Je débute donc La Dernière Séance par un grand film russo-japonais. Réalisateur japonais, fonds soviétiques. Peut-être l’un des plus humanistes que j’ai eu l’occasion de voir. Et de revoir. Je ne m’en lasse pas. Je reste subjugué. Par les paysages. Par les silences. Par l’âme de cet homme.
Je me retrouve perdu au cœur de la taïga, essayant de faire quelques repérages topographiques en Sibérie Orientale. Tel un explorateur soviétique dans la vallée de l’Oussouri, une bouteille de vodka dans ma besace pour combler les vides de ma vie. Je pars. Peut-être ne reviendrais-je jamais. Un bruit, des feuilles qui bruissent sous mes pas, je ne suis pas seul dans la forêt. Un autochtone sibérien, tribu hezhen, à la frontière chinoise. On ne parle pas le même langage, pourtant les regards suffisent à créer ce lien, entre deux hommes, entre deux êtres habitués au silence. Le silence et écouter le vent, les oiseaux, les cœurs qui battent et deux âmes qui se rejoignent dans ce regard. Plus que de la complicité, plus que de l’amitié, certains échanges peuvent être très forts dans le regard et le silence de la nature. Une histoire à la vie, à la mort, comme une évidence. Ces deux êtres, si bons, étaient là pour se rencontrer sur Terre et tisser des liens si forts que leurs âmes s’en trouvent bouleverser. Mais la nature reprend toujours ses droits. On ne peut changer, je ne peux changer et les larmes coulent devant la solitude de cet homme à la vie si formidable, si triste, si belle. Belle âme, putain de vie.
Jamais je n’ai vu de films aussi humanistes que celui-ci. Il donne si foi en l’âme humaine que je m’effondre à chaque fois que je repense à lui, à Dersou Ouzala, cet homme, sauvage et solitaire qui survit dans l’immensité de la taïga, entre neige et paille. Un film fort, plus fort même qu’une bouteille de vodka quarante ans d’âge. C’est dire la puissance d’un tel film, dire la puissance de ces silences qui réunissent deux âmes que tout semblait opposé. Une « belle âme » que l’on ne peut croiser qu’une fois dans sa vie et qui marque à tout jamais cette putain de vie d’une empreinte indélébile. Putain, j'ai envie d'une vodka !
Dersou Ouzala, Akira Kurosawa [1975]
J'adore ce film, c'est l'un de mes préféré de Kurosawa...
RépondreSupprimerUn Kurosawa dont je prends toujours autant de plaisir à regarder. On ne peut se lasser d'une telle beauté d'âme et d'une telle complicité. L'amitié réelle qu'une bouteille de vodka arrive à cimenter pendant des années.
SupprimerJe ne demande qu'à découvrir cette belle âme sauvage et solitaire. L'un des films les plus humanistes que tu as vu. J'irai voir ça de plus près, si en plus un Bison a été ému aux larmes... ;-)
RépondreSupprimerComment est-ce possible de ne pas connaître cette âme sauvage et solitaire... Impensable, inimaginable même comme d'imaginer ému un bison par autre chose qu'un string...
Supprimerun string et les histoires d'amour....
SupprimerBen ça alors. J'ignorais tout de la migration du Bison. J'avais peur que son vieux cuir ne tanne au soleil des Buffalo Skinners. Une bonne nouvelle, j'ai retrouvé sa piste. So long Man.
RépondreSupprimerSi je savais faire de la gratte, et aligner quelques poésies lyriques, j'aurais pu poster une video youtubeuse et annoncer aux plaines pleines de poussière où paissent et paressent et baisent d'autres troupeaux de bisons et d'animaux non identifiés... Mais voilà, je ne sais pas, alors je reste dans ma petite bulle de l'anonymat, l'intimité me convient, les invités y sont sélectionnés, une guitare est toujours la bienvenue.
SupprimerJamais vu et je le regrette !
RépondreSupprimerUn vieux cinéphile comme toi... Comment est-ce possible ?
SupprimerBonjour le Bison, je viens de découvrir que ton blog avais immigré sans prévenir. Je suis rassurée. Je croyais que tu avais disparu sans laisser d'adresse. Toujours est-il que Derzou Ouzala est un film sublime. Bonne journée.
RépondreSupprimerSublime et humain. Dersou ne disparait jamais de la steppe contrairement à un bison qui s'y perd...
SupprimerUn grand et beau film, le tout premier Kurosawa que j'ai pu voir. J'avais 13 ans quand on m'a parlé du film avant de le voir avec l'école, j'étais persuadée de me morfondre d'ennui. Et en fait, je me suis laissée embarquée et j'ai saoûlé tout le monde avec Dersou Ouzala pendant au moins 3 semaines, jusqu'à ce qu'on me dise que Kurosawa et que je vois Les 7 samourais et là, on pouvait plus rien pour moi
RépondreSupprimerDans la filmographie de Kurosaza, ce Dersou est vers celui instinctivement je me porte...
SupprimerMais je n'oublie pas ses 7 samouraïs ou son Ran... J'ai aussi un beau souvenir, un peu nostalgique, de sa dernière oeuvre, Mâdadayo...