Serait-ce le dernier - ou premier - conseil de l’auteur ?
Vis aussi. Chie surtout.
Voilà tout est dit. Ou presque.
Tu peux tourner la page, tu connais toute la philosophie de l’auteur.
Tu peux tourner ma page, tu connais tout de ma vie. J’aborde donc une version poète de Hank. Des poésies en prose avec les thèmes de prédilections de l’auteur.
Il boit, certes. Il regarde des femmes, quelques. Il écrit surtout, sur ses écrits. Ce pourrait être des petits instantanés de sa vie. Du quotidien banalement banal. Charles Bukowski va aux toilettes, chie un beau morceau, parfois même un très beau morceau d'anthologie, retourne à sa fenêtre devant une bière, ou à sa machine à écrire devant un verre de vin. Et quand il sort de chez lui, dans le froid, la pluie ou le vent, - bon ok, c’est quand même la Californie - c’est pour aller à l’hippodrome. Les courses, son autre dada, en plus de celui d’écrire des poèmes en prose ou des nouvelles à l’eau de rose – ou aspergées d'eau sauvage. Et il écoute de la musique classique. C’est également un bon point. J’ai toujours trouvé qu’il avait bon fond, ce type, malgré son air grognon et renfermé.
« Je ne crains rien ni personne, la pluie s'abat
sur la porte et je suis devant cet ordinateur
écoutant du Rachmaninov à la radio.
la pluie tambourine violemment à la porte,
alors je souffle la fumée d'un cigare à son intention
et souris.
derrière la porte il y a un petit balcon
sur lequel est posé une chaise.
je m'assieds parfois sur cette chaise quand il y a
de l'eau dans le gaz.
(bon sang voilà que la pluie rentre à l'intérieur !
formidable ! Une pluie battante sur ma chaise en bois
dehors !
les arbres et les câbles de téléphone s'agitent
sous la pluie.)
Je m'assois parfois sur cette chaise quand il y a
de l'eau dans le gaz.
et je sirote ma bière là dehors,
regardant passer les voitures la nuit sur l'autoroute,
remarquant au passage le nombre de lumières nécessaires
dans une ville, tellement de lumières.
et je reste assis là et me dis, bon, c'est peut-être
un sale moment
mais au moins tu n'es pas à la rue.
et tu n'es même pas encore au cimetière.
courage, vieux garçon tu as remporté des batailles
pires que celle-ci.
descends ta bière.
mais ce soir je suis à l'intérieur,
et Rachmaninov joue pour moi. »
[extrait : tempête pour les morts et les vivants]
Je ne vais pas m'étendre sur les qualités de l'auteur, sur son humanisme et sa fragilité qui se ressentent dans ses textes, les nombreux doutes qui émanent de ses récits, ses certitudes aussi, ses penchants la queue droite. L'univers de Charles Bukowski est ainsi fait. On aime ou pas. On le lit, aux chiottes ou pas. Moi j'aime bien le lire avec un verre de bière à portée de main, je ne bois pas seul, il ne boit pas seul, nous buvons ensemble nous laissant porter par la musique, quand le lit de la voisine, une brune aux longues jambes, grince chaque nuit aux alentours de 22h48 et qui berce ainsi mes nuits de fantasmes éthyliques.
Donc si je résume la pensée du maître : « Bois et écoute Chostakovitch ».
Ou sa variante :
« Bois et écoute Wagner ».
« Bois et écoute Wagner ».
Autre point de vue :
« Bois et écoute Sibelius ».
Alors j'écoute Sibelius en lisant ses textes, Leif Ove Andnes au piano. Des variations impromptues de Hank sur quarante ans. Assis à la terrasse d'un café, une choppe blonde, une mousse blanche, je me laisse aller à ses souvenirs, de courses ou de bitures, des propos flirtant entre la poésie et la scatologie, mon regard à peine détourné de ma pinte par une paire de jambes venues s'aventurer dans mon champ de vision, ou un beau cul se balançant au rythme de ses talons hauts, de mon cœur qui cogne dans mes tympans. Je suis trop vieux pour cet afflux sanguin. Je replonge dans les maux de l'auteur, comme une « Tempête pour les Morts et les Vivants ».
« J’ai mangé ta chatte comme une pêche,
J’ai avalé le noyau
Le duvet,
Calé entre tes jambes
J’ai sucé mâchouillé léché
Avalé tout ton être,
Ai senti tout ton corps se tendre et tressaillir comme un
Fusil-mitrailleur
J’ai fait de ma langue une flèche
Et le jus a coulé
Et j’ai avalé
Pris de folie
Suçant l’intégralité de tes entrailles –
Ton con tout entier dans ma couche aspiré
J’ai mordu
J’ai mordu
Et avalé
Et toi aussi
Tu as cédé à la folie
Alors je me suis retiré pour recouvrir
De baisers ton nombril
Avant de glisser entre les fleurs blanches de tes jambes
J’ai embrassé croqué
Mordillé,
Encore une fois
Tout du long
Ces merveilleux poils pubiens
Qui m’attiraient m’attiraient toujours plus
J’ai résisté tant que possible
Et puis j’ai bondi sur la chose
Suçant et lapant,
Des poils dans mon âme
Un con dans mon âme
Ton être entier dans mon âme
Dans un lit miraculeux
Avec dehors des cris d’enfants
S’amusant sur leurs vélos
A roulettes aux environs de
5 heures de l’après-midi
Tous les poèmes d’amour étaient écrits :
Ma langue est entrée dans ta chatte et dans ton âme
Le couvre-lit bleu était là
Sans oublier les enfants dans l’allée
Et ça chantait et ça chantait et ça chantait et
Ça chantait. »
[Chanson d’amour]
« Tempête pour les Morts et les Vivants », Charles Bukowski.
Traduction : Romain Monnery.
Sur une masse critique,
Suis-je encore vivant ou déjà mort,
Merci donc à Babelio et aux éditions Au Diable Vauvert.
Trop longtemps que je ne l'ai pas lu, il faut vraiment que j'y retourne...
RépondreSupprimerJamais n'est trop longtemps. Moi j'aime prendre mon temps pour découvrir quelqu'un. J'y vais par petites touches et faire ainsi durer le plaisir durant des années. Je ne me dévoile que petit à petit à l'auteur, et lui ainsi en fait de même. Juste une question de patience et d'envie. Bukowski, j'en est encore une demi-douzaine qui m'attendent depuis des années et ainsi je sais qu'il n'a pas fini de m'émouvoir, de me perturber, de me faire sourire et le fait de savoir que je vais pouvoir chier avec lui pendant encore des décennies me rend presque... je ne sais pas comment qualifier ce sentiment...
SupprimerJamais lu le crado je crois. Juste entendu et vu à Apostrophes en son temps. Un grand moment.
RépondreSupprimerHors sujet : j'entame mon quatrième Wally Lamb (Nous sommes l'eau) et j'ai dévoré les cent premières pages cette nuit. Comment fait-il ça ? Vivement ce soir.
C'est pas une obligation de lire ce vieux dégueulasse...
SupprimerWally, c'est devenue ta drogue dure... j'imagine encore du 700 pages mini...
Il est devene indispensable.
RépondreSupprimer887...
Quand même magnifique ce poème... envie d'une pêche bien mûre? :D
RépondreSupprimerC'est plus la saison des pêches, même si le jus coule encore...
SupprimerBen quoi, il est passé où le concombre? J'y venais! ^^
RépondreSupprimerHa... Tu as vu mon concombre... Désolé ;-)
SupprimerJe l'ai mangé... Par contre, il me reste un cornichon...
Bukowski...Je l'ai toujours aimé, j'aime sa poésie, j'ai trouvé "Ham-on-rye" tellement touchant, triste, amusant, j'ai versé une larme en l'entendant réciter un poème "Blue bird", le petit oiseau bleu qu'il cache dans son cœur! Merci pour ce bel hommage à une de ses œuvres que je dois encore (absolument!) lire...
RépondreSupprimerHam-on-rye... Tout un programme, appétissant. J'allais dire, tiens en v'la un que je ne connais pas. Mais si, en fait, Souvenirs d'un pas grand chose, en fait. Je préfère le titre en VO, plus décalé. C'est du grand !
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