« Dans les bols, la fameuse soupe de haricots fondants luisait. Les haricots azuki brillaient, alignés en bon ordre. Un profond parfum sucré se répandit avec la vapeur d'eau, qui parut enveloppé jusqu'aux tables environnantes. Une voix s'éleva d'une autre table : « Oh là là, ça fait envie. »
Après
l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux, je rencontre la vieille qui
murmurait à l'oreille des haricots azukis. Une petite vieille, toute fripée,
toute timide, qui semble si bien s'entendre avec ses haricots que sa pâte
respire mille senteurs, dont l'amour, la compassion, le désir et la vie. Tu as
senti cette douce odeur sucrée venir chatouiller tes narines à chaque page
tournée ? Un pur délice, un petit bijou. Une histoire simple, d'âme et de
cuisine. La cuisine a une âme et ses saveurs sont l'amour et la (com)passion.
Les bons ingrédients aussi. Un pur bonheur.
Cette
histoire de cuisine s'agrémente donc d'une histoire d'âme, et d'une histoire de
relation générationnelle. Quel enchantement de voir cette vieille apprendre le
métier à son jeune patron. Elle est si belle, cette vieille devant ses
fourneaux. Elle a tant à dire et à donner. Magnifiquement humaine, la plume de Durian Sukegawa se fait poignante et
poétique. Le roman se déguste comme ces fameux dorayaki, petites pâtisseries
japonaises à la pâte d'azukis, que la vieille prépare depuis plus de cinquante
ans, sous le clair de lune, la tête sur ton épaule.
« Ce jour-là, nous avons regardé la lune ensemble. La pleine lune était visible au-dessus du cerisier devant la boutique. Mme Yoshii m'a dit, elle est belle, admirons-la ensemble... et elle m'a proposé ça, en contemplant la lune. Pour elle c'était une promesse à trois, entre la lune, elle et moi. »
Le
film de Naomi Kawase me tentait
bien, mais l'occasion a manqué. Lorsque je reçus ce roman, je n'ai donc pas
hésité à savourer chacune de ses préparations culinaires et à les vivre comme
un cérémonial. La prière, le respect, la caresse de chaque ingrédient, ne pas
oublier de parler à ses haricots, de leur susurrer des mots d’amour, car la
cuisine est avant tout amour. Pas besoin d’aller au temple, il suffit de
joindre les mains devant la marmite bouillonnante et fredonnante d’histoires.
« Les alentours luisaient d'un bleu pâle sous le clair de lune, et les arbres se balançaient, comme animés d'une volonté propre. Sur ce sentier dans la forêt, j'étais vraiment seule face à la lune. »
Et pendant ce temps-là, je parle à ma Paulaner, à défaut d’azukis dans un chaudron.
Et bien moi, c'est l'inverse, j'ai vu le film qui est vraiment très bien... Goran (http://deslivresetdesfilms.com)
RépondreSupprimerJe n'en doute pas, ayant déjà vu (et beaucoup aimé) "Still the Water" et "La forêt de Mogari".
SupprimerLe film est une merveille. Et le livre aussi, je te fais toute confiance.
RépondreSupprimerMaintenant que tu lis des romans japonais, que tu regardes des films japonais, tu vas bientôt nous jouer des airs de J-Pop sur ta guitare... :D
SupprimerLe film est superbe et je compte bien lire ce livre qui attend dans ma PAL !
RépondreSupprimerEncore un...
Encore un. Cesse-donc de boire du cognac en sautant dans ta mare et sors tes bouquins !
SupprimerQuel beau livre ce doit être et quel plaisir de lire cette histoire d’une petite vieille toute fripée et pleine d’amour qui parle à ses haricots. Les histoires de relations générationnelles me touchent toujours <3
RépondreSupprimerLa cuisine c’est l’amour, oh oui!!!
La cuisine, c'est l'amour, surtout en tablier et rien dessous !
Supprimerdonc le cul à l'air.......
SupprimerExactement ! C'est comme ça que se distillent les parfums de l'amour et que chantent les haricots azukis dans la cuisine...
SupprimerJe n'ai pas lu le livre mais j'ai vu le film en V/O. Tout le long du film j'ai eu les larmes au bord des yeux. Cette petite vieille est touchante.
RépondreSupprimerQuestion bleu ? ;-)
La petite vieille est tout aussi touchante dans le roman. A lire même si tu as vu le film.
SupprimerQuestion bleue : si je décapsule une bouteille de 33 cl de Paulaner et que je trempe mes lèvres dedans, combien en reste-t-il pour tes lèvres...
Il me restera la saveur ! ;-)
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