mardi 13 août 2019

Une Fleur de Camélia


« Mon existence même est peut-être une erreur dès le départ. »

Je m’avance sur le sable, le soleil couchant illumine les vagues venues s’échouer à mes pieds. Le regard porté sur l’horizon, les souvenirs tentent de remonter à la surface. Elle vient de perdre sa mère, quelques cartons et une vie antérieure se dépoussière. De ces cartons échoués dans son appartement, beaucoup d’interrogations relatives à sa mère adoptive surgissent du passé. Et comment ne pas douter de sa propre existence lorsque l’on ne sait pas les raisons d’un abandon dans un orphelinat là où ce même soleil est en train de se lever, à l’autre bout de l’océan Pacifique, là-même où d’autres vagues, peut-être les mêmes s’échouent sur le rivage de la Corée.

Elle s’appelle Camilla, comme les fleurs de Camélias. Une photo sur laquelle posent deux personnes, elle et sa mère, devant un massif de camélias. A vingt et un ans, elle a besoin de connaître la vérité sur son histoire, sa mère sa naissance. Et ce n’est qu’en foulant la Corée qu’elle pourra trouver un semblant de réponse. Parce que toutes les histoires sont différentes…

« Sans réfléchir, j’ai lu à haute voix le poème Comme le vent qui s’en va après avoir rencontré la fleur de lotus :
Ayons des regrets
Mais pas trop,
Juste un peu.

Séparons-nous,
Mais pas pour toujours,
Espérons nous retrouver,
Même dans l’au-delà.

Pas comme le vent,
Qui vient à la rencontre de la fleur de lotus,
Mais comme le vent
Qui s’en va après l’avoir rencontrée…

Pas comme le vent
Qui s’en va
Après l’avoir rencontrée avant-hier,
Mais comme le vent
Qui s’en va,
Après l’avoir rencontrée deux saisons plus tôt. »

La première partie du roman centrée autour de Camilla, cette fleur de camélias échouée sur la côte des States, est un mélange de poésie et d’onirisme. La plume est belle, envoutante. Elle m’a capté par son histoire, par ses mots. L’histoire se poursuit ensuite, Camilla se retrouve en retrait, les rumeurs, les actes irréversibles, la réalité beaucoup moins belle que l’onirisme du début, je me suis trouvé moi également en retrait, comme un peu perdu sur cette nouvelle terre, ces nouveaux noms (si tout le monde s’appellerait Kim, ça serait plus simple, tout de même), mais peu importe puisque le rôle de la mer est de faire des vagues. 

Et puis, j’adore le titre de certains chapitres aussi poétiques que mystérieux :
-       Un poisson couleur aurore, dans la mer, sous un clair de lune bleue
-       Tantôt des pommes, tantôt de petites lanternes
-       Le mot paix… le mot douleur
-       La bibliothèque au fond de la mer
-       Combien de temps la nuit et le jour doivent-ils rester enlacés pour ne faire plus qu’un ?

« Si le Rôle de la Mer est de faire des Vagues », Kim Yeon-Su.
Traduction : Lim Yeong-hee et Mélanie Basnel.





« Si le rôle de la mer est de faire des vagues, mon rôle à moi est de penser à toi. Depuis que nous avons été séparés, je ne t’ai jamais oubliée, pas même un seul jour. »

12 commentaires:

  1. Merci encore infiniment...
    Très beau morceau et jolie pianiste coréenne que je ne connaissais pas ;-)

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    1. Parce qu'il n'y a pas que HJ Lim comme pianiste coréenne :-)

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    2. ;-)
      Mais je crois que je préfère sa passion et sa fougue, à elle, quand elle joue....

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    3. je la connais moins, je l'ai découvert par hasard en recherchant... HJ Lim...

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  2. J'aime beaucoup les extraits que tu cites, les titres effectivement sont magnifiques et comme je comprends que ce livre ait pu toucher Rabanne <3 et pas que ! Je le note oooohhh oui !

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  3. Magnifiques extraits... surtout le dernier...

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    1. L'un des plus beaux, si beau que je l'apprendrais par cœur, même si je ne pourrais le ressortir...

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  4. "Et comment ne pas douter de sa propre existence lorsque l’on ne sait pas les raisons d’un abandon..."
    Tellement fort et tellement triste...
    Il a l'air très beau ce livre.

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    1. Très beau par moment, mais pour moi, le changement de narrateurs en cours de lecture pertube plus mes impressions...

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  5. « Si le rôle de la Mer est de faire des Vagues »..... un titre qui me touche déjà passionnément...
    Auquel s’ajoute le sable chaud et le soleil couchant, le désir irrépressible de retourner vers ses racines, de connaître la mer, une mère... alors je craque... j’ai envie de connaître, de fouler cette terre de souvenirs qui me rend nostalgique de ma propre mer, mère...
    Nostalgie...
    Cette pianiste est superbe, je demande à découvrir...

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    1. moi, je demande à découvrir toutes les jolies pianistes :-)

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