« Peut-être aurions-nous vraiment pu rester là-haut pour toujours, et
personne ne s’en serait jamais aperçu. »
A la recherche de fraîcheur et de
plantes pour Génépi, mon regard se porte vers là-haut, vers l'infini et au-delà des nuages, des
cimes majestueuses parcourues par des bourrus locaux, des chamois ou quelques
touristes. Que vais-je bien y trouver là-haut que je n’aurais pas ici, en
bas ? Le silence, probablement. Car plus l’on monte, plus il est accepté,
probablement pour pouvoir y communier toute l’essence de son être avec celle de
la nature. L’amitié aussi. C’est dans ces hauteurs au milieu de la rocaille et
du silence que va se forger une amitié forte, et durable, espérons plus que les
neiges éternelles qui fondent à vue d’œil, entre deux gamins, un de la ville,
l’autre d’ici. Pietro et Bruno au cœur de la vallée d’Aoste. L’apprentissage de
la vie, la vie de son père aussi.
« En montant, j’aimais m’arrêter une minute au bord du lac. Je me
penchais pour caresser l’eau et en sentir la température au contact de ma peau.
Le soleil, qui illuminait les cimes du Grenon, n’était pas encore arrivé jusque
dans la vallée, et le lac gardait une qualité nocturne, comme le ciel quand il
ne fait plus noir et que le jour tarde à venir. Je ne me rappelais plus très
bien les raisons qui m’avaient fait m’éloigner de la montagne, ni ce que
j’avais aimé d’autre quand je ne l’avais plus aimée elle, mais j’avais
l’impression, en la remontant chaque matin en solitaire, que nous faisions
lentement la paix. »