Je la regarde, beauté endormie, délicatement posée sur les draps froissés de mon lit. Elle semble dormir à poings fermés, pendant que la lumière s’épanche sur son corps dénudé par une nuit d’amour. La respiration reposée, le souffle allégé, sa poitrine se soulève au son des tambours de mon cœur. Je sens l’odeur de café, l’odeur du soleil, l’odeur de son sexe, tous ces parfums qui flottent dans l’air et m’enivrent de si bon matin. Pendant que la cafetière fait ploc-ploc, noir avec un demi-sucre, et avant que je ne te tartine de miel, je me lance dans l’écoute de Sun Ra…
Sun Ra, une musique toujours surprenante, toujours exaltante, qui ne me laisse jamais dans l’indifférence, qui me plonge dans la chaleur envoutante d’une beauté hypnotique. Le disque s’ouvre sur un « Springtime Again » (9’16), again et encore, chaloupée vespérale, litanie érotique à la manière d’un Love Supreme du ‘Trane.
Ouvre-moi, la porte de ton sexe, je t’ouvrirai la porte du cosmos semble vouloir dire le second morceau « Door of the Cosmos » (8’59). Est-ce les ondes du soleil qui t’ont réveillée lorsque j’ai entrouvert la fenêtre ? Ou le saxo qui emplit la chambre de sa chaleur et de son âme. Âme soul, saoul de ton parfum, je garde le silence face à tant de beauté. Respire ce silence, respire cette musique qui s’écoule entre tes cuisses, comme une musique un peu funky qui voudrait s’y glisser. En douceur, au début, avant d’accélérer le rythme avec tous ces saxos rutilants.