dimanche 24 mars 2019

Folklore Polonais en Noir et Blanc


Un radio-crochet, comme on disait au bon vieux temps de Guy Lux, dans les campagnes polonaises. Une voix authentique, un regard mystérieux, une blondeur intrigante - voire soviétique. Zula. La vie paysanne chantée, voilà ce qu'ils veulent dans ces années cinquante. Wiktor, pianiste talentueux mais qui se laisse guider par les évènements, la remarque d'emblée. Un coup de foudre, comme deux êtres qui se croisent sur un quai de gare. Une audition pour un spectacle de danse, de chant et de musique, folklore reculé des campagnes. Puis la politique qui s'en mêle. Le folklore des paysannes devient le chant du peuple, à la gloire de Staline. Et la tournée des grandes capitales de l'Est, peut-être même Moscou, mais en attendant c'est Berlin.

Wiktor, l'amoureux fou, a un plan pour passer de l'autre côté. Elle n'a qu'à le suivre après le spectacle. Lui l'attendra à deux pas des barbelés et du garde frontière. Elle ne viendra pas, elle n'y croyait pas. A cette vie, à cet amour. Wiktor, pianiste de jazz dans un cabaret parisien, quelques années plus tard. Et quelques années ensuite, et ensuite. Des chassés-croisés comme autant de reconduite aux frontières. Deux mondes différents que la politique sépare.

jeudi 21 mars 2019

Un Amour Suprême


Le phrasé fragile, Daniel Darc ne cherche plus le garçon depuis des années. Sorti du taxi, il erre dans les rues, une bouteille de Bailey’s dans la poche de son imper. La pluie coule, le rimmel de la fille du taxi aussi, la seule fille sur Terre (5) qui vaille le coup de pleurer. Bourré cocaïné, et autres drogues comme les remords (1), il chante l’amour avec Bashung, magnifique duo en aparté, Love L.UV. (3) Mais ça ne sert à rien (6) d’être triste, dans un an et un jour (4), j’irai au paradis (2). Une promesse qu’il se fait car la vie est mortelle (8). Serai-je perdu (9) ? Pas autant que D.D. parce que j’aime pas le Bailey’s, moi je suis du genre à mettre une bouteille de whisky dans mon blouson et à te coincer tous les titres de l’album dans ce premier paragraphe. Environ (10), parce que si tu comptes bien il manque la chanson 7, celle qui donne son nom à l’album, du singulier au pluriel, Amour Suprême (7).

mardi 19 mars 2019

Conte d’hiver

« Je m'appelle Carl Houseman, et je suis shérif adjoint dans le comté de Nation, en Iowa. J'en suis également l'enquêteur en chef, titre que je dois autant à mon âge, cinquante-cinq piges, qu'à mes talents d'investigateur. C'est ce qui m'a valu d'être mêlé à plusieurs affaires intéressantes, dans une communauté de seulement vingt mille âmes, et c'est pourquoi je l'apprécie à sa juste valeur. »

Dans 4 jours c’est Noël, la neige, les marshmallows au coin du feu et les histoires de Noël. La paperasse a été bouclée, pas d'affaires sur le feu, je vais pouvoir passer Noël bien au chaud.

Il était une fois… un conte d’hiver qui n’a rien d’un conte de fée, de lutin ou de je-ne-sais-pas-quoi-pour-retomber-en-enfance. Il n'est même pas question de la Mère-Noël qui attend
en string son tendre époux barbu pour une grande veillée, nuit de toutes les folies, de corps et d'esprit. Amen.

D’ailleurs, ce n’est pas une fois, mais la troisième fois que je me replonge dans les enquêtes du shériff Carl Houseman dans ce trou du cul de l’Amérique (peut-être même qu’elle en a plusieurs) dans l'Iowa.


J'attends la neige, white christmas, chantonne-t-on autour d'un verre de bourbon et d'un feu de cheminée. Il fait tout de même froid, un blizzard à grêler ton visage pendant que tu planques le cul dans la neige devant cette ferme isolée.


lundi 11 mars 2019

A l’âme des Fleurs Sacrifiées


Il suffit de 3 branches, du silence et du cœur, pour faire de l'art. Mais au Japon, cet art se transforme en spiritualité. Le but de tout art n'est pas la beauté de l'aboutissement mais bien le cheminement intérieur qui aboutit à cette beauté. L'ikebana est un de ces arts ancestraux, un art qui à l'origine était pratiqué par les samouraïs. Leurs esprits se trouvaient si profondément absorbés dans l'âme des fleurs que les décisions cruciales se faisaient dans l'harmonie et la gravité nécessaire qui leurs incombaient.

« Profondément absorbée en elle-même, elle cherche à atteindre cet état d’âme où elle sera unie au cœur de la fleur ; elle sait par une longue expérience que ce n’est pas là une simple figure de style. C’est lorsque son propre cœur sera uni avec le cœur des fleurs, et par-delà, avec le cœur universel – selon l’heureuse expression d’un Maître des fleurs -, qu’elle reposera dans ce silence absolu d’où la figure surgira d’elle-même spontanément, naturellement. »

Le ciel, l'homme, la terre. 3 éléments à relier pour en trouver l'essence de la vie. Et pour cela un maître, le maître des fleurs, pour transmettre son message, son aura.
De la patience, beaucoup de patience, prendre son temps pour trouver l'harmonie, pour comprendre la fleur. Pour vivre simplement. Savoir attendre le moment. C'est l'essence même de la vie, de l'amour.
Du silence, beaucoup de silence. Parce que c'est à travers le silence que parle le cœur. Et la vie, et l'harmonie, c'est juste une histoire de cœur à cœur. L'amour aussi.



lundi 4 mars 2019

A Shame




It's a Shame. Non, je n'ai pas honte. D'être celui que je suis, - bien que je n'en sois guère fier, mais là c'est un autre débat dans lequel je ne vais pas t'entraîner-, je correspondrai probablement jamais aux standards de cette société. Depuis des années. Et puis, il y a des années, j'écoutais Such a Shame. Une disparition, cette semaine, qui m'a frappé, un coup à la mémoire. Mark Hollis dont je ne connaissais même pas le nom, It's a Shame. Et puis, j'aime bien sa coupe de cheveux - ça compte, non, pour un chanteur ? Et ses lunettes de soleil. Talk Talk a du participé un peu aussi à mon éveil musical, malgré un nom qui ne me correspond pas du tout, Talk Talk... Mes premières heures à regarder la radio - oui, je regardais la radio. Mes premières heures à regarder le plafond de ma chambre - oui, je regardais aussi le plafond de ma chambre. J'étais, je suis dans le contemplatif, pas dans la prise de parole.  

vendredi 1 mars 2019

Le silence. Et la nuit. Et la pluie.


Une fois n’est pas coutume, je vais te dire pourquoi j’ai choisi ce livre. Un nom, tout d’abord, Einar Mar Gudmundsson, et son premier roman, « Les Anges de l’Univers », qui m’avait déjà à l’époque profondément ému, troublé, perturbé. J’avais ressenti tant de poésie dans la plume de cet auteur, malgré l’étrangeté du sujet. Puis, ce livre réédité en ce début d’année, maintenant, « Le Testament des Gouttes de Pluie », rien que le titre me met déjà en transe. Poésie du titre et funeste rêverie, je ne pouvais que y accéder. Belle couverture, ensuite, qui me fait encore plus rêvasser d’une aventure dans les landes islandaises. Je retourne la couverture et je lis que c’est un roman pour ceux qui aiment le silence, ceux qui aiment lire le silence, ceux qui savent apprécier le silence, le comprennent, le vivent. Et la pluie, aussi. Le silence, ça me connait, c’est toute ma vie, je devrais dire, des silences pas forcément compris, mais ainsi va la vie, ainsi va les émotions qui submergent et je sens dès la première page que je vais être englouti par ces silences et cette tempête qui s’annonce par la noirceur de la pluie et des nuages qui masque jusqu’à la lueur d’une lune bleue.

« Le silence.
Il est suspendu aux perles de lumière scintillante, aux appliques murales à côté de la table, aux ampoules Osram blanches comme la neige, aux abat-jour blanc crème.
Le silence.
Il joue à l'harmonium, virevolte au-dessus du petit autel de la salle à manger et dialogue avec les rideaux tout en aspirant les images pieuses à l’intérieur de leur cadre.
Le silence.
C'est un aveugle avec sa canne. Il entame un solo de batterie dans l'évier de la cuisine, tire la chasse d'eau et transforme les gouttes de pluie qui cinglent les vitres en orateurs qui, juchés dans leurs chaires comme des bosses sur un dos haussent de plus en plus la voix.
Ils haussent le ton, encore et encore jusqu'à former un chœur d'hommes à plusieurs voix tellement écrasant que même les serpillières se bouchent les oreilles.
Oui, le silence.
C'est un rêve qui renaît suspendu en l'air. »