lundi 30 avril 2018

Un été italien

 

Des rivières d'une eau froide pour tempérer les ardeurs, des lacs où s'encanaillent la bourgeoisie italienne, de la verdure pour des balades en bicyclettes d'un autre âge. Revenu le temps d'un film dans les années 80, avec pour thème principal de ce film, la passion et l'adolescence.


Le film s'étire en langueur comme je m'étire encore couché dans mon lit. J'espère le soleil venu frapper aux carreaux de ma fenêtre, lorsque j'ouvrirai les volets pour découvrir son corps nu. Quelle est belle cette langueur teintée d'une douce mélancolie.

 

Elio a 17 ans, lunettes de soleil au bord de la piscine, walk-man à cassettes, il glandouille en écrivant sa musique et en espérant se taper enfin sa copine, encore prude, question d'époque. Il a tout l'air d'une tête à claque avec sa façon de tout savoir sur tout, mais pourtant le courant passe bien. Courant de la rivière qui vient des montagnes, un bien fou que ces bains d'eau glacée.

mardi 24 avril 2018

Like a King

Toutes les télévisions sont braquées sur le procès de Rodney King, cet afro-américain passé à tabac par quatre policiers blancs, filmé par une vidéo amateur, neuf minutes et vingt secondes de massacre et de honte. Quelques mois avant, un autre procès qui vit cette vieille coréenne condamnée à une amende pour avoir tué une autre adolescente noire lui ayant volé une bouteille de jus d'orange. Bien entendu, les policiers seront acquittés, il a été bien sûr prouvé que c'est la tête de Rodney qui est venu se fracasser contre la matraque du policier. C'est ainsi que démarre le film, et les émeutes de Los Angeles qui s'ouvrent sur une ville en feux, des habitants habités par la rage, la haine, la peur.

Dans ce contexte, Millie, mère courage interprétée par Halle Berry, tente d'élever ses enfants et ceux qu'elles recueillent, par compassion et amour. Une ribambelle de gamins trimballée entre l'amour d'une femme et un quartier laissé à l'abandon. 
Du bruit, de la musique, des rires, la jeunesse s'emporte dans cette petite maison, trop petite pour cette grande famille. Au grand désespoir de cet homme, qui se considère comme le seul blanc du coin, personnage au début borné et presque désagréable, est-il raciste ou exaspéré, grand Daniel Craig dans un registre différent, qui en devient au final attachant et d'une âme aussi généreuse que Millie.

jeudi 12 avril 2018

La Voix du Violon, le Silence de Venise

Venise, un songe posé sur la mer. J’entends les notes de violon surgir des méandres des canaux encore illuminés par le clair de lune. Certains t’affirmeront que la musique du violoncelle s’apparente à la voix humaine. Maxence Fermine, ou son héros malheureux, Johannes, blessé lors d’une invasion barbare et napoléonienne, aussi bruyante qu’un concert de métal, penche pour les quatre cordes du violon. Son violon est une voix, une voie intérieure qui te submerge tel un raz-de-marée venu déverser son flot azuréen. Johannes se penche, s’épanche, d’un amour infime, ultime, passionnel, pour son instrument. Un virtuose du violon.   

Venise est frappée de silence autant que de stupeur en cette année 1797. Johannes s’y arrête, les ordres. Même musicien, l’obéissance à un général comme à un chef d’orchestre. Mais là, ironie du destin ou chemin croisé de deux âmes, une rencontre bouleversera sa vie, comme toutes les rencontres inattendues. Il loge dans la maison la plus petite, la plus fragile de la cité, celle d’Erasmus au passé troublant. Une histoire à raconter. Cela tombe bien, j’ai le temps de la lire, un verre à la main, une musique de Vivaldi…

lundi 9 avril 2018

Sam, t'es où, câlisse ?

« Un dernier coup d'œil à la ruelle, à la lune, au ciel pas d'étoiles, à une poutre au plafond.
« Anyway, je suis mort déjà. »

Un dernier coup d’œil à la ruelle éclairée par une lune pâle. Le plafond est bas, les nuages imposent leur chaleur ouatée. Je lève les yeux au ciel, espérant y retrouver malgré tout le bleuté de la lune. Mythique. La lune et une étoile qui brille dans le ciel, dans le cœur, au plus profond de mon âme. Sauvage. Un cri dans la nuit. Bestial. La bête rôde, un loup ? Non. Juste un chien qui clame sa solitude la nuit, comme un loup le ferait pour retrouver sa meute. Sam. Sauf que Sam n’a pas de meute, un chien solitaire, un chien SDF, un chien de SDF.

Des ivrognes gerbent sur le trottoir. Pourtant la soirée est encore jeune. De la musique stellaire braille sa mélancolie à l’intérieur des vieux juke-box d’un bar où les habitués s’endorment sur le comptoir quand ce n’est pas dans le caniveau. Un être perdu, une âme en peine. Il crie lui-aussi. Sa peine, sa solitude. Sa peur surtout. Il a perdu son compagnon, son être cher, son chien Sam. Il vit dans la rue. Sam le maintient en vie. Une grosse boule de poil pour se lover contre. Que va-t-il devenir, câlisse, sans son chien. Sans Sam.

jeudi 5 avril 2018

Damo Suzuki, un Nikka Whisky et une Piqûre

Il faut ne plus avoir du tout confiance en soi, ou être au fond d’un puits sans fond, sans corde ou sans échelle, pour oser pénétrer l’antre de cette clinique privée. Le parking est désert, aucun passant aucune bicyclette non plus, l’heure est à la discrétion, seule une Porsche rutilante d'une couleur caca d’oie trône majestueusement sur un emplacement réservé aux médecins, je ne cesse de regarder derrière moi et mon épaule, voir si je suis suivi. Par qui ?, par une horde de groupies qui me prendrait probablement pour un chanteur de J-pop, pour une star de la télévision des émissions de Beat Takeshi, voir pour Damo Suzuki lui-même ? Personne à l'horizon, même la lune se cache alors que le soleil s'est déjà enfoui dans les draps bleus sombres et rêches de la nuit. Quelques marches d'escalier, j’ouvre les portes battantes, me dirige directement au sous-sol, le service psychiatrique. Serais-je devenu fou ?

Et c’est là que je croise ce type, dans le genre gras double avec sourire gras et peau grasse. Une baleine dégoûtante sortie de l’antre des océans mythiques avec deux pattes, nettement trop courtes pour supporter sa bedaine graisseuse. Suis-je dans un cauchemar à demi-éveillé ou dans un manga de gare et de mauvais goût ? Une piqûre d’entrée de jeu, sans même demander mon consentement. « Ichirô Irabu, docteur en médecine », disait le badge accroché sur sa blouse blanche. Médecin dans le genre fétichiste de la piqûre. Par contre, son infirmière qui croise ses jambes, magnifiques longues paires de jambes masquées à peine par sa mini-blouse d’infirmière… Je décide de revenir demain. Je ne sais pas pourquoi, la piqûre, la bonhomie du bonhomme ou l’infirmière. C’est comme si un contrat de confiance s’était installé entre nous.