Troisième café du matin, je fixe l’âme du soleil à travers la vitre. J’ouvre la fenêtre, mes pensées s’envolent. Platitude de la vie où les feuilles vont et viennent, où le raisin se met en grappe autour d’un fil, oui, je fais face à des vignes. Au loin, j’entraperçois une vache, normande ou limousine, pelage blanc tâches noires. Ou l’inverse, ça dépend de la polarisation de mes lunettes de soleil, ou de celui qui voit le verre à moitié plein ou à moitié vide. Moi, en tout cas, je le bois, je le vide. Oui, j’aime regarder les vaches, elles ont souvent l’air plus intelligentes que moi et semblent me dire « mais qu’est-ce tu fais ici à me regarder, passe ton chemin, vieux ! ». Alors…
Le casque sur les oreilles, je déambule à travers champs, à la rencontre d’autres inconnues entourées de mystères, pendant qu’au loin un cor de chasse s’époumone rappelant les chiens de bassecour. Chasse interdite dans mon domaine, les bisons vivent en pleine liberté, fouettant la poussière aride de leur vie. Seule est autorisée la cueillette de champignons hallucinogènes, When I saw a mushroom head When I saw a mushroom head When I saw a mushroom head When I saw a mushroom head I was born and I was dead I was born and I was dead… Une explosion atomique.
Le casque sur les oreilles, la tête tintinnabule. Je commence à avoir chaud, enveloppé par cette douce mélodie, les chœurs au cœur, humide mélancolie. Et puis, ouais, je me fous à poil, bête à poil que je suis, promenons-nous nus dans les bois et le monde en sera plus libre. Ouais, dansons nus sous le soleil, plus ou moins exactement. Suons de bonheur à chevaucher sans limite le plaisir de ces corps lourds et engourdis de la vie. La température s’élève fiévreusement, la moiteur est atomique.
Le casque sur les oreilles, ma langue initie les préambules. Elle lèche la sueur qui coule le long de ta tempe, glisse sur ton cou parfumé aux coquelicots, s’aventure sous tes aisselles, un gout salé, se détourne entre tes seins, un goût sucré, - tu te retournes ? -, glisse sur la douceur de ton ventre, cette fois-ci tu te retournes car la gouttelette de sueur s’affranchit de tes rondeurs qui me mettent en émoi, le regard posé sur ces fesses impolies, qu’elles soient douces et pénétrantes. Je te retourne, j’ai soif, de vie, d’envie et ma langue s’enfuit dans cette légère végétation que des émanations de jasmin m’enivre, un goût ambré. Le cœur brûlant, de quoi assécher ton triangle de verdure, pourtant la fontaine coule et coule. Dans cette oasis de bonheur, d’une chaleur atomique, j’ignore ma timidité.
Le casque sur les oreilles, j’erre tel un funambule. Sur la corde raide, mon esprit divague, emporté par les vagues musicales, genre grand orchestre et psychédélisme réunis. Quelques notes à l’orgue sonnent, emportés par le vent comme les silences de l’amour. J’embarque sur les flots de ta douce mélodie, je débarque aux abords d’un grand lac, les pieds dans l’eau, comme des milliers de flamants roses, venus observer la vache ou le bison. Et quelle musique coule en moi ! comme cette eau entre tes cuisses. La vie, le sexe et la tendresse, bordel. La passion s’envole, ces oiseaux déploient leurs ailes. D’autres horizons s’ouvrent, il fait trop chaud ici, le soleil tape, frappe, cogne comme un verre de Bourgogne.
Le casque sur les oreilles, j’erre tel un somnambule. Le regard perdu vers la lune, les nuits bleues défilent comme ce disque sur ma platine, bouclent sur « Atom Heart Mother ».
Absolutment indispensable, Absolutment culte, Absolutment bandant.
« Atom Heart Mother », Pink Floyd.
La chaleur actuelle surchauffe-t-elle le Bison ?
RépondreSupprimerMais qu'il est bon ce bison et cette musique...
Et dire que David disait que cet album était un patchwork ! Et bien j'en veux du patchwork comme ça !!!
Vive le rock psychédélique, vive le rock progressif, vive Pink Floyd et vive le Bibison !!!
Il était grand temps d'en venir aux grands classiques, Rachmaninov et cie... ;-)
SupprimerAbsolument d'accord. Pink Floyd for ever.
RépondreSupprimerMeme si ce n'est pas mon album préféré, j'aime beaucoup moins la face B, ce morceau est vraiment grandiose. Je suis content d'avoir cette version avec le groupe seul.
C'est pourquoi ton texte me plaît autant.
A.bientot.
Un de mes préférés, mais ai-je vraiment des préférés en matière floydienne, mais qui vaut effectivement beaucoup pour ce premier morceau...
SupprimerAbsolument atomique et suave, infiniment tout <3
RépondreSupprimerune bombe A, ce groupe, ce mythe.
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