Et si on parlait poésie. Chacun son style, chacun ses rimes. Mon rimmel coule sur les pages épaisses de ce roman, je replonge dans ma période Glam-Rock, Marc Bolan au chant.
Je t'inviterai bien à parler violence conjugale mais qui serait assez fou pour enchaîner poésie avec un père qui désosse le visage de sa femme devant ses gosses.
"À table, je cherche les yeux de Papa pour un début de lien, un commencement de corde. Il fut mon prince, celui que je charmais, le dimanche soir, avec un livre d'images (il se taisait déjà mais j'entendais sa voix). Quand il dictait, j'avais des mots sans fautes qui me rappelaient sa terre ; je croyais que mes pensées me venaient de ses cheveux gardés longs pour nous cacher. Il est à présent mon ennemi juré, celui qui frappe sans vergogne et désosse le visage de Maman. Chaque soir, je prie pour qu'il meure. Cependant, Maman répète C'est votre père, Et vous devez l'aimer."
Avant donc d'entamer ma lecture de sauf les fleurs, j'hume profondément le parfum de ma bière, fleurs de houblons. Point de roman sans binouze, le vieil adage d'un bison avec sa caisse de douze. Je vois des champs de coquelicots où les oiseaux me chantonnent gaiement viens dans ma ferme j'ai un truc à te raconter. Il ne me faut qu'une gorgée de lignes pour être pris par un "bouquet d'émotions", la gorge prise par cette "enfance fauchée". Parce que ce truc, c'est du genre indicible, alors je me tais.
"Florent, je n'ai plus beaucoup de temps pour être encore à toi, ce sera notre vigne. Résiste à me sauver, tu attiserais mon feu. Résiste à m'attacher, tu briserais mes ailes. Je t'ai vu, je t'ai aimé et tes mots serraient si fort mon carnet que c'était comme me taire en me chargeant de sève. Pour être sincère, je maîtrise mal ce qui m'arrive, le lien m'est exil et jai droit, ici, à deux éclats par jour. Sous le piano, tu trouveras une écharpe tricotée dans l'étable et que Maman portait. Enroule-toi quand tu rentreras, si je suis condamnée. Je ne serai plus au bar mais tu n'auras pas besoin de moi pour que notre amour donne. Tu commanderas l'absinthe, tu fumeras l'opium et ce sera déjà nous, avec ou sans mes yeux calés sur ton sourire. Quel que soit le tourment qui me prive de te dire la brûlure où je vais, je m'aimais bien, tu sais, à t'avoir si sûrement aimé."
Bon OK, si je me tais, je peux tout de même écrire un mot ou deux, sur ces coups qui colorent le visage d'une femme, sur les bleus une poussière ocre se dépose finement, pouvoir magique du maquillage à distraire les maux d'une putain de vie. Et sur les mots de l'auteur, Nicolas Clément, d'une poésie incroyable dans un drame quotidien. C'est beau, c'est magnifique même, (quoi, qu'est-ce que je suis en train d'écrire... que la violence conjugale est magnifique...), ce "florilège de sentiments" qui parfume une vie comme seules les fleurs de jasmin savent m'émouvoir, me bousculer. Oui ça bouscule, les fleurs et les pétales de l'enfance qui s'envolent d'entre les lignes pour venir me saisir. Oui, malgré toute l'horreur abject d'un tel sujet, c'est bien le genre de court roman qui mériterait des secondes lectures pour s’imprégner encore un peu plus de la poésie des fleurs.
"Un seul mot : UPPERCUT !", pensai-je en me regardant dans la glace, me rimmelisant la face.
"Sauf les Fleurs", Nicolas Clément.
Un petit livre qui m'aura marquée, pour ma part, avec des bleus... au coeur ;'(
RépondreSupprimerJe ne crois pas que cette mère se distrayait à maquiller les bleus de ses coups, du moins à la fin elle n'aurait même pas pu le faire...
La beauté réside dans le texte, les mots puissant de sa fille, de son Amour.
* puissants (pardon)
Supprimeroui, ce livre se lit pour l'écriture, les phrases sont belles, oniriques même loin de la réalité.
SupprimerPS : contente qu'il t'ait plu malgré le sujet. J'avais pensé à la "fulgurance" de l'écriture qui pourrait te toucher. Uppercut était aussi l'un des termes de ma critique 5 étoiles (à l'époque, y'a longtemps...)
RépondreSupprimeruppercut, thème que j'ai pompé à une lectrice ordinaire...
Supprimer;-)
SupprimerUppercut oui tel est semble-t-il ce qui en fait la lecture ...
RépondreSupprimerSi jamais ...
https://www.blogger.com/blog/post/edit/7499688335159298426/3415120345280929529?hl=fr
problème sur ton lien qui ne ramène rien...
Supprimerça a du bon les lectures uppercut, ça te renvoie dans les cordes, ça te pose un genou à terre, ça te coupe le souffle... comme un Pink Floyd...
Ben cher Bibison je te laisse le soin de le mettre ... violence conjugale ...
SupprimerEt Pink Floyd toujours !
Arthur H en prime, c'est pas mal aussi ;-)
Supprimerhttps://op-poemes.blogspot.com/2021/07/violence-conjugale.html
Un livre qui me perturberait, c'est certain.
RépondreSupprimerParce que la violence conjugale n'est jamais romancée ou "romançable". Qu'on y dépose des fleurs ou du fard sur les maux et les blessures. Le bleu finit toujours par s'imposer et s'imprégner à vie dans la chair. Un "roman" choc...
C'est aussi la force de la poésie, de mettre de beaux mots sur des maux affreux. Un roman choc sur l'enfance, terrible et révoltant. Oui, un livre pour toi. Parce qu'il perturbe et qu'il reste sublime à chaque phrase.
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