Visite guidée à travers les rues de Florence, les splendeurs de la Renaissance, ça te dit ? Flâner dans les musées, prendre le frais dans les églises, se promener dans les jardins, un verre en terrasse... Un programme alléchant, oui je veux te lécher, te faire l'amour sous le clair de lune, période bleue, que tu sois Rena, Subra ou toute autre sylphide en a. L'ambiance toscane, sa chaleur, sa moiteur, moi ça me donne des idées fiévreuses. Pas toi ?
"Dès que nous nous laissons tomber sur le lit et commençons à nous déshabiller avec la délicieuse maladresse de l'impatience, je comprends que Kamal connaît aussi la passivité, qu'il est capable de se tenir immobile et de s'offrir à moi, pleinement éveillé et attentif, comme un violoncelle s'offre à l'archet, s'arc-boutant il m'abandonne son visage, ses épaules, son dos et son derrière, attendant que j'en joue, et j'en joue, oh que j'en joue, la plupart des hommes redoutent de se livrer ainsi alors que, si l'on est fin un tant soit peu, on peut goûter l'exquise passivité même aux moments les plus violents de l'étreinte. Dans un délire de désir retenu, je soupèse caresse et lèche les bourses de Kamal, puis je prends son sexe dans mes mains, entre mes seins, dans ma bouche, se rasseyant il s'empare de moi et je le laisse s'affairer à son tour de sa langue et de ses lèvres sur mes seins, ma nuque, mes orteils et mon ventre, explorer les nombreux trésors de mon entrejambe, ô merveille de la langue sur le sexe, les lèvres sur le sexe l'un de l'autre, en même temps ou l'un après l'autre ou alors l'un seulement, cette fois, et l'autre, une autre, jamais je ne me lasserai de cette fluidité argentée, le sexe nageant dans le bonheur tel un poisson dans l'eau, l'être libéré de l'un, de l'autre, sensations frémissantes, charnelles et roses palpitations qui vous détachent de toute couleur et de toute chair, font voir des étoiles, des voies lactées, vous propulsent sans corps ni âme dans l'espace ondulant, les cieux ondulants faisant onduler votre corps qui n'existe plus."
Rena rejoint son père et sa belle-mère pour cette escapade florentine. Pourquoi a-t-elle accepté ? Elle se le demande encore, déjà son père... mais sa belle-mère en plus... Tu parles de vacances... Alors pour s'échapper elle a convié Subra, son amie "intime" et imaginaire à qui elle conte tous ses fantasmes, y compris les performances sexuels de son jeune amant parisien. Elles sont chaudes toutes les deux. Me too. On est fait pour s'entendre, je serai donc son lecteur privilégié. J'y connais rien en arts et encore moins en positions "libératrices". C'est que je ne te l'ai pas encore dit, mais Rena est aussi artiste, à la fois reporter et photographe. Sa dernière exposition : le sexe masculin. Des clichés de sexe, en forme ou au repos, en long en large, des gros plans, des plans plus larges, bref des bites de toutes les couleurs. Elle aime photographier la nudité de ses amants. Moi, tu veux aussi que je pose ? Ne me demande pas de tremper ma bisoune dans le caffèlatte...
Allez, c'est l'heure de la sieste. Son père fatigue déjà, il rentre à l'hôtel... On se retrouve ce soir au restaurant ? Non, je crois qu'il va se faire monter un plateau repas directement dans sa chambre. Des vacances ratés, je le sentais. Alors, Rena se promène tout l'après-midi dans cette ville-musée, enchaîne les galeries d'arts et se taperai bien ce gardien bien silencieux. Elle aime le silence des hommes, quand leurs mains se substituent à la parole, elles lui caressent les seins, encore fermes pour son âge, une fierté, elles lui caressent ses fesses, d'une rondeur encore bien douce et docile... Elle est chaude, moi aussi dans mon silence. Normal, c'est une fille de McGill, et j'ai entendu dire que les nanas de McGill, c'est du hot, surtout quand elles écoutent Leonard Cohen. Je commande un cappuccino, avec un surplus de crème si tu vois où je veux en venir.
"Ça se passait dans ma chambre d'étudiante, rue de Maisonneuve. Plus tard la même année je me suis retrouvée dans la même paire de draps avec François, mon prof de français à Concordia, un catholique avide de me shtupper parce que j'étais juive. Pendant nos ébats il n'a cessé de répéter en haletant : "T'es vraiment juive, hein, te l'aimes-tu ma bizoune de goy, te l'aimes-tu ? Ah Jésus-Marie-Joseph j'en reviens pas, chu en train de fourrer une ostie de juive, ah môman si tu me voyais si tu me voyais môman, je fourre une ostie de juive les gars, j'vas venir j'vas venir j'vas venir, ah criss ça vient, ça, aaah. Aaaaah. AAAHHH-AH !" A la suite de quoi, en se lavant, il a fait d'insupportables calembours sur le prépuce à l'oreille. Quinze jours plus tard, j'ai compris que j'étais enceinte. "
Que de souvenirs qui refont surface, comme des péchés oubliés, des meurtrissures du passé qui surgissent du tréfonds de la mémoire. La force d'un ristretto fait que des images inavouées et inavouables s'affichent sous l’œil de la photographe. Sans filtre, juste un infrarouge, Rena peut ainsi voir la réalité de la vie, la sienne surtout. Le café se sert serré, ici, mais les blessures ne peuvent s'oublier, en toi. D'où ces nombreux voyages à travers le corps de l'autre, ces pulsions sexuelles, ces désirs, tes cuisses qui s'écartent, ô petit bonheur furtif qui permet à l'instant d'oublier sa propre histoire et de laisser couler la bonne humeur sur son visage comme le sperme de son amant.
Et que d'érotisme dans ces quelques jours toscans, je devrais peut-être vivre à Florence ou être italien, ça me plairait bien... Si j'y connais rien en art, - Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni ça serait pas un remplaçant de la Squadra Azzura ? - je demande pas mieux, au fond de moi, que d'approfondir l'art de la sodomie.
"Infrarouge", Nancy Huston.
"Un peu plus tard, elle arrête un instant de se sécher les cheveux pour contempler son corps nu dans la grande glace sur la porte de l'armoire Devant, derrière. Encore passable. Et paisible. Et impassible. Ses lignes, droites et discrètes. On ne devinerait jamais tout ce qu'il a vécu.
Pour autant, je ne suis pas devenue allergique à la sodomie.
J'espère bien ! dit Subra, elle aussi de bonne humeur ce matin. S'il fallait renoncer à toutes les activités auxquelles on a été initiés dans la douleur on ne ferait plus rien, hein ? On ne lirait plus, on ne mangerait plus, on ne jouerait plus du violon..."
La Toscane italienne et la ligne verte du métro McGill, il y a là une certaine affinité. À s'y confondre, comme la binouze et la bizoune...
RépondreSupprimerSi tu le dis, je n'y connais ni 'lune ni l'autre. Tout ce que je sais, je vois, je lis, c'est que les filles qui passent par McGill sont hot...
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