Tu l'entends ? Tu l'entends ?
Bien sûr que tu l'entends, le murmure. Le murmure assourdissant et permanent comme un bruit parasite à l'intérieur...*
De la neige et du silence, je m’enfonce dans le vide blanc. Pas une parole, juste des regards lourds de sens, des hurlements de loups, des frottements de neige, le sifflement du blizzard. A errer sur la piste, à se brûler par le froid et la solitude, la folie me guette. Jusqu’où ma survie ira, dans cette étendue d’une blancheur immaculée. Tout est blanc, sauf ces tâches de sang qui coule coule de ma tempe de mon cœur. La neige devient rouge, rouge sombre, presque noire, comme l’âme humaine dans cette lointaine contrée perdue aux confins des terres, là où la neige recouvre toute la poussière de ma vie.
Tu nous entends le Blizzard? Tu nous entends?
Si tu nous entends, va te faire enculer.*
Le regard porté au loin, les pensées posées au fond d’un verre de vodka, je vois plusieurs soleils, ce que les Indiens appelleraient certainement des Sun Dogs dans leur langage si imagé. Phénomène qui m’interpelle : réalité scientifique ou fond de ma bouteille d’eau-de-feu-ou-de-vie ? Etrange, étrange…
Si tu nous entends souviens toi que t'es pas tout seul. Jamais
On est tellement nombreux à être un peu bancals un peu bizarres
Et dans nos têtes il y a un blizzard
Comme les mystiques losers au grand cœur.*
« L'été indien s'était attardé, puis tout à coup, avec une soudaineté d'éclat de trompette, l'hiver arriva. Il arriva en une seule nuit, et les mineurs se réveillèrent au vent qui hurlait, fouettant la neige et gelant l'eau. Il y avait tempête sur tempête, et, dans l'intervalle, c'était le silence que seul interrompait le grondement des flots sur la côte désolée où l'écume salée frangeait la plage de blancheur gelée. »
D’un autre temps, tant de blizzard qui m’entoure, je tourne dans les détours du Klondike, comme ces premiers films vers la ruée vers l’or. La quête de la pépite et de son filon, celle qui fait tourner la tête des hommes et puis au milieu l’imprévu. Ah… L’imprévu dans cette terre vire souvent de la beauté au drame. Et au milieu de ces hommes et de ces femmes, la présence d’un chien loup qui hésite entre vie sauvage ou vie domestique, entre la folie des hommes et celle du blizzard. Pas simple la vie là-bas, mais quelle beauté de suivre la piste des trois soleils, de vivre survivre ou de mourir.
Nique sa mère le Blizzard
Nique sa mère le Blizzard
Tout ça c'est fini*
« La Piste des Soleils », Jack London.
Traduction : Paul Wenz.
* #Fauve.
« Partout ce n’est que neige et silence, et dans le ciel il y a trois soleils et l’air brille de la poussière de diamants. »
Salut, le Bison
RépondreSupprimerLecture de saison, bien que l'hiver soit un peu plus clément en nos contrées.
J'aimerais voir trois soleils dans le ciel...
Je ne sais ce que dit le texte original, mais je trouve que la dernière phrase ouvre la porte à l'imagination: neige, silence, trois soleils et poussière de diamants, quelques mots mais des images magiques.
Et hop ! Encore un titre à ajouter à ma liste de livres à découvrir ! Merci, le Bison !
La magie de l'Alaska, de la neige, de la glace, des diamants. Il fait bien froid, là-bas, et l’expérience des trois soleils, comme des aurores boréales, change le regard de l'Homme.
SupprimerJe n'ai lu que Martin Eden qui est un des meilleurs livres de tous les temps.
RépondreSupprimerIl faudrait peut-être que j'essaie ces nouvelles. Mais j'en lis vraiment peu.
Ces nouvelles restent un petit aperçu de l’œuvre avant de plonger dans l'immensité de l'Alaska. Cela dit, je sens que là-dedans, il y a beaucoup de l'univers de London, le Klondike, les Indiens, la beauté de la nature, la folie des hommes.
SupprimerJe m'étais dit, en début d'année : "En 2021, tu découvriras Jack London.". Voilà, c'est fait, maintenant je vais pouvoir poursuivre mon aventure sur les années suivantes avec Croc-blanc, le Peuple d'en Bas, les enfants du froid et surtout John Barleycorn qui me fait de l’œil chaque fois que je bois un whisky...
Je vais tâcher de le trouver.
RépondreSupprimerMais rassure moi, tu as bien lu Martin Eden ? J'ai cherché mais ne l'ai pas trouvé sur ton blog.
Je pense que c'est une urgence vitale.
C'est une histoire triste, au moins ? Je ne lis que des histoires tristes... J'essaierai d'y remédier, sur tes conseils...
SupprimerJ'entends des rafales de blizzard, le hurlement des loups, les beautés de la solitude.
RépondreSupprimerJ'entends London... et SOYCD....
C'est un beau début d'année je trouve.
Tu entends tout ça ?! Waouh... c'est beau... Et en même temps ? Quelle cacophonie dans ta tête... :-)
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