Quand t’es dans le désert…
Mae, croupière dans le Nevada, une vieille caravane, pas de chien, juste un fusil. Elle s’aventure la nuit, la poussière tourne autour d’elle, des yeux de coyotes la scrutent. Les lumières se sont éteints, loin de l’agitation frénétique de ces villes de jeux et de néons. Même la lune a disparu. Et quand le bleuté de la lune s’enfuit sur d’autres horizons, la vie perd de son sens, ne lui laissant que les souvenirs passés, seule dans ce désert.
« J’ai marché dans le désert jusqu’à ce que le monde commence à s’incurver, jusqu’à ce que les lumières de Boulder City s’affaissent derrière la ligne d’horizon. On ne peut jamais échapper complètement à la pollution visuelle de toutes ces villes, mais à l’endroit où je m’étais arrêtée, les étoiles brillaient davantage. Et, de nouveau, une nuit sans lune. »
La serveuse lui dépose son verre de whisky, et d’un air dégoûté, cette tranche de bœuf XXL tellement saignant que son cœur parait battre encore dans cet amas de chair rouge. Une télévision en fond d’écran derrière le comptoir. Les chaines d’infos en continu diffusent toujours les mêmes images. Inlassablement. Eternellement. Des avions qui s’écrasent contre deux tours. Des tours qui s’effondrent. Des victimes effondrées de peur, de rage, de terreur. Mae jouit de ce spectacle, coupée de la réalité du monde, ne voyant défiler depuis des années que des cartes de couleurs noir ténèbre ou rouge sang et des jetons noir et rouge. Indifférente à la vie de ces mortels, si ce n’est que pendant 7 secondes, 7 longues secondes qui passent en boucle et durent des minutes, des heures, elle reconnait Laurel, amante et aimante d’un passé oublié. Et son passé ressurgit de sa mémoire.