jeudi 7 février 2019

Sonate ine ine ine

Sonatine sonne comme une comptine, une jolie berceuse pour les amoureux des belles étendues de plage de sable fin, pour les reflets de la lune bleue sur un vieux cœur qui a envie de passer la main. Sonatine, mélodie mortelle.

Cela fait donc quelques années que je n’avais pas revu un film de Takeshi Kitano, réalisateur fétiche de mes grandes heures de cinématographie japonaise. Son cinéma me manque un peu, c’est donc avec une certaine nostalgie que je reprends contact avec son sens du visuel, des plans fixes, et une certaine dose de violence – encore que pour le coup, ce n’est pas ce qui marque de prime abord cette sonate au bord de mer.

De quoi se compose un film de Kitano de la grande époque : des yakuzas bien entendu, et quelques bouteilles de bières claires. L’essentiel donc, l’essence même. Sauf que contrairement aux films classiques de yakuzas, Takeshi y rajoute sa dose d’humour, potache parfois, et son sens de l’art visuel en y mêlant des bribes d’art nippon, sumo et théâtre Kabuki sont mis à l’honneur dans ce présent film. Donc plonger dans un film de Kitano, c’est comme gravir de nuit la Mont Fuji, on découvre une facette de ce pays insulaire entre beautés visuelles (et je ne parle pas de la timidité de cette femme à montrer ses seins) et organismes mafieux aux flingues automatiques bien huilés.

Mais surtout, ce que j’aime dans ce film, c’est le détachement que fait preuve Takeshi, vis-à-vis de son métier, las de sa vie et qui sous couverture d’une mission suicide, me fait découvrir l’île d’Okinawa, vue splendide sur la mer bleue, feu d’artifice improvisé sous la lune bleue. En chemises hawaïennes, on improvise sur la plage déserte un tournoi de sumo. C’est aussi ça Kitano, ne surtout pas se prendre au sérieux et ne pas s’enfermer dans un film classique de gangsters mafieux. Il y a de l’émotion dans ce regard, de longues rêveries de bord de mer assis en tailleur le regard plongé dans la lune… et dans ce silence… Des silences qui veulent dire parfois beaucoup et dont la fin semble une évidence.   

« Sonatine », Takeshi Kitano.



10 commentaires:

  1. Moi aussi j'ai été très convaincu par Sonatine et cette vision de la violence yakuza tout en recul et en humour, très original. JP Dionnet ne parle très bien. Je n'ai vu que Hana-bi.

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    1. L'été de Kikujro manque donc à ta cinéphilie... Mais peut-être qu'à ton cinéclub tu pourrais organiser une spéciale Kitano ?...

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  2. Je ne connais pas du tout, mais ça pourrait m'amuser...

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    1. Sa première apparition était au festival du film policier de Cognac... mais à une époque où tu n'étais encore qu'un tétard...

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  3. tu as vu aussi "Violent Cop" ? la quintessence Kitano, et mon préféré (comme réalisateur où il a remplacé Kinji Fukasaku au pied levé). avec la belle musique d'Eric Satie!
    scène culte : http://www.youtube.com/watch?v=3cZb3qFj_Mc

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    1. Tous vu... J'étais un inconditionnel (sauf de Zatoichi)

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  4. J'adore ce Takeshi Kitano... j'ai d'ailleurs aimé cette Sonatine, mais mon coup de cœur va à Hana-bi. Sa violence et sa poésie entremêlées, sa musique, son histoire touchante d'amour éternel...
    Quel film!

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    1. Je te comprends... Moi je crois que j'aurais du mal à faire un choix, Hana-bi, l'été de Kikujiro, A scene at the sea, sonatine... Faudrait que je les vois tous dans la foulée...

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  5. Sonatine ne s'accorde du tout avec violence, yakusa et humour potache, c'est ce qui attise ma curiosité.
    Sonatine ine ine sonne tellement doux et classique... mais je reconnais ces opposés et ce contraste qui t'attirent :)

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