Clara, une collection de disques qui en impose, est la dernière habitante d’un vieil immeuble des années 40, l’Aquarius de Recife, ville du Nord-Est du Brésil et samba sur la plage. Sous ces cieux ensoleillés où les immeubles ont de la classe repeints en bleu, elle se retrouve bien seule face à la mer. Une société immobilière cherche par tous les moyens d’acquérir ce dernier bien, afin de construire le nouvel « Aquarius ».
Dans les années 70, l’insouciance sur une plage déserte, nuit profonde, une cassette dans l’autoradio. Monte le volume, bruits des vagues qui s’échouent sur le rivage et, des enceintes sort un monumental « Another one bites the dust ». Première scène, premier frisson d’un film qui ne va pas en manquer. Retour à notre époque, la musique toujours au centre de sa vie, la guerre est déclarée. Clara contre le fils du patron.
La résistance est menée, la soixantaine assumée. Clara a survécu au cancer, elle ne va pas se laisser faire par un promoteur, arrogant et sans scrupule, à peine plus âgé que ses enfants. Elle sort de sa pochette un 33 tours, à chaque musique son tour, dépose le saphir. Pop, rock ou bossa-nova, le spectre est large pour cette ancienne critique musicale, mais le choix est toujours bon. Elle chante dans sa cuisine, quelques pas de danse dans le salon, fume un joint, se tape un gigolo, sexe érigé de la jeunesse. Ou elle écoute religieusement cette musique, l’un des points forts de ce film, l’éclectisme musical passant de Queen à Gil Giberto, avec un verre de vin rouge, monumental lui aussi, à la main A, a, a, sur ses lèvres, Ô, o, o.
Derrière cette chronique douce-amère, dont l’amertume se renforce au fil du rapport de force, devient critique de la société brésilienne, et de notre société contemporaine dont les sirènes ne chantent que pour louer l’appât du gain ou la bulle spéculative de la prospection immobilière. En suivant le chemin de croix d’une Clara harcelée, je me retrouve confronté aux petits travers de notre société, entre immobilisme et avidité, corruption des plus puissants pour écraser les êtres individuels. Elle a raison, Clara, de s’ériger contre la société. Elle n’espère plus grand-chose de la vie, mais juste le bonheur de finir ses jours là où elle a toujours vécu, tant de souvenirs dans ce vieil Aquarius au bord d’une plage.
Sonia Braga, une carrière bien remplie au Brésil depuis les années soixante-dix, de nombreuses participations dans les séries américaines, affiche ici une interprétation magnifique, aussi belle que ses rides autour de ses yeux. Fière de ses 66 ans, elle se met à nue, fidèle à son image de « Marilyn Monroe de l’Amérique du Sud ». Le film est sans contexte à voir pour cette sublime actrice, sincère et pétillante, sur un air de A, a, a, a, que Deus deu, Ô, o, o, o, que Deus da signé Gilberto Gil. Brasil, Brasil… la plage et le soleil…
« Aquarius » [2016], Kleber Mendonça Filho.
DVD sorti le 9 mars 2017 chez Blaq Out.
Merci à Cinetrafic et Blaq Out !
A fond de ton avis. Un film formidable, l'un des tout meilleurs de 2016 pour moi.
RépondreSupprimerJ'irai pas jusqu'à formidable. Très beau film. Il m'a manqué un soupçon de je ne sais quoi pour que cela en devienne un film formidable (pas un seul string sur la plage brésilienne, par exemple) :D
SupprimerUne très jolie femme Sonia Braga, je me souviens d'elle dans un épisode de Sex & the city !
RépondreSupprimerDu début ou de la fin ? Je ne m'en souviens pas... Mais bon, j'ai pas du voir toutes les saisons... seulement le début...
SupprimerMais, je te suis, une très jolie femme. Avec un verre de vin en plus, en écoutant Queen, on ne peut rêver mieux...
j'ai regardé quelques extraits. Très beau comme cette dame digne et belle.
RépondreSupprimermagnifique femme, très beau portrait, humaine, touchante, belle...
SupprimerUn très beau film qui met en vedette une beauté éternelle :-*
RépondreSupprimerLa beauté éternelle du sourire d'une femme un verre de vin rouge à la main...
SupprimerEh bien voilà un film que je ne connaissais pas… Merci pour la belle découverte. (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)
RépondreSupprimerBeaucoup de charme dans ce film.
SupprimerClara comme de l'eau de Rocha, mon cher Bison. Un bien beau film sur l'état du Brésil d'aujourd'hui("Hoje" comme dit la chanson du début), sur la nostalgie de nos plus belles années, sur les combats d'actualité . Et en prime je kiss la Queen Sonia Braga, et god save le microsillon.
RépondreSupprimerTu parles bien la langue de Gilberto... Ou est-ce le verre de Sonia qui te donne des accents de portugais...
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