De la poussière, des poils et des litres de bières, de bourbon et de vodka à l'herbe de bisons...
dimanche 27 février 2022
Le Fleuve Est Plus Noir Que La Nuit
mercredi 23 février 2022
Les Amourettes du Mont Daisen
J’annonce le menu : salade, riz, soupe de miso aux champignons, sukiyaki. Un mochi pour finir le saké. Maladroit, je renverse le pot de cure-dents en fermant mon bouquin où il fait bon vivre au pied du mont Daisen. Je suis loin de l’effervescence des grandes villes, je veux du calme, je veux du ciel bleu avec sa lune et des vagues qui lèchent lentement le bord de la plage. Zenitude, je me complais dans ce silence qui entoure ce triste moment où le verre se vide, où la dernière page se tourne, où je respire ce parfum de jasmin une dernière fois… Je reprends mes esprits, c’est du muguet, la fleur du mois de mai, joli mois de mai, le mois où les couples se font, se défont et se fondent sous le son de ces clochettes au parfum aussi entêtant que celui de l’amour.
- Le suzuran s'appelle « Lily of the valley » en anglais, et « muguet » en français.
- Comment connais-tu ces mots étrangers ?
- Par grand-mère.
- Vraiment ?
Il hoche la tête et ajoute :
- Ah, il y a un autre mot en français : « amourette ». »
mardi 15 février 2022
Il était une fois... Un Loup et Paloma
« Il était une fois, donc, dans ce pays, un garçon que sa mère a appelé Loup. Elle pensait que ce prénom lui donnerait des forces, de la chance, une autorité naturelle, mais comment pouvait-elle savoir que ce garçon allait être le plus doux et le plus étrange des fils, que telle une bête sauvage il finirait par être attrapé et c’est dans le fourgon de police qu’il est, là, maintenant, une fois cette page tournée. »
Il était une fois un conte sans princesse mais avec un Loup. Mais je te raconte l’histoire d’une colombe, Paloma, qui vola seule de ses propres ailes – note personnelle, de mon esprit lubrique, je regarde encore la beauté de ses plumes pubiens, Paloma l’effet que me fait ce prénom à la moiteur bandante. Aussi, plus qu’un conte, c’est une légende, celle d’un Phénix qui renait des flammes de la tristesse et de la solitude.
Phénix, la mère, Paloma, la fille, Loup, le fils. Et pour commencer un poème de Verlaine :
Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.
lundi 14 février 2022
Une Caresse
Night Nurse à la radio.
Une musique tendre qui donne la chair de poule, comme une caresse.
Hier tu m’as fait l’amour et j’ai pleuré.
Evains Wêche.
Love Supreme sur la platine.
Des étoiles, le sourire d'une belle argentine.
il caresse de son regard triste les courbes de la lune bleue.
vendredi 11 février 2022
Rue de la Canne à Sucre
« Quand je descends en ville, je suis toujours impressionnée. On n'explique pas Port-au-Prince. On vit Port-au-Prince. Je n'ai jamais vu quelqu'un s'habituer à cette ville, elle impressionne toujours. Pour moi, Port-au-Prince est un cri de douleur. L'accouchement de la vie y est un film d'horreur où les acteurs croient que tout est normal. Comment dire Port-au-Prince ? »
Carrefour, quartier pauvre de Port-au-Prince. C’est là que j’ai posé mon barda, un vent de poussière en terre haïtienne. Du bruit, des odeurs et des hommes et femmes qui brassent. Ils brassent du béton, ils brassent l’air, ils brassent la vie et la ville, du matin au coucher de soleil, ce rond d’un orange flamboyant qui plonge dans le bleu amer de la mer. Des bus colorés sur des routes déglinguées klaxonnent leur humeur, moi je rêve d’être brasseur. Eux, cette mère, ce père, ne prennent même plus le temps de rêver. A quoi ça leur servirait dans ce quartier ?
Tour à tour, ils prennent la parole, se faisant narrateurs de leur histoire, de leur ville, te fais pas de bile, je m’assois dans la poussière, chaleur humide et bibine tempérée. J’aperçois cette misère, qui rime peut-être avec bière. Je comprends ce dilemme, chargé d’une lourde peine. Ils ont l’impression de s’être trahis, dans la pauvreté de cette vie, d’avoir vendu leur âme au diable, alors que certains traversent la mer jusqu’à la côte où poussent des érables à la place des palmiers. Un cri de douleur envahit les ruelles sales et boueuses. Le leur, celui d’une mère, celui d’un père, de tout un peuple devant l’impuissance de leur vie, devant la « lâcheté » de leur âme. Carrefour en reggae.
jeudi 3 février 2022
Rouge
Sujet plus
léger : l’apparition du monokini sur les plages. Certaines femmes le
pratiquent même à la piscine où un coin leur est réservé afin de ne pas choquer
les enfants. Les adeptes se multiplient et revendiquent fièrement cet acte de liberté :
« Pour éviter les marques de maillots et aussi parce que nous nous sentons
plus à l’aise. Nous avons fait sauter notre carcan ! » A
Saint-Tropez, terre d’insolence, c’est carrément le string qui sera à la mode
cet été. Voilà le genre d’informations que les journaux développent quand ils
n’ont rien à raconter. »