mardi 24 mai 2022

Déchire la nuit


Ô jeunesse d’aujourd’hui, ô vieillesse d’antan. Le corps luisant de sueur, l’adrénaline qui coule le long de mes veines. Le rythme déchaîné comme emporté par un diable pressé, c’est du speed, envie de courir, courir, courir, mourir, c’est du sauvage, envie de sauter, sauter, sauter, m’allonger, c’est du rock viril et de la sueur sous les aisselles. 

Le regard porté au loin, hypnotisé par un riff, celui de la guitare, celui de la vague qui vient s’échouer sur le rivage de ma vie, une suite sans fin de notes et d’écume. Un cri sur la falaise, un goéland, une baleine en rut, un homme sodomisé. Aie, ça fait mal, la puissance de ce déversement verbal, la sauvagerie de ce déchaînement, l’enfant sauvage que tu es au fond de toi. Si, si !

J’ai envie de crier, de planer, de me jeter du haut de cette falaise, en criant, en planant. De sentir le vent m’emporter, de voir ce raz-de-marée vrombir contre la roche blanche, sous la lune bleue, dans cette nuit noire. Obscur monde où ces cris percent mon silence, brisent mon âme, mais aussi déversent une certaine mélancolie. Elle n’est pas douce ma mélodie, une ritournelle pour l’enfant sauvage qui sommeille au fond de toi. Si, si !

N’est pas impératrice qui veut. La poussière s’envole, recouvre tes santiags, se collent à ta peau moite d’une furieuse envie de te prendre, pique les yeux, ferme-les, laisse-toi emporter par cette chaleur qu’une bière ne serait rafraîchir, la musique est là, impertinente et indomptable, elle déchire la nuit et son silence, chaleur de la bête dans des draps froissés, elle dézingue le soleil et ses mirages, chaleur des corps sur une plage de poussière. Boum, boom ! Mon cœur, une explosion !

Un peu de bruit dans ce corps en silence, histoire de réveiller le peu d’âme qui reste ancré en soi. 
Une bouteille de bière dans ce corps asséché, histoire de mouiller le peu d’âme qui spleen en soi.
Des décibels, belle de mes nuits bleues, belle de mes rêves douteux, par-delà le ciel, par-delà le soleil.
C'est beau comme un verre de Baudelaire, sans modération.

« L’Enfant Sauvage », Gojira.



2 commentaires:

  1. Vive le 24 mai !
    J'en connais qui entre dans un demi-siècle... Et un tout petit qui entre dans la vie (une semaine aujourd'hui) 🙏

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