Un endroit où aller...
une promesse dans cette collection d'Actes Sud. On dirait le Sud,
avec ses odeurs, ses parfums, sa chaleur et sa moiteur. On dirait le Sud, Le temps dure longtemps, Et la vie sûrement Plus d'un million d'années, Et toujours en été. On dirait le Sud et ses silences
en ce début d'après-midi où seuls quelques vieux n'ont pas bougés
de leur chaise en fer forgé sur la place centrale, comme momifiés
par la sécheresse de l'air andalou. Un soleil hurle sur les plaines
brûlées par tant de lumière. Lunettes de soleil, verres teintées de noir de jais, direction l'Andalousie, d'une côte à
l'autre, d'un océan à une mer, de Gijon aux marais salants d'Isla
Cristina, Santa Cristina et sa San Miguel, le vent me dévie vers
Almeria. Refrains d'enfance.
En trois lieux, l'auteur
me plonge dans ses souvenirs avec ses touches de nostalgie, ses brins
de mélancolie et ses découvertes liées à l'adolescence. La Plaza
Del Sordo, le Lycée Noir, la Calle Noya. Des essences pour chacun de
ces paysages, comme un subtil mélange de parfum d'orange et de
fleurs de jasmin, l'amour est au détour d'une crique, la zarzuela
mijote dans la cuisine de grand-mère qui ne veut surtout pas qu'on
l'appelle abuela ni même abuelita.
« le temps de
procéder à quelques manipulations mystérieuses, agitant ses
moulins à condiments au-dessus d'un grand plat en céramique, Mme
Issambra venait poser sur la table une zarzuela encore fumante. A
droite on trouvait des olives noires arrosées d'huile, à gauche une
large marmite de blé doré et, tout à l'extrémité de la nappe, ce
gâteau praliné qui n'existait nulle part ailleurs, dans aucune pâtisserie de la ville, sorte d'antiquité gourmande, couverte de
crème d'amande et d'un mince filet de sucre noir, dont le nom
m'échappe obstinément depuis que je ne vis plus en Espagne. »
Dans cette vie d'antan,
il y a ce grand frère que l'on suit au début, que l'on veut imiter,
et une certaine complicité. Et puis l'âge venant, de l'un puis de
l'autre, les chemins se séparent, souvent à la première mobylette. Il ne
peut plus le suivre, et l'indifférence prend en lieu et place de cet amour
fraternel. L'âge aussi de la grand-mère qui un jour ne se réveilla
plus. Les liens étaient pourtant fort, alors à défaut de
comprendre ce départ, il imagine son ombre, comme un fantôme présent dans son salon. L'internat, le
lycée, les années où il rêve d'une fille aux jambes caramélisées, la plus belle, du genre celle d'une vie,
dans le silence d'une crique, dans le fracas du ressac de la mer. Il
ramasse des galets, en souvenir de chaque rêve éveillé.
Un bout de désert au
détour d'un coin de rue, la ville a cessé d'exister au-delà. Le
vent chaud soulève la poussière, des poussières de vie qui
s'étalent à tout jamais dans le souvenir de ces plaines andalouses
qu'il a vu si souvent en songe. Son Shazam à lui, le Concierto de
Aranjuez, avec cette question sans réponses : Quelle version ?
Une multitude s'offre à lui, Miles Davis, Paco de Lucia, Pepe Romero, Miloš Karadaglić... Cet
après-midi, sous un soleil de plomb, les yeux fermés par la
poussière, la gorge nouée par la poussière, il se décide pour un esprit plus jazzy, un cœur
espagnol, Chick Corea...
« Le soir, je
pensais à ce qui se trouvait de doux et de renflé sous le chandail
de Sandra. C'était un défilé de sensations muettes :
l'arrondi, le pâle, le tremblant, le pincé, le soyeux,
l'éléphantesque, le pulpeux, le lisse parfait. Je l'imaginais qui
respirait en soulevant sa poitrine ou roucoulait une phrase
doucereuse dans mon oreille. Je vissais sur sa jambe le pied nu de
Beatriz. J'osais même lui greffer pendant quelques minutes la fesse
douce de Bettina. Je lui fabriquais un ventre souple et des hanches
grasses avec les souvenirs d'une virée sur la Playa de la Dona de
Mazarron qui remontait à la dernière fête de Ferragosto. Il
m'était facile dès lors de déplacer ma langue de ses lèvres vers
ses cuisses et son pubis. Il existait une surface continue et bien
organisée sur laquelle mon imagination pouvait glisser sans risquer
de se perdre. Je substituais aux profondeurs de sa bouche, que j'avais
consciencieusement inspectées, celles de son vagin que je me
représentais, sur cette carte mentale, comme un étroit tunnel de
sang. »
… et en profite pour
souhaiter un bel anniversaire à toutes les andalouses...
« Almeria »,
Olivier Dubouclez.
Salut, le Bison
RépondreSupprimerTitre plein de mystère et de soleil, mot magique prononcé avec douceur dans une chanson.
A chaque mouvement
On entendait
Les clochettes d'argent
De ses poignets
Agitant ses grelots
Elle avança
Et prononça ce mot
"Almeria"
Initials BB, S. Gainsbourg
Bien vue ! Je ne me souvenais plus de ces paroles...
Supprimeret toujours des extraits choisis avec régal. Et un bonus avec le magistral Chick Corea
RépondreSupprimerUn grand Chick...
SupprimerChuck Corea me va si bien.
RépondreSupprimerMuchas Gracias ...
<3
Chuck?! Tu aurais une passion pour Chuck... NORRIS! Le seul Chuck que je connaisse... :-)
SupprimerJ'aurais cru que tu étais plus Chick... Encore foiré !!!
Et ça le fait rire Bibi !
SupprimerGna gna gna ;-)
Almeria ça me fait penser à Gainsbourg moi.
RépondreSupprimerOuf tu n'as pas choisi Miles que je ne porte pas dans mon coeur. Très arabisante la version Chick.
Mais je préfère les guitares de Paco ou Peppe.
Je suis allée à Almeria. Il n'y pleut qu'un jour par an. C'était ce jour là :-) Mon Jules, cet aventurier, m'a emmenée dans le désert. Terrorisée, surtout quand un type chelou armé jusqu'aux dents a surgi de nulle part.
Pour me détendre nous sommes allés visiter le site où ont été tournés les westerns spaghetti. De faux cowboys rejouent les scènes... Il y a encore l""arche" où etait pendu le frère de l'homme à l'harmonica dans Il était une fois dans louest.
Ma vie est (était) passionnante non ?
Miles, je l'avais déjà sorti... Il faut varier les plaisirs... Et puis j'ai trouvé cette version de Chick que je trouve sublime avec la danseuse. On sort presque de l'Andalousie pour rejoindre l'orient, mais après tout, l'Andalousie c'est le mélange de l'Espagne et des Maures, me semble-t-il... Waouh, le frère de l'homme à l'harmonica encore pendu, il a du bien sécher depuis... :-)
SupprimerSanta... Cristina...
RépondreSupprimerJe ne sais pas pourquoi, je trouve que ça fait bizarre mis ensemble... ^^
pas de commentaire.
SupprimerJe suis du genre à idéaliser les personnes chères.
Pfffft réponse a la Grenouille !
Supprimer;-) à Bibi
Slurp à vous deux ! :)
Un beau livre forcément, pour un très bel anniversaire <3
RépondreSupprimerÀ la santé de Cristina avec une San Miguel ou une Blanche de Chambly :-*
un beau voyage nostalgique en terre andalouse, avec les premiers émois pour la beauté andalouse... Il parait que le soleil caramélise les jambes et la lune bleuit la terre poussiéreuse...
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