lundi 11 mars 2019

A l’âme des Fleurs Sacrifiées


Il suffit de 3 branches, du silence et du cœur, pour faire de l'art. Mais au Japon, cet art se transforme en spiritualité. Le but de tout art n'est pas la beauté de l'aboutissement mais bien le cheminement intérieur qui aboutit à cette beauté. L'ikebana est un de ces arts ancestraux, un art qui à l'origine était pratiqué par les samouraïs. Leurs esprits se trouvaient si profondément absorbés dans l'âme des fleurs que les décisions cruciales se faisaient dans l'harmonie et la gravité nécessaire qui leurs incombaient.

« Profondément absorbée en elle-même, elle cherche à atteindre cet état d’âme où elle sera unie au cœur de la fleur ; elle sait par une longue expérience que ce n’est pas là une simple figure de style. C’est lorsque son propre cœur sera uni avec le cœur des fleurs, et par-delà, avec le cœur universel – selon l’heureuse expression d’un Maître des fleurs -, qu’elle reposera dans ce silence absolu d’où la figure surgira d’elle-même spontanément, naturellement. »

Le ciel, l'homme, la terre. 3 éléments à relier pour en trouver l'essence de la vie. Et pour cela un maître, le maître des fleurs, pour transmettre son message, son aura.
De la patience, beaucoup de patience, prendre son temps pour trouver l'harmonie, pour comprendre la fleur. Pour vivre simplement. Savoir attendre le moment. C'est l'essence même de la vie, de l'amour.
Du silence, beaucoup de silence. Parce que c'est à travers le silence que parle le cœur. Et la vie, et l'harmonie, c'est juste une histoire de cœur à cœur. L'amour aussi.



« Les heures d’étude s’écoulaient à peu près silencieuses car, en Orient, on a toujours attaché une valeur particulière à la tradition orale, ou plus exactement, à la tradition du cœur à cœur. »

Gusty Louis Herrigel est une spécialiste de la peinture au lavis et de l'art floral japonais. Elle a soutenu en 1929 son examen public de maîtrise en arrangements floraux devant son maître Bokuyo Takeda – disposition calme et pure ; trouver la solution sans penser. Les plus zens d'entre vous connaissent plus volontiers son mari, Eugen Herrigel, célèbre et renommé pour son essai « Le Zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc ». Herrigel, un couple dans le zen. A cela s'ajoute une préface de maître Daisetz T. Suzuki, que j'ai lu il y a bien longtemps, un temps où j'étais moins vieux mais tout aussi silencieux. Et si je te dis qu'entre les différents chapitres et silences, sont proposées quelques calligraphies ou autres estampes en noir et blanc visant à agrémenter les propos de l'auteur sur la voie des fleurs, cela en fait donc un beau petit livre spirituel. Peut-être devrais-je continuer sur cette voie, celle du zen, j'aurais l'impression ainsi d'être moins con, tout en gardant le silence.

« Son « esprit véritable » ne saurait être exprimé en langage clair. Les mots sont tout au plus des repères pour aller vers la profondeur. Il est dit : « Celui qui parle ne sait pas, celui qui sait ne parle pas. »

Alors là, je me dis intérieurement, non sans un sourire intérieur : « putain, qu'est-ce que je dois avoir comme connaissances ! »



« La Voie des Fleurs », Gusty L. Herrigel.
Traduction : Emma Cabire.



Sur une masse critique, 
voie florale et voix spirituelle ;
Merci donc à Babelio et aux éditions Arléa.


12 commentaires:

  1. Je viens régulièrement prendre ici une petite bouffée d'air du Japon, et ça me fait du bien. Peu importe si il y a beaucoup de Japon différents.
    Mais je parle beaucoup trop je vois.
    Merci Bison.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il faut qu'il y ait des gens qui parlent pour que d'autres puissent écouter :-)

      Supprimer
  2. L'année dernière j'ai assisté à une séance d'ikebana à un salon japonais à Marseille. C'était magnifique. Un moment de silence et de poésie ... Tout un art ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le silence est déjà un art...
      J'ai vu des séances de tir à l'arc japonais, dont la finalité est la même.
      Tout aussi impressionnant, ce silence dans l'exécution...

      Supprimer
  3. Moi je parle trop et je m'exaspère moi-meme. J'apprends d'ailleurs actuellement à tenter de ne dire que l'essentiel... Dur.
    C'est la musique du voyage de... ou un été quelque chose... Ah j'ai oublié le titre. Un film de Kitano.
    On "voit" parfaitement les cerisiers en fleurs.
    Ta part féminine à encore parlé : les différentes chapitres. :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Toute ma part de masculinité se déverse dans mon silence, alors le reste de ma personnalité n'est que féminité...

      Supprimer
  4. Réponses
    1. Kikujiro avec un j, c'est mieux. Grand film, affiche superbe.

      Supprimer
  5. Il est beau ce livre dans ces fleurs et toujours plus tentant que « Le Zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc »...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Question tentation, je succomberai aussi au second, un autre pan du zen...

      Supprimer
  6. J’ai regardé son travail qui est magnifique... zénitude, quiétude, silence...

    « Du silence, beaucoup de silence. Parce que c'est à travers le silence que parle le cœur. Et la vie, et l'harmonie, c'est juste une histoire de cœur à cœur. L'amour aussi. »
    Crisse que c'est beau! <3

    Superbe photo, un livre à découvrir...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. je sais pas si c'est beau, mais silence et amour sont souvent deux concepts qui ne vont pas ensemble...

      Supprimer