dimanche 8 janvier 2017

Un Éclat De Lumière, Dans Chaque Mot

Le soleil se couche à l’horizon, il plonge dans l’océan, il s’enfouit dans les montagnes, il s’allonge sur les plaines, s’étire à n’en plus finir. La lumière faiblit, les ombres disparaissent. Je suis sur la route, une longue pérégrination spirituelle dans laquelle mon âme s’emporte au-delà de la pénombre. Des notes s’envolent, des nuages de lagopèdes virevoltent au milieu de quelques accords de guitare, leurs cris se mêlent au cœur, des chœurs vibrant pour un cœur pur, canadien, qui a bercé de sa musique, de sa lumière, de sa nonchalance, mon cœur forcément impur.

Il y a un éclat de lumière, dans chaque mot, dans chaque note. Tout le monde a son préféré (album), sa préférée (chanson), un refrain qui s’aventure dans un coin de sa tête. Sur la route, je m’emporte avec « Songs from the Road », un voyage musical en quelques dates et quelques lieux à travers la planète (D’Israël au Canada, escale en Écosse pour boire un single malt en kilt rien dessous, en Finlande pour me baigner nu dans une mer glaciale tu m’accompagnes) entre 2008 et 2009. Presque dix ans maintenant que cet album m’accompagne donc, me porte m’emporte, m’émeut.

Mais quel titre choisir pour ce soir ?


Tous ses grands succès y sont, impossible de faire un choix, cruel, dilemme. Tu préfèreras Lover, Lover, Lover ou Chelsea Hotel. Tu auras envie de Suzanne ou d’Hallelujah. Comment t’en vouloir… Écouter tout l’album, alors. Profiter du silence et de la nuit, cette nuit où je vais m’endormir sur sa musique, comme un hommage à la sérénité que m’apporte sa voix. Moi aussi, je ne déroge pas à la sainte règle, j’ai mes préférés, même sur cet album. Alors, je te fais partager mes goûts nocturnes d’un soir, d’une nuit, d’une vie aussi, parce que cet album me suivra certainement encore un long moment, sur la route de ma vie. Sur la tristesse de ma putain de vie, parce que reconnaissons lui bien que s’il compose de belles chansons, il n’y met pas beaucoup d’entrain ni de fougue. 

Le Partisan, Helsinki 2010

J'ai repris mon âme.
J'ai changé cent fois de nom,
J'ai perdu femme et enfants
Mais j'ai tant d'amis ;
J'ai la france entière.
Un vieil homme dans un grenier
Pour la nuit nous a caché,
Les allemands l'ont pris ;
Il est mort sans surprise.



Oh, the wind, the wind is blowing,
Through the graves the wind is blowing,
Freedom soon will come ;
Then we'll come from the shadows.

De Songs from a Room à Songs from the Road, il n’y a qu’une porte, celle de ma chambre, qui me sépare de Léonard Cohen, de toi, des lagopèdes à queue blanche, des grenouilles séchées dans une bouteille de Cognac, des âmes bercées par ce folk doucereux et aérien. De la mélancolie, de l’atmosphère. Et des larmes. Je connais la chanson, mais ne peux m'empêcher de me laisser envahir par l'émotion du Partisan. 

Et j'ai toujours du mal à reprendre pied après ce titre...    

Bird on The Wire, London 2013.



La porte s'est refermée, je continue ma route, des tas de chansons en tête, des airs des refrains qui s'enfuient au milieu des âmes des aurores boréales, dansent comme des feux follets sous une nuit étoilée. Rendez-vous au bout du chemin. 
Merci Léo.

 « Songs from the Road » [2010], Léonard Cohen

12 commentaires:

  1. Ça prend aux tripes... Je suis toujours en deuil. Merci pour ce sublime hommage.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Certaines disparitions prennent plus aux tripes... Comme certaines chansons...

      Supprimer
  2. Le soleil s’est couché à l’horizon. Il doit entendre l’âme de l’artiste puisqu’il vit au milieu des étoiles. Il ne peut en être autrement, lui qui toute sa vie a illuminé le cœur des hommes et accompagné leur route. « L’éclat de lumière » contenu dans ses mots, issue de son cœur et de ses pensées, m’atteint chaque fois au fin fond des tripes. J’ai un recoin de mon cœur qui lui réserve une place éternelle. Il berce mes rêves de douceur. Car ses mots sont tendresse, ils parlent de la vie, ils sont musique, sentiments, tristesse, authenticité...

    Tu viens de frapper à la porte et éveiller en moi des émotions fortes.

    « Through the graves the wind is blowing,
    Freedom soon will come »

    C’est là que je voudrais mourir un jour, près de son étoile... :-*

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Quel bel hommage, tu viens de lui rendre... Mourir près de son étoile... C'est fort... En émotion, en moi, en lumière.

      Supprimer
  3. Superbe ton article... Ouaou !

    RépondreSupprimer
  4. Je suis fan de la voix de Leonard Cohen, très bel article :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La voix de Leonard Cohen, c'est quelque chose. Elle chavire des coeurs, des âmes ; elle émeut, elle transporte, elle voyage; elle fait l'amour avec les esprits ; et des corps se sont mélangés sur cette voix... Des giclées de sperme, des bébés, de l'amour, de la passion...

      Supprimer
  5. Encore un grand qui s'en est allé... Mais sa musique est éternelle...
    Euh, sinon, c'est quoi ça ?
    "des grenouilles séchées dans une bouteille de Cognac"
    M'en fous ! Vais manger du steack de bison ! Et toc !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le jour où des grenouilles mangeront des bisons n'est pas encore arrivé. Ou alors dans une histoire de La Fontaine... Mais la vie n'est pas une fable. Et toc !

      Supprimer
  6. Hey Bison, tu rumines tes idées noires en chanson ! You want it darker ? en revoilà une dose pour la route : "I wish there was a treaty we could sign, it's over now the water and the wine, we were broken then but now we'ere borderline, I wish there was a treaty, I wish there was a treaty, between your love and mine ".

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne connais pas encore son dernier album mais ce n'est qu'une question de temps. Maintenant, j'ai l'éternité pour le découvrir...

      Supprimer