimerMais il est vrai que je n'avais pas vu la B.A. avant d'aller voir le film.
Savoir que Nikki est présente me suffit amplement à vouloir m'enfermer dans la pénombre avec elle...
Après une nuit je suis ravie de faire partie de la catégorie "on aime" même s'il est difficile d'appliquer le verbe aimer à ce film encore plus dérangeant que The square... c'est pas peu dire.
RépondreSupprimerJe t'invite à te précipiter sur Le Homard... tout aussi désespéré mais drôle ce qui n'est jamais le cas ici. Les enfants y sont aussi mal traités...
Mais tu n'as rien compris au petit jeu de Nic et Colin. Si tu fais le mort pendant son anesthésie générale... il ne va pas se passer grand chose. Le monsieur est très actif dans ce scénario.
Je ne vais pas manquer de voir Le Homard. Bientôt, bientôt...
SupprimerPour le jeu de l'anesthésie générale, j'inverse les rôles... Même si Nikki n'est qu'ophtalmologue, je la laisse volontiers m'ausculter, et avec grand plaisir. Après tout, ce n'est qu'une variante de jouer au docteur...
Ah ok je comprends mieux... parce qu'en visualisant la scène le mort vs l'anesthésiée, c'était plutôt Waterloo.
RépondreSupprimerMais un homme actif pour une fois ça changerait.