vendredi 6 janvier 2017

Au Bord de la Falaise

Direction Étretat.
Nouveau roman d’Olivier Adam où j’ai adoré me promener sur le bord de ces falaises, du temps où elles ne devaient pas être éclairées de nuit. Un écart et la vie bascule. La mienne, la sienne. Celle de ce garçon qui voit trop tôt glisser sa mère vers une autre lumière.
Terrible, terrifiant, même.
Comment se reconstruire ?
Alors à l’âge adulte, que lui reste-t-il entre un père qu’il méprise et un frère qui a fui cette vie ? Le whisky, seul remède à ces maux. Et l’écriture. Ecrire des mots pour panser ses maux. L’amour Claire, sa fille Chloé. Si compréhensives toutes les deux qui acceptent son mal-être, ses silences.
Une fois de plus, avec Olivier Adam, je n’en ressors pas indemne. Ces falaises, et un écart qui peut faire basculer. J’adore, j’en pleure. Tristesse d’une putain de vie.   

« La maison sentait le détergent, la lumière y entrait froide et crue, et le silence y faisait un bruit menaçant. »  

Le froid. Je me retrouve dans cette histoire. Par moment, j’ai envie de sortir dans la nuit, respirer les embruns, mais je suis loin de la côte iodée. Me retrouver seul avec mes souvenirs pour ne pas oublier l’absence. Regarder la lune bleue illuminer cette partie de ma vie, blue moon pour ne pas oublier. La lune, les étoiles, les embruns et cette bouteille de whisky vide. Étonnant de voir le nombre de bouteilles de whisky vides quand je finis chaque roman d’Olivier Adam. Des personnages humains attachants, mais qui restent en marge de la société. Des êtres solitaires, pas par choix, mais que la vie a séparé du reste du monde. Alors, survivre. Au milieu de ces embruns, de ce froid que seule une bouteille de whisky réchauffe, le corps, le cœur, l’âme. Un disque sur la platine, finir mon verre, tourner la dernière page, et poursuivre mon chemin sans franchir le pas de ces falaises. 



 

Amarrée aux mots, l’amarée des mots qui souffle ses 35 bougies, il parait même qu'on tire la reine aujourd'hui, à qui je dois la poursuite de l’œuvre d'Adam, sombres écrits de l’amer et de la mer, moments intenses d’un lecteur ou d’un bison, dois-je d’ailleurs la remercier pour cette nouvelle bouteille vide qui s’affiche sur mon écran pendant que la marée (des mots me manquent) monte, que la voisine en bikini remonte de sa pêche aux moules, moule fraîche et iodée où j’aime perdre mes sensations.

« On a passé tellement d’heures, de nuits, de jours entiers dans l’obscurité du sous-sol. On descendait des bières par packs entiers, on fumait du matin jusqu’au soir, nos yeux brillaient et nos cerveaux s’embrumaient, anesthésiés et oublieux. Luis amenait sa guitare, Alex sa basse, et avec Nicolas comme batteur, ils massacraient Smells like teen spirit, Come as you are ou Hey Joe. Lorette et Laetitia nous rejoignaient, on se planquait dans les coins sombres, on baisait à deux pas des autres et on faisait mine de ne pas s’en rendre compte. Lorette me suçait dans la poussière et je la prenais contre le ciment, ses cheveux mélangés aux toiles d’araignées. Le temps passait ainsi, on le tuait en le noyant d’alcool, en le saoulant de musique et de lumières, en le couvrant de sperme et de baisers. » 

Sors ta bouteille de whisky, mais fais quand même attention quand tu avanceras au bord de la falaise. Il suffit parfois d’une seule distraction, comme un vol de logopèdes à queue blanche, pour perdre l’équilibre et plonger dans l'abîme d'une putain de vie…

« Je suis une nuit noire, une bordure de falaise, une vie noyée, avec vue sur le vide et sans vertige. » 

« Falaises », Olivier Adam.

12 commentaires:

  1. Je m’avance sur le bord de la falaise, doucement, parce qu’il suffit parfois de pas grand-chose pour tomber dans le vide d’une vie.
    Plutôt, je m’avance sur le bord de la falaise pour admirer ce soleil qui se couche sur Étretat et qui me procure des sensations Inouïes. Blue moon, mon cœur est en fête et vient te remercier pour cette délicate attention... <3
    Merci mon Bison, tu es touchant :-*

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    1. En attendant, pendant que tu titilles ton majeur de ce coucher de soleil sur Étretat, mon stock de whisky en a pris une claque !

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    2. Bêle petite chèvre bêle................................ :D

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    3. Une chèvre dans la neige, c'est un coup à te perdre !

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  2. J'ai lu Passer l'hiver d'Olivier Adam il y a très longtemps et je n'avais pas trouvé ça extraordinaire, bien mais sans plus...

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    1. Pour moi, Olivier Adam est l'un des plus grands de sa génération

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  3. Qu'il est attentionné ce vieux Bison bougon !
    Pas comme certaines grenouille de linotte qui n'ont aucune mais alors vraiment aucune mémoires des dates... On va éviter de les nommer...
    Alors un hostie d'calisse de tabarnouche de fêêêête à SnowNad !! ^^

    Bon sinon, j'avais une question Bison bougon ! Tu as fait exprès l'aller-retour Montana-Étretat pour faire ta photo ???? ^^


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    1. Montana-Étretat, ça se fait... suffit de suivre le sens du vent et tant qu'il y a de l'herbe à brouter j'avance. Si je vois de la neige, c'est que je suis monté trop haut...

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  4. Je me souviens j'étais en CM1, une copine de ma classe, Sandrine, avait décrit ses vacances à Etretat. Il y avait tellement d'émotion dans sa rédaction, que depuis ce jour je rêve de me trouver au bord d'une falaise à Etretat, les cheveux et ma robe au vent. Mon rêve de s'est pas encore réalisé mais l'espoir fait vivre il parait ...

    Merci de m'avoir rappelé ce si doux souvenir...
    Un gros baiser à ma Nadine sur son nez gelé et toi sur ta joue gauche ;-)


    Voilà, c'était ma petite anecdote sans intérêt qui n’intéresse que moi ! :-D

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    1. Tu en as encore d'autres, des anecdotes de CM1 ?
      Parce que moi, je n'arrive déjà plus à me souvenir de la bière que j'ai bu l'avant-veille...

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    2. J'en ai tout plein :D
      Même de ma dernière bière ;-)

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  5. Le Bison s'en va brouter l'Olivier en Normandie sans s'imbiber de Calva ?
    Jamais de cet auteur (tout juste vu une paire de films qu'on en a tirés), mais je vois que tu le tiens en haute estime. En ce cas pourras-tu peut-être répondre à cette question fondamentale qui me turlupine (le tirelipimpon) : Qu'est-ce qui creuse le plus entre l'aiguille et l'Adam ?

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