Sujet plus
léger : l’apparition du monokini sur les plages. Certaines femmes le
pratiquent même à la piscine où un coin leur est réservé afin de ne pas choquer
les enfants. Les adeptes se multiplient et revendiquent fièrement cet acte de liberté :
« Pour éviter les marques de maillots et aussi parce que nous nous sentons
plus à l’aise. Nous avons fait sauter notre carcan ! » A
Saint-Tropez, terre d’insolence, c’est carrément le string qui sera à la mode
cet été. Voilà le genre d’informations que les journaux développent quand ils
n’ont rien à raconter. »
Oui, on aurait
pu en rester là, la mort atroce d’une petite fille, la douleur infime d’une
famille modeste d’origine espagnole, une ville Marseille qui pleure sur les
Rambla, un pays recueilli autour de sa mémoire. Oui, on aurait pu, mais non en
fait. Un écrivain romança l’enquête criminelle, « le pull-over
rouge » et anéantira encore plus les Rambla. A partir de ce bouquin, les
doutes sur la culpabilité, « Christian est innocent » se révolte la
population, la peine de mort sera abolie, quoi qu’on en pense de la culpabilité
d’un homme qui a un pull-over rouge et qui sait où était caché le couteau.
Bref, je ne reviens pas sur ce roman que tout le monde en âge de lire à cette
époque là a lu. D’ailleurs, moi, je ne l’ai pas lu. Mais maintenant, c’est tout
une ville, un peuple qui crachent sur les Rambla, devenus coupables eux-mêmes
d’avoir mené à l’échafaud le dernier homme guillotiné. Et le petit Rambla,
qu’en est-il de ce gamin qui depuis ce 3 juin, a basculé dans un autre monde,
celui de la fin de l’innocence, un monde qui l’a oublié alors qu’il était en
toute première ligne. Il ne s’en remettra jamais. A jamais, coupable.
« A partir de ce 3 juin 1974, Jean Rambla se sent coupable. Terriblement. Il perd définitivement son insouciance. »
Parce que l’affaire Rambla ou le fantôme de Ranucci démarre sur ce procès presque anonyme, période de COVID oblige, au tribunal de Toulouse en décembre 2020. A la barre des accusés, plaidant coupable, Jean-Baptiste Rambla pour le meurtre de Cintia Lunimbu. Quinze ans avant, il avait déjà tué Corinne Beidl. Triste sort d’un petit garçon à qui l’on a tué presque sous ses yeux sa grande sœur et qui à son tour deviendra assassin, le spectre de la guillotine en moins, en partie grâce à sa sœur. Jamais il ne sera parvenu à se défaire de l’ombre de Ranucci. Peu habitué aux chroniques judiciaires que je suis, et si je devais avoir quelques regrets sur le sujet, c’est que ces deux crimes sont passés presque sous silence, un premier paragraphe, quelques chapitres en fin de roman. Si peu sur ces deux jeunes femmes, victimes d’un passé trop lourd. Au final, cela reste – ou est - un énième livre qui décortique l’affaire Ranucci, ce pull-over ou ce cirque rouge, quoi qu’en soit ton intime conviction, alors qu’il y aurait eu à analyser sur ces deux passages à l’acte successif, sa première libération conditionnelle, sa vie, une vie qui s’est terminée sombrement à l’âge de six ans, avec des parents qui n’ont eu de cesse de combattre pendant des décennies la mémoire de Marie-Dolorès Rambla, oubliant la souffrance et la détresse de son petit frère, « survivant », mais à l’époque, la psychanalyse ne savait probablement pas analyser un tel traumatisme. Agnès Grossmann a su m’intéresser à cette époque, à cette affaire, à la justice d’un pays et cela en me parlant également des petits à-côtés de l’histoire, sans h majuscule, entre deux tubes de l’été et la polémique de Michel Sardou, « je suis pour », quand une affaire déclencha dans la société française autant de passion que de haine. C’est aussi une époque qu’elle me conte, que je lis dans mon lit, quand la radio distilla l’un des grands tubes de l’année 74, George McCrae, paré d'un costume rouge, Rock Your Baby, le titre sur lequel mon émoi s’affola à l’affiche des strings de ces tropéziennes, signe que les temps changent.
« L’affaire Rambla ou le Fantôme de Ranucci », Agnès Grossmann.
Salut le Bison,
RépondreSupprimerCol pelle à tarte, clip simplissime, mais qu'est-ce que j'ai écouté cette chanson !
Merci pour ce voyage musical en 1974!
Il a la classe, le George !
SupprimerAh j'ai lu le Pull over rouge de Gilles Perrault (TRES BIEN). Pour moi Ranucci était innocent. Mais s'il est innocent on a jamais trouvé le coupable.
RépondreSupprimerC'est à cette occasion que machin avait dit : La France a peur ? Il faisait flipper aussi lui.
J'ai aussi vu le film de Michel Drach qui a dû beaucoup vieillir mais Serge Avédikian était super.
Et j'ai entendu du destin du petit frère. C'est insensé cette histoire.
Merci pour George, je dois avoir le 45 tours quelque part :-) Qu'est-ce que je l'ai écouté !!! Mais ce déhanchement :-) il se la pétait grave le George.
La France a peur... J'ai pris un peu de raccourci... Ce n'était pas pour cette affaire, mais deux ans après, 1976, pendant le procès... peut-être. La France a peur, au final, c'était pour Patrick Henry...
SupprimerIl est beau le George, il fait le fier avec son sourire. Il assure auprès des filles qui ont son 45 tours... :-)
Ah il me semblait bien que Ranucci avait ses défenseurs et n'avait pas fait peur à la France. Même si Dolorès l'avait émue.
SupprimerEuh Patrick Henry non plus d'ailleurs n'a pas fait peur à la France... mais Roger Gicquel (que devient-il ?)* lui faisait vraiment flipper. Merci de ne pas m'avoir aidée à retrouver son nom.
"Mais je crois qu'ce qu'elle préfère c'est son ptit ventre rond". (puisqu'on est dans les classiques).
*R is dead.
Rouge. Il y a de quoi avoir peur, c'est terrifiant. Col roulé rouge, couleur sang...
RépondreSupprimerTu vois, c'est pour ça que je préfère le vert. Comme dans le jus. C'est plus reconfortant.
Rouge, couleur de la passion, du sex on the beach et du vin... Tu as déjà vu du vin vert ? :-)
SupprimerC'est qu'il est pas mûr !
SupprimerJ'allais le dire... Pour que le jus coule, il faut ça soit bien mûr, il faut de l'attente, il faut du désir, il faut de la passion... Le jus n'en sera que meilleur, jusqu'à la dernière goutte...
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